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Billet de blog 10 janvier 2019

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Parbode 131, Mars 2017. Ce que nous partageons.

Traduction d'article de Parbode, Journal mensuel d'analyse et d'information au Suriname. Parbode n°131, Mars 2017. Ce que nous partageons. Lors des grèves de Guyane français en 2017, des évènements avaient également lieu au Suriname.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Avant que la guerre civile n’atteigne son sommet en Syrie, j’avais lu ce slogan écrit sur une pancarte d’une manifestation d’opposition : « Rien n’est plus important que de punir Bashar al-Assad ! ».

Le dégoût à l’encontre du dictateur était primordial, au vu de la répression sans limite et des graves violations des droits de l’homme. Mais je ne trouvais pas tout à fait compréhensible la subordination de tout le reste à la punition d’un dirigeant. C’était un slogan de colère, non de sagesse. Il n’est pas si difficile de nommer des intérêts et des valeurs plus important que la punition de celui-ci ou celle là. Par exemple le développement d’un enfant dans la paix.

Qui lit cela comme un plaidoyer pour l’impunité ne me comprend pas. La lutte est utile, mais si les meneurs se perdent dans le conflit alors le courage se transforme en témérité. Et quand les intérêts collectifs sont perdus de vue, la terreur peut devenir le destin du peuple.

Les pays connaissant un succès social et économique sont reconnaissables à une compréhension publique et administrative, résolvant les conflits sociaux dans la paix ou les canalisant. Cette compréhension est basée sur la conception que ceux qui ont des conflits d’intérêt comme les gens, les concitoyens, les plus vieux, partagent des intérêts partagés et commun. Les pays qui réussissent maîtrisent l’art des solutions gagnant gagnant. Ils ne vivent pas le compromis comme une humiliation mais comme une forme nécessaire d’intégration par les différents intérêts et souhaits en cours. Ils maîtrisent l’art de l’écoute dans une perspective plurielle. Pas de meilleur environnement pour un développement social, culturel et économique qu’une paix durable.

Institutions démocratiques

Dans une dictature, le pouvoir est basé sur la violence. Les lois et institutions sont imposés. La légitimité du pouvoir en place est en permanence sujette à caution. Dans une démocratie, ce que nous partageons est la forme donnée aux institutions publiques, la base des accords. Généralement, c’est inclut dans la constitution d’un pays : droits de l’homme, droit de vote, et institutions démocratiques. Mais cela ne garantit pas tout : la démocratie est un travail d’être humain.

Lorsque des leaders et des dirigeants se moquent de la démocratie et abusent de leur pouvoir, alors la constitution devient une façade. Une véritable démocratie est un processus factuel , pas une farce.

Avec des souffrances humaines inutiles, une régression économique, un départ massif des cadres et une misère sociale alarmante, le Suriname a payé un lourd tribut aux coups d’état, aux graves violations des droits de l’homme, à l’impunité et à la méga corruption.

Les leaders autoproclamés responsables, quand ils ne sont pas dans une tenue militaire, démontrent un irrespect pour ce que nous partageons. Leurs intérêts égocentriques prévalent sur ceux des institutions représentant ce que nous partageons. La société est déchirée et isolée internationalement. Nous nous sentons en fraternité avec des société aux états corrompus et dictatoriaux, comme la Guinée équatoriale et le Vénézuela. Les institutions corrompues ne nourrissent personne, elles parasitent. Seuls les naïfs sont surpris par les crises actuelles et l’appauvrissement dramatique du Suriname et de la majorité de sa population. Quand la loi et le gouvernance sont gérés pour préserver le président des actions pénales pour meurtre de masse, alors le sommet est atteint.

Finalement, une opposition constructive ?

Lors de son message de bonne année, le leader d’opposition et ancien ministre de la justice et de la police Chan Santokhi a appelé à des manifestations nationales pour en finir avec le régime de Bouterse. « Le régime, c’est la crise ». Il a appelé à l’union de toutes les forces d’opposition, à l’intérieur comme à l’extérieur du parlement.

Son partisan, l’ancien commissaire de police Krishna Mathoera, a montré en chiffres que le trafic de cocaïne a plus que quadruplé au cours de l’année précédente. Ils accusent le pouvoir de facilitation. Comme tout le monde le sait, Bouterse est condamné en cassation aux Pays bas pour trafic de stupéfiant. Même après la prononciation de l’immunité de la présidence, il n’a jamais osé, après sa condamnation, se rendre aux Pays bas.

Fin 2017 semble avoir mis fin à environ 6 mois de construction d’une opposition constructive. Le maintien du régime ne semble pas être contesté par l’opposition. Les critiques avaient été combinées à des d’exemple d’actions constructives et des propositions d’aide. Le régime a laissé passer une chance en or en ne prenant pas au sérieux et en compte la position coopérative de l’opposition. L’appel à la démission du président- suspect principal Bouterse, remonte à bien avant 2017.

Les groupe d’action We zijn moe(dig) ( ndt : jeu de mot entre nous sommes fatigués et nous sommes courageux) et plus tard le collectif citoyens ont mené plusieurs manifestations pour faire connaître leur accusation à l’encontre du régime corrompu et pour la démission du gouvernement.

Bien qu’ils ne paraissent que de dizaine jusqu’à peut être une centaine de manifestants, leur base social est bien plus importante. Selon un sondage d’opinion sur le grand Paramaribo, de L’ONG

Formation de cadre et recherche au Suriname (NIKOS) une grande majorité des personnes interrogées soutiennent la lutte de We zijn moe(dig). Bouterse ne peut compter que sur 16 % de soutien.

Ce que nous partageons.

Il semble y avoir un décalage entre le large mécontentement social et la capacité à exprimer ce mécontentement en acte, via des manifestations. Une explication possible se trouve dans la destruction des classes moyennes et travailleuses, en raison du ralentissement de l’économie.

Une grande partie de la population est employée par l’état, et donc dépendante. Beaucoup sont sous l’emprise d’une culture de patronage et d’une intimidation violette. Les retournements d’opposants politiques sont une expression de cette relation de dépendance. La peur du pain est un fossoyeur efficace de la liberté d’opinion, de critique et de manifestation.

Pourtant, à cause du trésor publique vide, le régime est incapable de payer ses devoirs envers les enseignants, les hôpitaux et autres services, malgré les emprunts. À plusieurs reprises, il n’a pu tenir ses promesses. La crise politique amène une perte de crédibilité comme d’autorité. Bien qu’ils essayent d’enrayer, de prévenir de manifestations fiévreuses, leur pions sont limités.

L’annonce de Santokhi, de mettre en place que en tant qu’opposant politique une unité et une coopération à l’intérieur d’un large mouvement d’opposition qu’il annonce comme sa responsabilité, amène attentes et espoirs. L’envie de voir des changements dans la situation actuelle est immense. La combinaison de désir de changement, de perte de base, d’influence du régime d’une part, et d’unification des organisations d’oppositions et sociales d’autre part peut mener pour cette nouvelle année à de larges formes collectives d’expression de la volonté.

Le développement d’un programme et de stratégie de manifestations nationales demande expressément une attention à ce que nous partageons, un renouvellement et une construction

d’institutions de droits et démocratiques pour renouveler la confiance de la société et une morale publique. Voilà qui transcendera la dichotomie eux-nous.

Et tous les compatriotes pourront clairement percevoir qu’une place peut être faite à l’être humain uniquement dans un pays ayant un mode de gouvernance correct, un respect pour les droits de l’homme et une indépendance du pouvoir judiciaire. Il n’est d’ailleurs pas si difficile de voir que le Suriname a besoin d’un confiance dans une direction publique pour sortir de la crise. « Redistribution » N’es rien d’autre qu’une énième manœuvre de « a no mi » (c’est pas moi)

Nous visons au 21ème siècle, mais nous reste sur les bras un héritage funeste, anti démocratique, avec un discrédit international des années 80 du leader de la division. Il est grand temps, pour les nouvelles générations en vue de satisfaire aux intérêts et les aspirations publiques et écologiques, qu’enfin nous dirigions nos énergies sur ce que nous partageons.

Théo Para

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