Ils sont partis il y a sept ans : Xaviera Marica, Charleen Ormskerk, Raoul Emanuel, Pascual Zeegelaar, et d’autre. Parbode s’est entretenu il y a cinq ans avec Raoul, Charleen et Pascal qui à cette époque étaient en deuxième année. Ils ont maintenant fini leurs études. « Wow » réagissent leurs amis, encore à l’université. « Vous avez été vite ! » Ils ne sont pas eux même arrivés si loin. Avec Xaviera et Raoul, un regard sur la vie étudiante à Cuba, et un tour d’horizon sur l’avenir.
Comment sont conçues les études ?
Raoul : À Cuba, la première année est consacrée à l’apprentissage de l’espagnol et à un nombre d’études générales dont les mathématiques. Ensuite viennent deux années où l’accent est mis sur la théorie, environ 85 % Les étudiants vont ensuite dans un autre district pour la deuxième partie des études. Cette année là, c’est quasiment l’inverse : 85 % de pratique. La dernière année se répètent les matières principales. Les études à Cuba ont des avantages et des défauts. Je dirais par exemple que tu apprends beaucoup plus que la médecine. À cause de nos études à Cuba, nous sommes davantage formée à la prévention. Au Suriname, les soins sont davantage basés sur la curatif.
Comment est organisé le système de soin ?
Xaviera : Le système de soins est gratuit. Les médecins de Cuba reçoivent la responsabilité d’un quartier entier. Le principe de départ, c’est comment faire en sorte que les personnes qui sont en bonne santé le restent. Les médecins doivent accomplir énormément de programmes. Et aussi beaucoup d’administratifs. Toute visite au patient doit être enregistrée. Les familles sont également évaluées. Il y a par exemple un programme très large concernant l’accompagnement des femmes enceintes, généralement à partir de la douzième semaine incluant différentes visites à la maison et des contrôles de spécialistes, de dentiste et e psychologues. Et si un problème doit être signalé alors la future maman sera prise en charge ans une clique spéciale où elle sera contrôlée et suivie tous les jours
Raoul : Si il y a une invasion de moustique et qu’on trouve chez toi un nid à moustique (de l’eau stagnante), tu reçois la première fois un avertissement. La deuxième fois une forte amende. Et tu dois la payer. Le nid à moustique sera également rendu publique Les gens qui dans cette période sont atteints de fièvre seront de manière protocolaire pris en charge pendant 7 jours. Je voudrais bien que le BOG prenne aussi cette mesure de prévention.
Xaviera : Je ne copierais pas le système entier. Mais le contrôle régulier des patients, mettre l’accent sur la prévention, je garderais tout cela tel quel. Cuba a actuellement un des chiffres les plus bas de mort de nourrisson. Des programmes spéciaux sont pensés pour que les personnes en surpoids et les personnes âgées restent bonne santé Et les médecins contrôlent que les personnes participent à ces programmes.
Comment vous y êtes vous pris l’un et l’autre pour mener à bien vos études dans le temps imparti ?
Xaviera : Tu es là bas avec un but, il y a un contrat, tes parents comptent sur toi. Il y a peu d’abandon. Les professeurs travaillent aussi avec toi. Alors tu dois simplement te concentrer sur tes études.
Raoul : Tu es plus ou moins livré à toi même. Tu veux suivre les cours très bien. Tu ne veux pas, d’accord. À Cuba, il y a une liste de présence tous les jours. Si tu as manqué plus de 20 % des cours, tu ne peux pas passer l’examen. Les professeurs à Cuba sont très investis et très intéressés. Ça serait bien sur les enseignants de nos universités étaient aussi intéressé à leurs étudiants
Xaviera : Quand tu vois que les résultats d’un étudiant sont en train de chuter, alors tu prends l’étudiant à part pour voir ce qui ne fonctionne pas et comment on peut trouver des solutions.
Qu’avez vous appris en dehors de vos études à cuba ?
Xaviera : Tu fais connaissance avec beaucoup d’autre personnes d’autre culture : de l’Afrique à l’Asie, jusqu’à l’Amérique du nord.
Raoul : Le Suriname te manque énormément, mais ce manque est vite comblé par les discussions avec les autre étudiants (Il a depuis été invité à trois mariages dans trois endroits du monde). À Cuba, tu apprends à être économe, plus attentionné.
Xaviera : Tu fais plus attention aux choses. Les gens sont très économes avec le peu qu’ils ont. Ils y font attention, ils en prennent soin. Les tongs déchirées que je voulais jeter la veille, je les revues le jour suivant, réparées, toutes neuves. On apprend à recycler là-bas. Je garde ça de Cuba. Les gens reçoivent un quantité déterminée de biens de l’état par mois et ils doivent faire avec. Les enfants vont soignés à l’école. Il y a toujours à manger sur a table et ils trouvent même l’occasion de t’inviter pour un déjeuner.
Raoul et Xaviera ont eu la chance de pouvoir retourner chez eux à Noël pour reprendre souffle et ramener des affaires avec eux. C’était une pause bienvenue au cours de l’année. Ils recevaient de l’état cubain pas mois 100 pesos soit 4 dollars US environs. Cette contribution aidait beaucoup, surtout en tant de crise
Xaviera : le séjour à Cuba m’a rendu plus humble. J’étais étonnée de voir mon enseignant, un pédiatre spécialiste cardiaque, faire du stop alors que je rentrais en moutainbike. Si encore les transports publics fonctionnaient mais ce n’était pas le cas !
Pour un bus de 50 places, on entassait tranquillement plus du double de personnes. « Tassez vous vers l’arrière du bus s’il vous plaît ! tout le monde doit aller au travail ! » Le chauffeur reçoit un PV s’il laisse des gens à l’arrêt alors qu’il reste des places. Un spécialiste gagne bien sûr bien plus qu’un commerçant ou un boutiquier. Mais très peu de gens qui possèdent une voiture, à peine une poignée de gens. Après le boulot, les gens vont simplement à l’arrêt de bus ou font du stop.
Raoul cuisinait régulièrement. Xaviera a appris à cuisiner à Cuba.
Xaviera « On ne trouve pas toujours tout. Si c’est la saison de tomates, alors il y a plein de tomates. Si c’est la saison du chou, il y a du chou. Il n’y a pas de surgelé dans les magasins. Tu manges ce qui est de saison » Quand elle en avait besoin, Xaviera pouvait acheter des légumes frais sur place. Elle commandait, donnait sa contribution et le paysan venait avec les légumes. « Cueillis et nettoyés rien que pour toi. »
Raoul : « J’ai appris beaucoup de bonnes choses à Cuba. Ils m’ont appris la patience, ou plutôt injecté. Tu vas par exemple au magasin. Tu veux acheter du pain. Tu restes une heure dans la queue. Bon. Les employés savent qu’ils n’ont plus que 4 pains. Mais ils ne disent rien. C’est ton tour. Oh, il n’y a plus de pain ! Suivant ! Oh , il n’y a plus de pain ! Ou alors c’est ton tour et le téléphone de la vendeuse se met à sonner. Elle décroche et raconte toute une histoire. Si tu veux pas attendre, tu peux t’en aller. Ou bien le vendeur arrive, fait son café et prend le temps de commenter le programme télévisé de la veille avec son collègue. Tu dois acheter quelque chose, tu en as besoin. Alors tu n’as rien d’autre à faire que d’attendre. Les gens ne sont pas très motivés dans leur travail. Ils reçoivent simplement leur salaire, pas plus, pas moins.
Xaviera : Si tu as besoin d’une déclaration en administration, la question est de savoir si tu peux revenir la semaine suivante. À cause du monde. Tu reviens la semaine suivante. Étais-tu présent la semaine précédente ? Oui, effectivement. C’est écrit sur une liste d’attente. La feuille est perdue, et maintenant il n’y a plus d’encre.
La situation a un peu changé ces dernières années. Avant il y avait des articles difficiles à trouver, le papier toilette par exemple. À cause de l’embargo, il y a certaines choses qu’on ne peut pas acheter. Les deux dernières années, je prenais tout ça à la légère.
De retour au pays, comment voyez vous la suite ?
Raoul : « Avant d’entreprendre quelque chose, je prends le temps de réfléchir, surtout s’il s’agit de mon avenir. Nous avons tous une direction. Quel est mon but ?Actuellement, je ne pense pas retourner à Cuba. J’ai rassemblé toute les informations pour suivre une spécialisation en chirurgie. Je suis actuellement une formation de médecin générale que je souhaite achever. Être médecin me plaît. Je peux utiliser toutes mes connaissances sur la prévention. Mais je voudrais bien me spécialiser. J’ai deux ans pour réfléchir à savoir si je retourne à Cuba pour y continuer des études.
Raoul veut en tout les cas y retourner comme touriste. « J’ai fait connaissance avec des cubains très sympathiques chez qui je suis toujours bienvenue. À l’église où j’étais également moniteur de jeunesse. J’ai pu rencontrer beaucoup d’affection et de patience. Je souhaiterais encore rendre visite aux gens.
Xaviera a trouvé sa direction. Son frère est médecin. Elle a pu l‘accompagner dans sa pratique.
Elle n’a pas besoin de chercher plus loin. « Je suis simplement tombée amoureuse de cette spécialité. Je l’ai senti, j’ai dit « C’est ça ! ». Être médecin général, avoir son propre cabinet, un bureau, un lit, un ordinateur. Je réfléchis à mon âge et aux autres choses que je souhaiterais encore faire »
Deux mois en arrière, elle pensait encore à autre chose. Elle voulait devenir pédiatre. Mais petit à petit, son idée a évolué. « Je ne me sens plus prête à étudier plus loin. J’ai atteint mon but : Je voulais devenir médecin. Peut être que a va encore changer . Actuellement, c’est très bien comme ça.
Quels conseils donneriez vous à de prochains étudiants qui partiraient à Cuba?
Raoul : « Prenez une bouilloire. L’eau est souvent sale, la plupart des gens ont des vers. Tout le monde connaît les symptômes . Des gouttes de désinfection sont bien distribuées pour nettoyer l’eau mais je faisais toujours bouillir mon eau. Tu peux aussi utilise un filtre »
Xaviera a un autre avis. Elle apprécie une nourriture de qualité. « Prends de épices avec toi, de la sauce soja, du poivre, de quoi grignoter. Prends aussi du tissu pour deux uniformes, des boutons et des fermetures éclairs. Et fais faire ton uniforme. C’est beaucoup moins cher. Prends des vêtements pour le froid. Je veux dire très froid. Tu as besoin de rideaux pour protéger ton lit. Du linge de literie et un cadenas pour fermer ton armoire. Prends aussi du matériel de bureau pour écrire. Facilite toi les études. Prends tout ce qui est nécessaire.
Raoul : « Je l’ai dit dit plus haut, je conseillerais à tout les jeunes d’aller vivre un an ou deux à Cuba pour voir comment est la vie là bas. Je suis reconnaissant d’avoir été là bas. Je remercie Cuba de nous avoir offert cette opportunité. »
Texte : Anne Huits.