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Billet de blog 1 novembre 2016

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MANUEL VALLS LE FRANÇAFRICAIN

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il y a quelques mois, un observateur attitré de la politique franco-africaine s'amusait du manège de nos hommes politiques qui, avant chaque échéance électorale importante s'empressent de faire une tournée en Afrique d'où ils reviennent avec des mallettes de billets destinés au financement de leur campagne...Le premier tour de l 'élection présidentielle approche: notre premier ministre vient donc d'effectuer son petit voyage en Afrique de l'Ouest: Togo, Ghana et Côte d'Ivoire d'où il a accordé une interview à France 24 et à RFI. Questionné sur le Gabon il déclare: "La France prend acte de ces résultats. Il y a un président, il va y avoir des élections législatives. Les candidats ont considéré qu'il fallait que ce soit le Conseil Constitutionnel, la cour suprême, qui proclame les résultats. Et ce qui compte pour la France, c'est l'avenir du Gabon qui est confronté à une crise économique due à la chute du prix du pétrole, c'est la situation de sa population. Et le seul souhait que nous pouvons émettre c'est qu'il y ait dialogue, c'est qu'il y ait réconciliation, c'est qu'il y ait capacité à construire là aussi l'avenir ensemble entre ceux qui ont été candidats à l'occasion de cette élection présidentielle. Et ce dialogue pourra se poursuivre avec les autorités gabonaises. Je pense notamment dans le cadre à Madagascar du grand sommet de la Francophonie".

Avons nous affaire au même M. Valls , qui, en janvier dernier, invité dans une émission de divertissement sur France 2 affirmait qu'en 2009 Ali Bongo n'avait pas été élu "comme on l'entend"? Il avait alors suscité chez les peuples d'Afrique francophone l'espoir que l'ancienne métropole coloniale se décidait enfin à mettre ses actes en accord avec ses grands principes "droits-de-l'Hommistes", et à tourner la page de la "Françafrique".

Aujourd'hui, alors que personne de sensé ne remet en cause le coup de force militaro-électoral perpétré par Ali Bongo, et que les observateurs de l'UE n'ont pas encore remis leur rapport qui promet d'être sévère pour le pouvoir en place au Gabon, M. Valls invite le peuple gabonais à accepter le fait accompli!!  En prétendant que ce sont "les" candidats qui ont décidés de s'en remettre à la Cour Constitutionnnelle, il feint d'oublier que c'est uniquement sous la pression de la "communauté internationale" que Jean Ping s'est résolu à déposer un recours devant cette juridiction ayant partie liée avec le clan au pouvoir et dont le verdict était prévisible. Comment notre premier ministre ose-t-il demander aux gabonais de se soumettre en dialoguant avec un dictateur qui n'a pas hésité à utiliser des armes lourdes (made in France?) contre son peuple pour se maintenir coûte que coûte au pouvoir?

C'est un message terrible qu'il jette à la face de nos frères africains: la France privilégie toujours le cynisme d'État sur les valeurs humanistes dont elle se gargarise mais qui n'ont pas plus de réalité qu'une publicité mensongère...

Jean Ping, de passage à Paris, lui  a d'ailleurs apporté une réponse cinglante dans son discours prononcé  devant plusieurs milliers de gabonais de la diaspora venus de toute l'Europe, au Trocadéro, sur le Parvis des Droits de l'Homme (!!) ce samedi 29 octobre: "Nous ne dialoguerons jamais avec des assassins!!"Au même moment l'ex-ministre de l'intérieur d'Ali Bongo, Séraphin Moundounga, réfugié en France, présentait  au JDD les preuves de la fraude et de la réalité de la victoire de Jean Ping.

Selon le regretté Yves Person, africaniste réputé et socialiste breton qui avait l'oreille de François Mitterand, le socialisme consiste à construire "un monde d'hommes libres, solidaires mais désaliénés". Les propos de M. Valls sur les Roms avaient déjà éveillé nos soupçons; le doute n'est désormais plus permis: Manuel Valls n'est pas socialiste...

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