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Billet de blog 2 juillet 2019

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Tout a commencé par une fin : la faillite de la banque Lehman Brothers

1. Pour débuter, voici relaté dans quel contexte le financier Jérôme KA fut licencié d’un établissement bancaire affecté par la fameuse faillite de la banque Lehman Brothers survenue le 15 septembre 2008. Ce genre d’employé n’est pas le type du chômeur de longue durée ne fusse que par le contraste avec son niveau de vie antérieur.

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Tout a commencé par une fin : la faillite de la banque d’investissement Lehman Brothers. Même si son effondrement fut un phénomène localement situé, l'onde de choc se propagea à l'ensemble du monde. En temps normal, le secteur financier inonde toute l'activité économique de liquidités. Lors du séisme, il provoqua une sorte de tsunami inverse où la vague négative assécha tout. Dans l'urgence, les autorités des milieux autorisés ont alors ouvert les vannes de quelques réservoirs irréels pour irriguer la planète finance.

Illustration 1
La faillite de la banque Lehman Brothers en 2008

La faillite de la banque Lehman Brothers († 2008) fut le point d'orgue de la crise des subprimes, c'est-à-dire des lumpens emprunts hypothécaires. Cette gigantesque escroquerie s'est développée à partir de l'époque où s'effondrent les twin towers du World Trade Center de New-York le 11 septembre 2001. On ne mentionne jamais le coût financier de ce désastre immobilier estimé à un milliard de dollars, les média ayant préféré mettre l'accent sur le coût humain des 2750 victimes, somme toute équivalente à l'hécatombe des accidents de circulation sur les routes du monde entier au cours d'un seul week-end de Pâques, ironie de la résurrection.

Depuis un similaire ground zero, d'habiles financiers avaient bâti une tour de dettes et une tour jumelle de titres associés, pour en intégrer les risques ainsi dissimulés. Les prix de l'immobilier étant inversement proportionnels aux taux d'intérêt, leur essor n'avait eu aucun obstacle, sinon la quantité de pauvres aveugles à dépouiller de presque rien, pour escroquer de leur superflu une quantité de riches avides.

Ce truc qui a troqué des immeubles surévalués contre des emprunts sans valeur, a construit une bulle dont l'ampleur dépasse toutes les précédentes bulles financières, depuis la stupéfiante Tulipomanie, référence hollandaise à la crise des bulbes de tulipe. Cette fois, ce ne sont pas quelques pauvres types qui ont braqué des banques, mais ce sont des banques qui ont braqué une masse de pauvres types.

La politique de taux d'intérêt très bas avait été mise en œuvre à l'époque par le "Maestro", président de la Federal Reserve, la banque centrale des États-Unis d'Amérique. La baisse des taux directeurs de la FED avait créé une inflation de la masse monétaire qui ne savait plus où s'investir pour se cloner comme des pucerons.

Illustration 2
Historique des taux directeurs aux USA et en Europe

C'est dans ce contexte de crise que le financier Jérôme KA perdit son job. Lieutenant efficace d'un autre établissement financier durement touché, il n'avait pourtant commis aucune faute, mais selon le principe du last in first out, sa quarantaine et ses onze ans de loyaux services ne pouvaient pas rivaliser avec quelques autres managers mieux placés dans la firme. Toutefois ses réserves sinon ses objections envers certaines opérations spéculatives outrancières, ne lui avaient pas fait que des amis. Impossible donc de savoir sur quels critères de cost-killing, le directeur des ressources humaines (DRH) l'avait viré. Dans l'organigramme, le DRH n'avait pas une position supérieure, mais sa fonction était devenue plus essentielle, tandis que Jérôme retournait à sa nature sociale de prolétaire.

À force de fréquenter le pouvoir, on oublie qu'on n'en est que ses serviteurs et l'esprit humain a tendance à occulter sa condition première pour se parer de je ne sais quelle image de soi, en soi et pour soi. Dans l'exercice de ses hautes fonctions perdues, Jérôme avait pris des décisions qui avaient causé d'identiques conséquences pour de nombreux travailleurs, plus dépourvus, suite aux restructurations exigées, mais les suites de ses choix se passaient loin des yeux loin du cœur et donc loin de sa conscience. Evidemment, Jérôme KA reçu une indemnisation qui ferait envie à bien d'autres travailleurs licenciés, mais on ne pouvait tout de même pas la comparer aux parachutes dorés des top managers.

(à suivre…) 

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