J'apprends ce jour par un gros titre du MONDE.FR que M. Guéant projette d'exiger des candidats à la nationalité française la maîtrise de la langue. L'histoire ne dit pas (encore) si une insuffisance dans ce domaine pourrait faire courir le risque de retrait de ladite nationalité. Je sais, l'hypothèse est absurde voire malveillante. Je suis pris en flagrant délit de procès d'intention. Eh oui ! Et le pire, c'est que ça m'amuse. Mais il n'y a pas si longtemps (un an à peine), on parlait de retirer la nationalité à certains naturalisés récents. Il est vrai que le projet —celui-là et tant d'autres— a été abandonné depuis.
Si tel était le cas, on se prend à rêver : quel degré de maîtrise de la langue doit-on exiger d'un citoyen ? A partir de quel niveau de grammaire peut-on être "honoré du titre de citoyen", comme on disait à l'époque héroïque de la Grande Révolution ? Si l'on prend en compte tous les particularismes locaux, en 1789, il aurait fallu retirer la nationalité française à un bon 80% de la population. Et moi qui croyais que le nation, c'était justement l'union consentie de personnes diverses ayant décidé de vivre ensemble.
En tout cas, si ce projet aboutissait, nombre de dirigeants actuels auraient du souci à se faire. Je ne suis pas sûr en effet qu'au plus haut sommet de l'Etat, la maîtrise de la langue soit la règle...