Le temps est exceptionnellement chaud, presque étouffant dès 8h du matin place Dauphine jeudi 22 octobre. Sur les pavés, les militants sont déployés impecccablement. Bannières, tenues, attitudes, la scène est parfaitement composée. Prête à être instragramisée, twittée, broadcastée.
Les 6 décrocheurs sont là. Les jeunes militants écologistes avaient dérobé trois portraits présidentiels dans les mairies des IIIe, IVe et Ve arrondissements de la capitale les 21 et 28 février 2019, dans le cadre d'une campagne nationale "Décrochons Macron", menée par le mouvement Action non-violente COP21 (ANV-COP21). Ils avaient été condamnés à 500 euros d'amende en première instance.
Cecile Duflot, présidente de l’ONG Oxfam et ancienne ministre de l’écologie est présente aussi. Elle intervient à la conférence de presse, mais aussi en tant que témoin au procès. « Le COVID nous montre que nous pouvons vivre collectivement une expérience de terrien » nous confie-t’elle avant de terminer un tweet en direct de son smartphone. « Cela va déboucher sur une nouvelle mobilisation de la société civile au niveau mondial. Des pays bougent. Même la Chine ».
Direction la salle d’audience. La police a peur d’une nouvelle action militante. Alors elle nasse. Seuls les prévenus et leurs témoins peuvent rejoindre le tribunal. L’audience est publique pourtant. On passera quand même.
Devant le tribunal, les prévenus ont parfaitement coordonné leur discours. Mais à la barre chacun est seul. Il faut gérer tout ce stress. « La boule au ventre » confie Pauline Boyer du collectif Alternatiba. Tous racontent comment ils ont pris conscience de l’urgence climatique. Comment ils ont commencé à se mobiliser sans succès : interpellation des élus, organisation de conférences, … Comment ils ont constaté l’inefficacité des méthodes classiques. « On agit par désespoir ».
Le climatologue Jean-Pascal van Ypersele témoigne. Vice-président du GIEC de 2008 à 2015, rien de moins. Le professeur à l’université de Louvain décrit cliniquement le sombre avenir de la planète et de l’humanité si les émissions de CO2 restent au même niveau. « Les scientifiques sont des vigies. Ceux qui les soutiennent, ce sont les jeunes. Je leur dis merci ».
Dans la salle, Manon Aubry approche à petits pas. Elle s’assoie discrètement. Elle ne cherche pas à être instagramisée. Ni tweetée. Juste être là. En soutien. « Ici, c’est l’histoire qui s’écrit en direct peut-être « lâche-t’elle avant de partir aussi discrètement qu’elle est venue. Le vrai enjeu de ce combat est là : quand le pouvoir exécutif est défaillant, le pouvoir judiciaire peut tenir son rôle » lance Cécile Duflot à la présidente de la cour d’appel.
Décision le 10 décembre



