Javouhey, 2017/2018. C’était un enfant souriant au début et très vite, la situation est devenue ingérable en classe. Il était en 6ème, mais c’était la première fois de sa vie qu’il allait à l’école. Il ne parlait pas français, ne savait ni lire ni écrire. On ne savait pas très bien son âge, mais au vu de son niveau, on l’avait mis en 6ème générale. Et comme l’établissement ne disposait pas de section adaptée à la problématique pourtant courante, on l’avait mis en général. Évidemment, il ne comprenait absolument rien à ce qui se passait.
Que s’est-il passé jusqu’à ses 11 ans (ou 12 ans? 13Ans ?) ? On ne sait pas très bien.
On a cependant une vague idée. Ce n’est pas systématique, mais il arrive que l’école soit vue comme secondaire. On préférera le travail salarié ou rentable à l’éducation. Un enfant reste pour aider aux tâches ménagères, la lessive, le ménage, la vaisselle.
Il suffit de se promener sur le marché de Saint Laurent pour s’en rendre compte. On retrouve des élèves absentéistes sur le marché à tenir des stands. Ils savent vendre des légumes et travailler, tout simplement à 14 ans. Par contre, lire, écrire et parler français, c’est plus difficile. Et tout le monde le sait.
Mais le travail n’est pas forcément salarié. Dans certaines cultures, le passage entre enfance et adulte est rapide. Les enfants ont déjà des responsabilités d’adultes. Les filles ont des enfants très tôt. Alors, on peut envoyer les enfants travailler : faire la vaisselle dans la crique (la crique= la rivière) ou dans le fleuve, travailler à l’abatis. Les jeunes de 15 ans ont déjà des carrures d’ouvrier agricole. Et pour cause, travailler à l’abattis, c’est physique.
« Déclaration des droits de l’enfant, 20/10/1959
Principe 7
L’enfant a droit à une éducation qui doit être gratuite et obligatoire au moins aux niveaux élémentaires. Il doit bénéficier d’une éducation qui contribue à sa culture générale et lui permette, dans des conditions d’égalité de chances, de développer ses facultés, son jugement personnel et son sens des responsabilités morales et sociales, et de devenir un membre utile de la société. »
T Boyer