La mort de Michel Rocard a été saluée par un torrent de larmes de crocodile. La classe médiatico-politique dans une belle et touchante unanimité a célébré l'honnêteté de l'ancien premier ministre, adepte du "parler-vrai", anti-colonialiste, hardi décentralisateur et adepte de l'autogestion... On a ainsi assisté à une tentative de captation de l'héritage rocardien par un Manuel Valls sans vergogne qui après avoir pleuré son ancien mentor s'en est allé gaillardement affirmer son jacobinisme en Corse : le peuple corse n'existe pas et la langue corse ne peut prétendre a une quelconque reconnaissance! Il semblerait que l'élève n"ait rien retenu des leçons de son maitre qui lui n'avait pas hésité en 2005 à avouer à l'ambassadeur étasunien que " la France s'est construite en détruisant cinq cultures: bretonne, occitane, alsacienne, corse et flamande". ( Il en oubliait deux; les cultures catalane et basque).
Etrangement, les médias qui venaient tout juste de rendre de vibrants hommages à la pensée rocardienne ont approuvé l'attitude de fermeté de l'actuel premier ministre face aux revendications corses, à l'image de France Inter pour qui M. Valls a "naturellement" (sic) apporté une réponse négative à la demande de co-officialité de la langue corse...
Tout aussi étrangement aucun de nos grands médias, Médiapart compris, n'a cru bon d'informer les français des nouvelles remontrances faites il y a seulement quelques jours par l'ONU à l'état français au sujet de sa politique de purification linguistique...
Otez-moi d'un doute; le parler-vrai serait-il incompatible avec l'exception démocratique française?