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« Le nom de Pierre Mauroy restera au moins pour deux raisons : il aura été le dernier « dinosaure » socialiste, avant l’hégémonie des technocrates et des comptables, mais il aura aussi été, en 1983, l’homme d’une rupture dont on mesure aujourd’hui les effets. […] C’est le paradoxe de la carrière politique de l’ancien maire de Lille. Enfant du Front populaire, il a été le dernier à incarner la vraie tradition sociale-démocrate à la française. Du socialiste à l’ancienne, il avait l’art oratoire un rien désuet, lyrique et affectif. […] Pierre Mauroy était un réformiste au sens vrai du mot, par opposition aux courants communistes et révolutionnaires. […] Mais, deux ans plus tard, il est l’homme du choix libéral, ouvrant involontairement la porte aux technocrates et aux comptables. L’héritier de Léon Blum devient l’ancêtre de François Hollande. […] Car le tournant de la rigueur de l’été 1983, c’est lui. Cette cassure dans la tradition socialiste, il l’a incarnée et assumée. Évidemment, la question de savoir si Pierre Mauroy pouvait agir différemment nous est toujours posée aujourd’hui. Pouvait-il résister à la pression de la doxa européenne ? Pouvait-il éviter de faire de l’Europe un faux idéal de substitution ? François Hollande a donc beau jeu d’invoquer cette personnalité du mouvement socialiste pour justifier sa propre politique d’austérité. »