« Il n’est pas facile en France de parler des révolutions arabes sans y mêler des débats qui traversent notre société. Les différences sont d’autant moins acceptées que la proximité est grande. Nous avons tous tendance à projeter sur ces pays en ébullition des rêves que nous sommes bien en peine de réaliser chez nous. Un an et demi après le début du soulèvement tunisien, qui a eu l’effet de contagion que l’on sait, il faudrait déjà que ces vastes mouvements de l’histoire aient dit leur dernier mot. Et il faudrait que leur dernier mot soit le nôtre, impeccablement laïque et « moderne », selon les critères occidentaux. Et comme ce n’est pas exactement l’image que nous renvoie la situation, nous condamnons, ou nous portons des jugements, à tout le moins hâtifs. […] Les révolutions arabes, décidément, ne collent pas avec nos préjugés et nos représentations. […] Entre fantasmes anti-musulmans, nostalgie inavouable des dictatures, et conception éternellement coloniale, nous avons décidément du mal à penser les révolutions arabes. Pour l’heure, la Tunisie, l’Égypte et la Libye ont en commun d’avoir chassé un dictateur, et de s’être engagées dans un processus démocratique qui commence par des élections. Si ce processus n’est pas remis en cause, la grande question sera de savoir quel type de société s’installe ensuite dans un environnement qui, de toute façon, ne sera pas Saint-Germain-des-Prés. »
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