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Billet de blog 7 janvier 2019

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Parbode n°131, Mars 2017. Vilain vilain.

Traduction d'article de Parbode, Journal mensuel d'analyse et d'information au Suriname. Parbode n°131, Mars 2017. Vilain vilain. Menno Marrenga. Aventures sur le haut Suriname.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C’est les vacances et le cousin de Guyane française est au village . Il est plus vieux que Stanga et déjà plus au fait du monde. Mais le village, c’est le territoire de Stanga. Les deux jeunes ont donc un conflit de hiérarchie. Il faut régler ça. Pour ce faire, Stanga emmène son cousin dans mon atelier

Mon atelier fait partie du village, mais il n’y a pas de mamans dans les parages. Stanga est donc seul maître et peut le prouver en faisant tout ce qu’il n’a pas le droit de faire.

À l’arrivée des deux jeunes, je suis occupé à monter un support de burin sur l’étau-lime. Passons les détails techniques : l’étau-lime est un appareil qui fait un bruit infernal et en impose. Le cousin est impressionné et reconnaît sans conteste la supériorité de Stanga. Ce dernier peut donc commencer à faire le malin.

L’étau-lime est à moitié automatisé. Je dois de temps à autre donner un coup de manivelle, c’est tout. Entre temps, je jette un œil sur les deux jeunes.

Je laisse faire Stanga. Il imagine tout un tas d’activité, dont :

1° serrer aussi fort que possible l’étau et taper à l’aide d’une lime sur la poignée pour serrer encore plus fort.

2° Mettre les doigts dans l’étau-lime et faire une grimace de souffrance.

3° Tirer à la catapulte sur les chauve souris du toit.

4° écraser les chauve souris atteintes dans l’étau.

5° écraser la poignée de l’étau.

6° découvrir que les copeaux de l’étau-lime sont brûlants et demander au cousin de les ramasser

7° placer le seau d’eau de rinçage où un grenouille s’ébat sous l’étau-lime de manière à ce que les copeaux brûlant tombent sur la dite grenouilles.

8° pendre des chaises au crochet du treuil pour ensuite monter dessus.

9° couper les bambous au couteau de cuisine.

10° faire tourner aussi vite que possible la meuleuse.

11° approcher les doigts de la meuleuse en mouvement.

12° approcher des fils de cuivre sur le meuleuse en mouvement.

13° mélanger les boulons M3 et M4 auparavant soigneusement rangés dans des boites séparées.

14° dévisser tout les bocaux à couvercle et les bouchons à vis pour ensuite les resserrer avec autant de force que possible.

Moins je me mêle de leur conflit de hiérarchie, mieux cela semble se passer. Je laisse donc lime et pierre à aiguiser à leurs tristes destinées et en hérite un bazar hors d’usage. Je ne prends que la défense des chauves-souris : qu’au moins les pauvres bestioles soient achevées avant d’être écrasées. Mais ce n’est en rien un problème : exécuter, c’est rigolo.

Je garde le bric à brac hors d’usage pour les enfants et toutes les générations qui en ont fait leur petites voitures et leurs petits jouets Mais les petits jeux de Stanga ne sont pas constructifs. Ils semblent simplement destinés à détruire le plus possible. Il ne me serait jamais venu à l’esprit de passer des fils de cuivre à la meuleuse ou de serrer une lime à l’étau. Qui peut bien imaginer ce genre de chose ? Ces jeunes démoliraient ils mes outils à plaisir ? Dans le but de me provoquer ? Je ne le pense pas. Je ne suis d’aucun intérêt dans leur conflit hiérarchique. Je ne suis qu’un accessoire dans ce jeu, tout comme la lime, la grenouille ou les chauves-souris.

Ces jeunes n’ont simplement pas de père techniquement qualifiés, capables de leur expliquer qu’un acier dur est fragile et casse facilement. C’est pour cela que les machettes sont faites dans un métal plus mou. Leurs père coupent également des bambous au couteau de cuisine. Si le couteau casse, ils haussent les épaules et soupirent : camelote chinoise.

Menno Marrenga

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