Les associations d'idées, c'est étrange. Quand elles ne se font pas, ça l'est encore plus.
J'ai suivi la polémique sur les propos de Benny à propos du préservatif, comme tout le monde. Je l'ai vu dans sa jolie chasuble brodée. Et j'ai vu aussi des corps à l'agonie, torturés.
Et puis je suis allée me coucher. Parce qu'il était tard. Et que je savais que ma colère ne changerait rien à rien. Ca me rendait triste.
Je lis toujours avant de m'endormir. Parfois longtemps, parfois deux pages. Ce soir-là, j'ai lu.
L'histoire d'un meurtre de sang froid. Sous un soleil implacable. Des victimes, jeunes ou vieux. Dont on ne peut s'empêcher de se demander ce qu'aurait été la suite de leur vie s'ils n'avaient pas croisé, par hasard, la route de leurs assassins. Sans doute une belle vie. En tout cas, les promesses d'une belle vie. Dès les premières pages, on sait qu'ils vont mourir. Cette certitude confère à chaque détail de leur existence une intensité effrayante. La description de la manière qu'ils ont de rire, de parler, de courir qui devient terrible parce qu'on sait que bientôt, ils ne riront plus, ils ne marcheront plus, qu'un jour, ils ne couriront plus.
Et les assassins. Sans réel mobile. Ils tuent. Comme ça. Même pas pour le fun. De sang froid.
L'absurdité absolue. Le sentiment d'un terrible gâchis. L'assassinat de tous les possibles pour rien.
Et puis je me suis endormie.
Le parallèle s'est fait lentement entre Benoît XVI et ce roman. Des morts pour rien. Pas par hasard. Mais par la froide et absurde détermination des meurtriers. La même absurdité.
Poussée à l'extrême, comme si on essayait de me faire rire alors que j'avais pas le coeur à cela.

Que celui qui a écrit ce magistral roman, l'histoire d'un meurtre de sang froid, sans mobile s'appelle Capote ne me fait même pas sourire.