Madame la députée,
Lors des dernières élections législatives, j'ai voté pour le NFP dont vous vous réclamez dans ma circonscription. J'ai donc voté, non pour une personne, mais pour un programme qui pouvait redonner espoir en une politique de justice sociale saccagée par tant d'années de politique néolibérale dont le président Macron et ses soutiens sont des fervents adeptes.
Je suis atteint depuis de nombreuses années de pathologies invalidantes (SEP, rhumatisme, problèmes cardiovasculaires). Je vis sur un fauteuil roulant et supporte les douleurs diverses grâce aux médicaments symptomatiques qui me sont prescrits. Si je suis encore de ce monde, je le dois à notre système de santé et à la Sécurité sociale. Je suis suivi régulièrement par des médecins du CHU de Montpellier dont les compétences et le dévouement me permettent de faire face à mes inaptitudes physiques.
Mais notre système de santé et de protection sociale n'a cessé d'être en but à des attaques systématiques par des responsables politiques fanatiques des coupes budgétaires et qui refusent de toucher aux immenses fortunes privées accumulées ces dernières années grâce à des exonérations de contributions. Il est maintenant au bord du gouffre et nécessite d'être renforcé pour retrouver son efficacité face aux maladies qui peuvent toucher tout un chacun, à tout moment. Le programme du NFP dont vous vous réclamiez il y a un an pouvait être porteur d'un changement d'orientation salutaire.
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Malheureusement, le Parti socialiste, dont vous êtes membre et qui a bénéficié de l'élan du NFP, semble avoir oublié ses engagements pour aller s'envaser dans les marécages putrides de la macronie en décomposition. En ces temps orwelliens, où chaque mot signifie son contraire, le qualificatif de votre parti semble bien signifier que votre parti n'a plus aucune intention de porter attention aux questions sociales majeures.
En votant le budget de la Sécurité sociale qui fait porter les efforts sur ceux qui sont gravement malades, qui sont durement touchés par les aléas de la vie, en entérinant la réforme de la retraite à 64 ans, vous dévoyez l'idéal qu'ont porté les grandes figures du socialisme. Mais peut-être vos préoccupations ne sont centrées que sur le maintien de votre appareil politique et les places que vous voulez conserver. Cela est consternant.
La politique n'est pas un jeu. Les décisions que vous prenez engagent le quotidien de vos concitoyens. Mais peut-être pensez-vous, comme certains, que les efforts doivent être supportés que par ceux qui subissent la dureté de la vie.
En tant que députée, votre mandat vous engage auprès de vos électeurs. Le vote positif du budget de la Sécu est un coup de poignard dans le dos des citoyens qui croient encore possible une démocratie réellement représentative et une république respectueuse de tous, quels qu'ils soient. En un mot, vous détruisez la confiance nécessaire envers ceux qui font profession de la politique.
Il va sans dire que je n'accorderai plus jamais mon vote à un candidat de votre parti. L'honnêteté voudrait qu'il change de nom, qui est si mal accordé à ses dernières décisions. Tous les discours que vos leaders tiennent pour justifier les soi-disant miettes obtenues par des négociations ne sont que les excuses que profèrent les enfants après avoir fait des bêtises mais contents de les avoir faites. La volonté de faire alliance avec un pouvoir détesté et illégitime n'ouvre pas aux compromis mais à la compromission et en définitive à la capitulation. Pourquoi choisir ce chemin ? Qu'espérez-vous de cette stratégie du renoncement ? Une petite place à la table du pouvoir ? Un strapontin pour applaudir les délires éculés d'un néolibéralisme agonisant.
En espérant que vous êtes et resterez en parfaite santé, que vous pourrez bénéficier d'une retraite sans ennui, que le hasard vous tiendra éloignée des urgences de l'hôpital ainsi que des problèmes financiers, je vous prie d'agréer, Madame la Députée, l'expression de mes sentiments profondément démocratiques.