Didier Cornaille

Abonné·e de Mediapart

4 Billets

0 Édition

Billet de blog 17 mars 2011

Didier Cornaille

Abonné·e de Mediapart

CNR, Laïcité, Islam… Résistons aux faux prétextes.

Didier Cornaille

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Version:1.0 StartHTML:0000000248 EndHTML:0000012694 StartFragment:0000002890 EndFragment:0000012658 SourceURL:file://localhost/Users/cornaille/Documents/Ds%20mes%20classeurs%20OSX/Articles%20divers/La%C3%AFcit%C3%A9%20-%202%20(condens%C3%A9)

CNR, laïcité, islam…

Resistons aux faux prétextes.

Lorsque Denis Kessler, éminence grise du Medef, se réjouissait, en octobre 2007, dans les colonnes de la revue Challenges, de l’avènement d’un gouvernement qui, enfin selon lui, allait nous « sortir de 1945 et défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance (CNR) », on ne s’est pas méfié. On a eut tort.

L’instrumentalisation de nos renoncements

Depuis, la casse systématique des services publics, la remise en cause du système social par répartition ; les hôpitaux, les media livrés aux intérêts privés, se systématisent sans que notre indignation – tardive et bien peu audible – y puisse grand chose.

L’étrange débat qu’on nous propose, oscillant entre remise en cause de la laïcité et mise à l’index de l’islam, est le dernier avatar de cette politique d’instrumentalisation de nos renoncements. Il y en aura d’autres, soyons-en assuré. Notre passivité en la matière en est le meilleur gage.

Or, à ne pas réagir, c’est le fondement même de notre contrat social que nous laissons détruire ; la liberté de conscience, totale, sans discrimination, depuis 1905 ; la liberté de chacun qui n’a pour seule limite que le respect de celles des autres. Toutes les croyances, les religions sont donc licites dès lors qu’elles résultent d’un libre choix.

Où est, là-dedans, la nécessité d’un grand débat national ? C’est pourtant bien de cela dont on parle, alors que remettre en cause ces principes serait pour le coup réveiller les vieux démons de toutes les exclusions.

Radicalisation délibérée

Le problème est moins dans l’islam que dans la forme de sa pratique. La confusion entre Etat et religion, qui est la norme dans les pays d’origine de beaucoup de Français de fraîche date, n’a pas lieu d’être en France. Qui le leur a enseigné ? Il s’agit là d’une simple question de pédagogie.

En radicalisant les points de vue, le débat qu’on nous propose n’agira certainement pas dans ce sens. Ce n’est d’ailleurs pas sa raison d’être. Sans se soucier de paix sociale, il servira surtout à accréditer l’opinion qu’à la chasse aux voix du « parti de la peur », le pouvoir en fait autant, sinon plus, que le FN. Le résultat, inverse, ne s’est d’ailleurs pas fait attendre. Il faudrait être sourd et aveugle pour nier que l’extrême droite fait son beurre de cette politique.

Qu’il s’agisse d’accroître la main mise du capital sur notre économie en sabordant les acquis sociaux ou de surenchérir sur l’extrême droite, le pouvoir continue de privilégier la vision sectaire d’une France des intérêts privés. Pourquoi ne le ferait-il pas puisque, dans l’atonie générale, ça marche ?

Les jeunes se prennent en main

Dans le Monde daté du 1er mars, Stéphanie Le Bars décrivait « les rapports à la pratique religieuse » [de l’islam] des « nouvelles générations. » « Les jeunes musulmans, constatait-elle, commencent à s’organiser en associations cultuelles locales pour prendre pied dans la gestion des mosquées. »

Bref, ils se prennent en main. Ni plus ni moins que les catholiques, les protestants ou les juifs ont appris à le faire, depuis plus d’un siècle que l’Etat a fait de la laïcité le pivot du consensus nationale. Et qui s’en plaint ?

Voilà à quoi se réduit la pompeuse Convention que l’UMP prévoit de consacrer à la compatibilité de l’islam et de la laïcité : à un processus en marche dont l’aboutissement fera qu’il ne vaudra bientôt plus d’en parler. Surtout si notre société sait reconnaître la qualité de cette démarche des jeunes musulmans et lui porter le respect qu’elle mérite. Plutôt que d’attiser les rancœurs, c’est en soulignant son avènement et en l’appuyant que l’on désarmera le plus sûrement le discours démagogique, populiste et xénophobe du FN.

Le soutien à « l’islam de France » est à mettre au même rang que celui que nous devons aux accords du CNR, à notre fonction publique, à la liberté de la presse, à notre système de santé et à tous ces acquis que le pouvoir prétend offrir à la curée des intérêts privés.

Ou bien on laisse faire et nous n’aurons pas à nous plaindre. Ou bien on réagit en ne tolérant pas que soient plus longtemps « détricotés » nos droits et notre liberté.

Comment ? Par quels moyens ? Si nous continuons à nous poser ces vaines questions, alors que notre Histoire fourmille de réponses et que l’exemple, ces jours-ci, nous vient magnifiquement du Maghreb, c’est qu’il y a pour de bon à désespérer de notre société.

Osons ; il n’est que temps.

Didier Cornaille

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.