Architecte israélo-britannique et professeur à l’Université Goldsmiths, Eyal Weizman est le fondateur et le directeur du collectif de recherche et d'enquêtes Forensic Architecture. Cet article est extrait du dossier documentaire qui accompagne notre conversation avec Eyal Weizman. Il nourrit le chapitre 7/10 : « Conditions de vie » : le contrôle calculé.
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.
Chaque entretien Diagram[me]s est chapitré et accompagné d’une chronologie et d’un dossier documentaire destinés à introduire les discussions, à les étayer et à les relier entre elles :
Pour accompagner notre entretien avec Eyal Weizman, nous vous proposons de découvrir l'élément de dossier : "seconde définition de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide" développée dans le chapitre 7.
SECONDE DÉFINITION DE LA CONVENTION POUR LA PRÉVENTION ET LA RÉPRESSION DU CRIME DE GÉNOCIDE (CPRCG)
L’une des cinq définitions du crime de génocide retenues par la CPRCG est celle qui figure à l’article II c) : elle qualifie de génocidaire l’imposition de conditions de vie calculées pour provoquer la destruction du groupe ciblé. Cette forme d’élimination indirecte est typique du colonialisme de peuplement : elle a été largement pratiquée lors des génocides commis contre les Amérindiens, les Aborigènes australiens, les Ovaherreros et les Namas de Namibie ou encore les Mayas Ixil au Guatemala, et elle participe du projet sioniste dans sa forme actuelle.
À Gaza, en effet, depuis le mois d’octobre 2023, un calcul macabre préside au déplacement forcé des populations civiles : soumises à des conditions de siège, celles-ci se voient privées d’eau, d’électricité, de nourriture et d’accès aux infrastructures jusqu’à ce qu’elles consentent à abandonner un territoire devenu proprement inhabitable. Mais une fois parquées dans une autre zone de la bande de Gaza, elles y subissent les mêmes conditions inhumaines jusqu’à ce qu’un nouvel ordre de déplacement les force à se remettre en marche.
L’objectif de ce harcèlement permanent est, à terme, de vider la bande de Gaza de sa population palestinienne, sinon par élimination pure et simple, du moins en condamnant les gazaouis à une déportation sans retour.
