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Billet de blog 22 juin 2025

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Le Collectif dans la Préfecture : la « Team État » contre la « Team Enfants »" ?

Pour la fête de la musique, plusieurs classes de l'école Michelet se sont retrouvées dans les jardins de la Préfecture pour un concert qui venait finaliser un travail de trois années. Alors que le dialogue était rompu depuis de nombreux mois, une occasion unique de faire passer un message au Préfet, chef de la « team État » en total décalage avec le sérieux et la gravité de la situation.

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Illustration 1
A la fin des remerciements quelques explications s'imposent © Collectif Pas d'Enfant à la Rue

La forteresse ouverte

La Préfecture est-elle un lieu démocratique dans lequel les citoyen-nes sont invité-es à exprimer leurs doutes, leurs désirs, leurs attentes, leurs besoins ?

Bien évidemment, non ! Les affaires s'y règlent du 1er janvier au 31 décembre dans le secret de hauts murs invariablement clos et régulièrement "défendus" par des policiers lors des rassemblements se tenant devant ce lieu de décisions capital pour la vie de toustes.

Lorsque le Collectif demande à y être reçu, il n'a généralement pas de réponse. Quand il en a, il n'obtient pas de réponses précises à ses questions mais juste de vagues promesses à propos de mystérieux projets en cours qui "bientôt" déboucheront sur du concret.

La dernière rencontre en date, peu après la prise de fonction du Préfet actuel Thomas Campeaux, avait laissé un goût amer en bouche, entre espoirs douchés d'une évolution avec le changement à la tête de la préfecture, provocations destinées à démontrer que le sort des enfants à la rue n'était pas une priorité et autres postures méprisantes. Le constat avait été particulièrement amer.

Illustration 2
Vanessa a une question simple et claire à poser... © Collectif Pas d'Enfant à la Rue

C'est donc un peu avec le sentiment de Rebelles arrivant sur l’Étoile Noire que nous avons posé le pied dans ce lieu étranger, inconnu et, a priori, hostile aux intérêts des enfants.

Le spectacle des enfants de l'école Michelet terminé vint l'heure des remerciements et c'est là que la maîtresse Aurélie a fait connaître la véritable identité des infiltré-es et mis en lumière les faux semblants de la préfecture qui souhaite donner l'image d'un "investissement" pour la culture, l'égalité des chances, l'éducation des enfants alors qu'en réalité elle est l'institution qui les laisse dormir à la rue sans scrupules.

Signer la pétition de soutien à Aurélie et Vanessa

Le Collectif Intervient en présence du Préfet dans les jardins de la Préfecture © Collectif Pas d'Enfant à la Rue

Racisme, cynisme, mauvaise foi de la "team État" 

Le match était lancé et la team "enfants à la rue" est allée retrouvée la team "État". Sans illusion aucune, car les actes sont bien plus éloquents que des paroles, nous sommes allés trouver le Préfet afin de lui rappeler l'existence d'enfants que le Collectif prenait en charge et que ses services avaient pour mission d'héberger en vertu du droit international de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant et de son article 27 qui stipule notamment :

Les États parties adoptent les mesures appropriées, compte tenu des conditions nationales et dans la mesure de leurs moyens, pour aider les parents et autres personnes ayant la charge de l'enfant à mettre en œuvre ce droit et offrent, en cas de besoin, une assistance matérielle et des programmes d'appui, notamment en ce qui concerne l'alimentation, le vêtement et le logement.

Illustration 4
Team Etat contre Team Enfants à la Rue ? © Collectif Pas d'Enfant à la Rue

Petit florilège de propos prononcés par le préfet :

A la question de savoir où pouvaient dormir les enfants qui seraient à la rue pendant les vacances scolaires il a été répondu qu'ils pouvaient aller dormir dans leur pays.

Lorsqu'il a été précisé qu'avec les vacances les activités du Collectif allaient être en pause et que la conséquence serait que des dizaines d'enfants seraient véritablement à la rue, il a été répondu qu'il nous plaisait d'organiser le chaos.

Lorsqu'il a été demandé au préfet de reconnaître que sans l'action d'occupation du collège du 1er avril il y aurait eu 32 enfants qui auraient dormi à la rue il a été répondu qu'à cause de nous ils dormiront à la rue cet hiver puisqu'il n'y aura pas de plan hiver étant donné que c'est cet argent-là qui a été utilisé à cette occasion.

Lorsqu'il a été dit que la préfecture était hors la loi lorsqu'elle n'hébergeait pas tous les enfants sans exception il a été répondu que c'était en fonction des moyens et nous n'avions pas les moyens.

Lorsqu'il a été répondu que l'Angola n'avait peut-être pas les moyens en effet d'héberger tous les enfants à la rue mais que cela semblait très compliqué à justifier pour un pays aussi riche que la France il n'a été rien répondu si ce n'est que de futurs projets étaient en cours et seraient bientôt opérationnels...

Évidemment le fameux "appel d'air" que constituerait l'hébergement d'urgence est revenu sur le tapis, toujours avec la même pertinence, agrémenté de sous-entendus comme quoi le Collectif encouragerait la venue de nouvelles familles à Tours.

Voilà la réalité de ce qui se dit à la Préfecture. Voilà la réalité du logiciel de pensée d'une institution complètement fermée aux citoyen-nes mais qui décide de tout de leur vie. Qui décide d'opérations de police gigantesques dans le but de faire peur aux personnes n'étant pas en règle avec leurs papiers d'identité. Qui décide de laisser, en connaissance de cause, des dizaines d'enfants dormir à la rue. Qui ne respecte pas la loi ni le droit international et s'en lave les mains.

Résultat du match "Team État" contre "Team Enfants à la rue" : beaucoup de triche et de simulations de la part de la "Team État" qui n'a pas marqué le moindre but tandis que la "team Enfants à la rue" jouait un match offensif et plaisant, quoique tombant parfois dans le piège du faux rythme imposé par son adversaire. La "team Enfants à la rue" a donc encore largement gagné son match mais l'arbitre étant de toute façon de très mauvaise foi c'est le match nul qui a été validé...

Signer la pétition de soutien à Aurélie et Vanessa

Sommes nous moins inquiet-es aujourd'hui ?

Bien entendu, non ! La langue de bois qui nous a été servie n'est pas de nature à nous rassurer et la réalité des actes depuis 7 mois montre assez clairement quel est le cap. Les propos révoltants, indignes, distillés montrent bien la volonté d'empêcher tout dialogue, de le rendre inopérant en espérant aller sur le terrain de l'invective et du propos de comptoir digne de CNews.

Par contre nous sommes fier-es d'avoir réussi à porter notre parole jusque dans les murs de l'enceinte où on décide des vies des enfants, de leur sort au mépris du droit international. Nous avons gâché la petite fête du Préfet qui espérait certainement meilleure vitrine pour l'ouverture de sa forteresse. 

Le Tshirt dont lui et tout le personnel de la préfecture s'étaient affublés pour l'occasion ne pouvait pas tomber mieux pour illustrer sa position : il est clairement au service d'une politique conservatrice, rance, méprisante pour les gens du peuple et non au service des personnes de sa circonscription qu'il a la charge de protéger, notamment les enfants.

Nous lui avons rappelé qu'à un moment le dépassement de fonction était nécessaire, que dans certains cas il fallait aller au-delà de ses prérogatives, qu'il fallait décider en son âme et conscience de ce qu'on faisait : obéir servilement à des ordres injustes, iniques ou à la loi morale; que nous étions nous même dans le dépassement de fonction, que la mairie de Tours y était aussi, de même la métropole et que seul lui ne l'était pas et que c'était cela qui bloquait la situation et qu'il était nécessaire qu'il nous rejoigne dans cette lutte.

Le message sera t-il entendu ? Peut-être qui sait, mais au moins les choses ont été dites devant une bonne partie des membres de la "team État" et nous verrons qu'elles en seront les retombées...

Signer la pétition de soutien à Aurélie et Vanessa

Illustration 5
Voilà l'endroit parfait pour poser cette question © Collectif Pas d'Enfant à la Rue

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