On sentait monter depuis longtemps l'exaspération des classes laborieuses. L’augmentation de l'abstention élection après élection en était un signe clair. La hausse des taxes sur les carburants aura donc été,comme disait l'autre, l'étincelle qui a fait déborder le vase... ou la goutte d'eau qui a mis le feu aux poudres, au choix... Feindre de croire qu'il suffirait d'annuler cette hausse pour que le calme revienne serait se mettre le doigt dans l’œil. Car cette crise vient de loin. Contrairement à ce que laisse entendre le gouvernement, elle n'est pas due à une mauvaise compréhension de l'action gouvernementale, au contraire c'est parce qu'ils ont enfin compris les mensonges sur lesquels reposait le système que les citoyens se révoltent. Il leur apparaît de plus en plus évident que l'Etat est un outil au service exclusif d'une classe de nantis: l'aristocratie de l'ancien régime a été remplacée en 1789 par la haute bourgeoisie qui depuis se maintient au pouvoir. L'État-Providence mis en place après la dernière guerre mondiale a pu faire illusion un temps. Les mesures sociales du CNR n'avaient été acceptées qu'à contrecœur par les dominants qui avaient peur de la contagion communiste et qui avaient besoin d'un prolétariat docile pour servir de chair à canon en cas de guerre,et de force de travail dans ses usines. La menace communiste disparue, l'armée ayant remplacé les conscrits par des professionnels jugés plus sûrs, et les robots tendant à remplacer les travailleurs, les "gens de rien" ont perdu leur utilité: la bourgeoisie peut donc, sous couvert de réformes nécessaires, reprendre de la main droite ce que sa main gauche n'avait accordé qu'avec réticences: d'où démantèlement systématique des conquêtes sociales et des services publics, cadeaux fiscaux aux nantis et nouvelles taxes pour les autres. Il est certain que M. Macron a été mis en place pour accélérer ce mouvement de reconquête. Ses maladresses auront précipité la prise de conscience actuelle qui débouche sur une remise en cause de notre système économico-politique.
Les gilets jaunes rejettent tous les responsables du "désordre établi":
-partis auto-proclamés "de gouvernement" qui ne sont plus que des écuries de course électorales et qui une fois au pouvoir font ,sans vergogne,le contraire de ce que contenait leur programme ;
-élus godillots ou spécialistes en blagologie;
-syndicats transformés en "partenaire sociaux", simples soupapes de sécurité du système dont ils sont les complices;
-préfets, fossiles hérités de l'empire pour placer les territoires sous la tutelle parisienne;
- experts en commentaires médiatiques, clones tristes chargés d'exposer la doxa sur tous les médias;
Ils refusent la verticalité jacobine et veulent inverser la pyramide du pouvoir qui doit monter de la base. L’État n'est plus le maître du Peuple mais son serviteur.
Au secours, la Révolution Fédéraliste est en marche!