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Billet de blog 25 février 2016

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SOLFERINO: On est pas chez Madame Claude, Bordel

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Contrairement à mon ami Vingtras, je ne pense pas que l'intervention de Martine Aubry soit tardive. Bien que maladroite, elle révèle le malaise profond d'un Parti Socialiste en mal d'évolution.La Maire de Lille, dans sa diatribe violente, soulève en effet nombre de questions qui touchent jusqu'à l'existence même du Parti Socialiste comme parti de Gouvernement.

Martine Aubry, qui a signé la motion majoritaire au dernier Congrès aurait dû essayer, prélablement , d'infléchir la politique du Gouvernement ,avant d'accepter les termes relativement flous de cette motion, quant aux décisions touchant à la politique sociale .Une unité de façade ne sied guère à un Congrès dont l'ADN historique est le débat.

Affronter le Président de la République est une erreur dans le contexte actuel. L'amener par une négociation à infléchir la Politique sociale eut été plus habile.

Martine Aubry a raison concernant la remarque du Premier Ministre vis à vis de la politique migratoire de la Chancelière allemande. La démographie  et la capacité financière allemandes permettent un accueil massif et c'est tant mieux pour les réfugiés.De plus, que Madame Merkel soit profondément émue par la situation catastrophique des ces malheureux est à porter à son crédit.Je ne sache pas que les autorités allemandes aient demandé qu'on fasse la même chose.

Idem pour la loi Khomri. On ne peut pas faire passer en, force un texte de cette importance , n'en déplaise à Manuel Valls. On est de gauche , merde ,et on doit avoir la capacité de discuter avec nos parlementaires et les syndicats, avant de présenter une loi qui peut perturber les acquis sociaux. Si l'on veut absolument satisfaire le MEDEF, qui ne tient pas ses engagements, alors il faut dissoudre l'Assemblée Nationale .Cela amènera une majorité de droite et un Premier Ministre issu du parti des pseudo Républicains à Matignon. Mais au moins la situation sera claire.Enfin Martine Aubry, dont je n'aurais pas signé le texte pour mille raison,exprime une réalité quand elle refuse que le Premier ministre déclare qu'il y a deux gauches irréconciliables.Car si tel est le cas, le Président doit constater qu'il n'a plus de majorité et doit en tirer les conséquences.

Il y a donc , dans cette apostrophe sévère, un fond de vérité, mais exprimé d'une manière un peu bordélique, qui , naturellement, amène les commentateurs à reparler d'une tentative de revanche de la primaire perdue par Martine Aubry.Je crois que cela est dépassé.

François Mitterrand a construit ce Parti pour être une alternative à la Droite .Mais nous payons encore le tournant de la rigueur de 1983 ,que l'on croyait avoir surmonté sous le Magistère de Lionel Jospin. Hélas il y a eu le Tsunami du 22 avril 2002, où même Jacques Chirac , s'est dit bouleversé par la présence du Front National au deuxième tour. Mais il n'a pas su tirer les conséquences du vote républicain massif le reconduisant à l'Elysée. La parenthèse catastrophique de Sarkozy à la tête de l'Etat a fait le reste, et on est pas sorti du merdier.

François Hollande, acculé par une situation qu'il ne savait pas si grave, a  depuis 4 ans ,essayé de composer pour tenter de résoudre le problème du chômage et comme tous les autres gouvernements, depuis trente ans, nous ne parvenons pas à améliorer la situation de l'emploi.La droite, c'est de bonne guerre,lui reproche son échec, mais cela ressemble à la politique de l'Autruche et Juppé ,quant à lui, qui n'est pas dans une perspective de revanche, n'hésite pas à souligner l'échec global droite et gauche comprises.

Mais attention Madame Aubry,messieurs Montebourg, Hamon et autres frondeurs. Si vous voulez adouber l'élection triomphale d'Alain Juppé l'an prochain, il vaut mieux l'annoncer clairement dès maintenant et laisser la Droite et l'extrême droite se débrouiller entre elles.Car les affrontements récurrents entre les personnalités socialistes finissent par affadir tout esprit de combat chez nos militants.Le Président doit trancher et:

- Affirmer haut et fort que s'il y a deux gauches, elles ne sont pas irréconciliables.

- remettre la loi Khomri en discussion préalable entre le gouvernement , les parlementaires socialistes et les syndicats,pour ne la présenter devant le Parlement qu'avec un consensus permettant à une majorité de gauche de la voter .

- Appeler le Parti à se rassembler d'ores et déjà pour la bataille à venir.Si le Président décide de ne pas y aller, et c'est sa liberté, il faudra arriver à ce que le candidat de gauche soit accepté par toutes les familles qui ne veulent pas du retour de la Droite, mais qui ne se rangeront derrière celui ou celle qui sera choisi, que sur un programme clair, qui, tout en tenant compte des difficultés présentes, devra se rappeler qu'on doit défendre les acquis sociaux et ne pas laisser des millions de français sur le bord de la route.

Nous espèrons donc, très vite, une stratégie  définie entre le Président, le gouvernement, les syndicats, les partis socialiste, communiste, écologiste, radical de gauche .Il faudra abandonner ce qui ne fait pas consensus et surtout adopter une attitude précise vis à vis de notre engagement européen, tant les décisions de la Commission de Bruxelles paraissent aujourd'hui amphigouriques, sans fil directeur. L'Europe oui, l'Angleterre dans l'Europe oui, mais pas à n'importe quel prix.

D'aucuns à gauche jouent déjà la défaite, voire même le désistement du Président , espèrant en tirer profit. Attention de ne pas tomber dans le syndrome Bruno Le Maire qui se voit déjà à l'Elysée et qui nous balance des conneries aussi grosses que "je me présente pour être le Président ou encore"  mon handicap c'est mon intelligence " .La grosse tête ça arrice vite.Encore un qui a oublié le voisinage permanent du Capitole et de la Roche Tarpeienne.

La Gauche, c'est d'abord la foi dans l'individu, c'est le devoir de corriger sans cesse les méfaits et les dérives d'entités mondiales dont la seule religion est le profit, c'est humaniser les rapports entre les Français.C'est ,tout en tenant compte de situations souvent conflictuelles, être présente pour que le monde du travail ne soit pas écrasé par le poids des appétits financiers de groupes de plus en plus puissants. 

La Gauche, c'est livrer bataille dans la clarté, bilan contre bilan, projet contre projet, et se tenir à ce qu'on a promis.Car nous n'avons pas le droit de laisser des millions d'électeurs en déshérence, n'ayant pour choix que Juppé  ou Marine Le Pen.

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