La plus extravagante idée qui puisse naître dans la tête d'un politique est de croire qu'il suffise à un peuple d'entrer à main armée chez un peuple étranger pour lui faire adopter ses lois et sa constitution. Personne n'aime les missionnaires armés ! Et le premier conseil que donnent la nature et la prudence, c'est de les repousser comme ennemis." " Robespierre le 2 octobre 1792
A l'heure où se profile la visite officielle de François Hollande en Algèrie il apparaît salutaire de faire le point sur les exigences algériennes qui attendent de l'Etat Français une repentance ,vis à vis de la colonisation et de la Guerre d'Algérie.Malgre les souffrances endurées de part et d'autre ,il ne saurait y avoir une repentance unilatérale française, car l'histoire commande que pour règler définitivement le contentieux entre nos deux pays, on arrive à dépasser cette notion.
-Oui à la repentance concernant les exactions dont ont été victimes nombre d'algériens sur le sol français, en particulier lorsque Maurice Papon était Préfet de police à Paris.Mais pour le reste il y a lieu de considérer plusieurs facteurs.
L'occupation en 1830 de l'Algérie par la France n'était pas dirigée contre une nation algérienne inexistante à l'époque, mais contre l'Empire Ottoman qui régissait l'Algérie comme une de ses provinces.
Pour ce qui est de la guerre elle même, la France peut regretter une certain nombre de faits connus mais qui sont le lot de toute guerre d'indépendance.Mais l'Algérie aussi et simultanément doit manifester ses regrets sur certains faits dont furent victimes nombre de civils.Je ne citerai que le Massacre de Mellouza et l'assassinat des harkis.
Affirmer que la colonisation française n'a rien apporté à l'Algérie en 130 ans de présence est un non sens, souligné par le fait que la plus grosse colonie algérienne à l'étranger se trouve en France.Que nombre d'algériens sont devenus français et que l'axe Paris_Alger est celui qui apporterait le plus à nos deux Etats.Il est donc grand temps que Messieurs Hollande et Bouteflika trouvent une formule permettant de tirer définitivement un trait sur cette époque ,tant les intérêts de nos deux pays sont liés.L'idéal serait de parvenir à une association créant un vaste espace d'échanges économiques et culturels ,où peu à peu et sous certaines conditions, on accèderait à lalibre circulation des personnes,où les deux Etats s'accorderaient de fait un statut particulier de "nation amie" réciproquement.L'Algérie a besoin de la France et cette dernière ne peut envisager de rompre ses relations avec l'Algérie.La génération qui a fait la Guerre est en voie d'extinction et il faut faire place nette pour la jeunesse de nos pays qui ont tant de choses magnifiques à faire ensemble.Tant que l'exigence unilatérale de repentance de l'Algérie sera maintenue, les relations bilatérales ne pourront pas s'élargir pour arriver à ce qu'elles devraient être.
Regrettant l'un et l'autre les occasions manquées, le passé récent, pour ouvrir l'avenir, Messieurs Hollande et Bouteflika se grandiraient en ouvrant une phase nouvelle et inédite qui marquerait l'Histoire et apaiserait enfin des relations parfois empoisonnées par un passé qui n'a plus cours.De Gaulle et Adenauer sont parvenus à une réconciliation historique, par delà l'Histoire.Sans repentance,sans accabler l'autre.Les Président français et algérien devraient méditer cette exemple, se dire qu'on ne refait pas l'histoire, qu'il faut parfois la dépasser pour écrire un autre chapitre basé sur une coopération modèle.
La guerre d'Algérie reste une erreur immense, qui aurait pu se régler par la négociation dès 1955 si Mendès France n'avait pas été renversé.
Le temps qui reste est celui de nos enfants, et nous ne pouvons continuer à laisser L'Algérie et la France se regarder avec méfiance de chaque coté de notre mère commune: la Méditerranée.