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Billet de blog 12 décembre 2025

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À propos de la Note de Simone Weil sur la Suppression Générale des Partis Politiques

Dans une note publiée en 1950, Simone Weil plaide pour la suppression des partis politiques. Partisan plus soucieux de son propre devenir que du bien public, tout parti serait par principe totalitaire. La charge est sévère. Mais comment résister quand les passions collectives se déchaînent ? N’est-ce pas en étant ancré dans un collectif que l’individu peut affronter les vents mauvais ?

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Dans une note publiée en 1950 dans le n° 26 de la revue La Table Ronde (Ed. ALLIA, 2024), Simone Weil plaide ardemment pour la suppression générale des partis politiques. 

Partisan plus soucieux de son propre devenir que du bien public, tout parti serait par principe totalitaire. Machine à fabriquer de la passion collective, un parti politique serait une organisation construite de manière à exercer une pression collective sur la pensée de chacun de ses membres

La charge est sévère. Les partis politiques ne seraient donc que des faiseurs de discorde, ferments de l’entre choc des passions collectives qui par le truchement de la discipline et de la loyauté attendus de chacun de leurs membres inhiberaient tout esprit critique et toute faculté de discernement ; effet renforcé au delà de leurs adhérents par une propagande visant le plus grand nombre.

Mais comment résister quand les passions collectives se déchaînent en dressant la majorité contre une minorité chargée des malheurs du temps présent et vouée à la vindicte ? N’est-ce pas justement en étant ancré dans un collectif qui partage des convictions à travers une vision du monde et un projet de changement que l’individu pourra résister aux vents mauvais  ?

Au XX siècle, l’expérience tragique des régimes fascistes et totalitaires nous l’enseigne sans détour. Pour asseoir leur emprise, ces régimes n’ont eu de cesse d’atomiser et d’infiltrer les liens sociaux dans les collectifs de travail, les clubs sportifs, les activités culturelles, les organes de presse, les loisirs… Rien ne devait échapper à leur emprise. Pas même l’intimité des familles. À la surveillance hiérarchique verticale de haut en bas, répondait une surveillance horizontale. Aucune relation ne devait être sûre. L’œil de l’appareil d’État devait se glisser en tout lieu, à tout moment. C’était a contrario montrer la puissance potentielle de résistance des collectifs. En premier lieu des partis politiques.

Un mot encore pour défendre le et la politique. Le transfert des règles du jeu politique dans le jeu intellectuel est au fondement de la pensée rationnelle dans le monde hellénique. Pensée rationnelle qui est précisément le véhicule de la critique du plaidoyer de Simone Weil pour la suppression des partis politiques !

Rappelons en quelques mots ces règles. 

Pour Philippe Vernant, la raison surgit en Grèce comme une conséquence d’une forme originale d’institution politique : la cité. Avec la cité, pour la première fois, le groupe humain considère que les affaires communes ne peuvent être réglées, les décisions d’intérêt général prises, qu’au terme d’un débat public et contradictoire ouvert à tous et où les discours argumentés s’opposent les uns aux autres. C’est le transfert de ces règles du jeu politique dans le jeu intellectuel qui a permis l’émergence de la pensée rationnelle. Autrement dit, la raison scientifique est originellement liée au débat public, argumenté et contradictoire. Ce constat est important, car chaque fois qu’un domaine de la recherche ou de la vie sociale est soustrait au débat public, argumenté et contradictoire, il risque de sécréter une pensée sacralisée, déshumanisée et au bout du compte totalitaire.

Aux partis de renouer avec les principes du jeu politique pour réenchanter le débat démocratique.

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