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Billet de blog 10 septembre 2018

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Les enfants de l'île Portal

Au sud de St Laurent, L’île Portal abrite des familles entières. Parfois dépourvue en eau comme en électricité, les conditions d’existence sont sommaires. Comment ça se passe pour la scolarisation ?

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  En longeant l’île Portal au sud de St Laurent, le long du fleuve Maroni, on remarque l’évidence : il y a des kampoes tout du long de l’île. L’île divise littéralement le fleuve sur une longueur de 10 km. C’est elle qu’on voit en face depuis St Jean et Terre rouge. Ce sont des familles qui y vivent.

Un kampoe est plus petit qu’un village. Ce sont des hameaux familiaux sur les bord du fleuve abritant une ou plusieurs familles. Le seul moyen d’accès est le fleuve, par voie de navigation en pirogue traditionnelle.

L’île Portal est française. Elle n’abrite pas d’école ni de collège. Comment aller à l’école quand on habite sur l’île ? La performance relève de l’exploit. Comme le rapporte Gilbert, on se lève à 4 heures du matin pour prendre une pirogue à 5 heures.

La pirogue fait tout le tour de l’île. Elle part du sud vous emmène au nord de l’île puis revient de l’autre côté au sud à Saint Jean. De là, débarquement. On prend ensuite le bus pour aller jusqu’à Saint Laurent.

Illustration 1

En fait, on fait géographiquement un tour. Au lieu de couper directement par le nord et rejoindre saint Laurent en 15 minutes, on fait un détour de 2 heures. La pirogue comme le bus sont payants. Certes, des aides existent, mais les entreprises de transport gagnent du travail.

Les élèves arrivent à l’école à 7 heure, après être debout depuis 3 heures. Avec bien souvent rien dans le ventre. Hors de question de revenir pour la pause de midi, arrivé à l’école, vous êtes bloqué. Pour revenir à la maison, il faudra attendre le retour du bus puis de la pirogue, rebelote en sens inverse.

Pourquoi cette organisation incohérente des transports subsiste-t-elle ? Désastreuse pour les enfants, chère pour la société, elle donne tous les jours des résultats médiocres. Pour Béatrice, enseignante de français, la question se pose : pourquoi une école ne pourrait-elle pas être construite sur l’île Portal ?

On parle de l’île Portal, mais le problème existe pour toutes les kampoes vivant le long du fleuve, îles et bords de fleuves confondues. Officiellement, les îles sont françaises jusqu’à Langa Tabiki.

Mais dans les faits, on agit différemment. Parfois les familles hésitent : dans quel pays envoyer l’enfant à l’école ? Il arrive qu’une école du Suriname soit plus proche qu’une école française. Pourtant, les familles habitent sur un territoire français. Mais aller dans une école surinamaise, c’est beaucoup plus simple.

Mais parfois, c’est l’inverse. La pédagogie au Suriname est traditionnelle et à l’ancienne. Cours magistraux frontaux, pédagogie unique, prohibition de la langue maternelle, usage de châtiments corporels, le tout cumulé avec une absence de moyens et de matériels. Le redoublement n’est autorisé qu’une fois après quoi l’enfant est déscolarisé.

Pour de nombreux enfants d’Albina, l’école française reste le seul moyen de continuer une scolarité.

T Boyer

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