Jean-Michel Apathie n'a pourtant fait qu'exprimer une vérité qui est encore ignorée de beaucoup de Français. Son propos n'a qu'un seul défaut: il est trop restreint; en effet les massacres coloniaux ne concernent pas que l'Algérie, mais bien toutes les colonies françaises. Ainsi dans son film "Africa 50" (consultable sur You Tube) René Vautier dénonce ce qui est arrivé à un village du nord de la Côte d'Ivoire: "le chef du village n'a pu payer un reliquat d'impôts: 3700 francs. Le 27 février 1949 à 5 heures du matin les troupes sont venues, elles ont cerné le village, elles ont tiré, elles ont brûlé, elles ont tué. Ici le chef du village, Sikali Ouattara, a été enfumé et abattu d'une balle dans la nuque, une balle française; ici une enfant de 7 mois a été tuée, une balle française lui a fait sauter le crâne; ici du sang sur le mur: une femme enceinte est venu mourir, deux balles françaises dans le ventre; sous cette terre d'Afrique quatre cadavres, trois hommes, une femme, assassinés en notre nom à nous gens de France..."
On pourrait citer de nombreux autres exemples exemples montrant que quelques années seulement après sa libération la France se comportait dans son "empire" d'une manière aussi barbare que les nazis. C'est sans doute au Cameroun que cette barbarie a atteint son paroxysme dans une guerre méconnue qui était occultée par celle d'Algérie et qui a duré de 1955 à 1971. L'ouvrage de Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa: "Kamerun! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique" décrit en détail la répression menée par la France contre les indépendantistes camerounais.. À noter que le général de Bollardière adulé par la gauche pour avoir dénoncé la torture en Algérie, a été nommé adjoint du général commandant la zone de défense AEF-Cameroun pendant ce conflit, et qu'il n'a rien trouvé à redire aux pratiques répressives de l'armée française alors qu'il était parfaitement au courant de ce qui se passait sur le terrain. De quoi écorner la statue du Commandeur?
La sanction qui frappe M. Apathie pour avoir émis une réflexion de bon sens que devraient partager tous les humanistes, en dit long sur le climat malsain dans lequel nous baignons. Cette sanction doit nous interroger sur le rôle de ces médias qui semblent plus empressés à se conformer à la doxa d'extrême droite qu'à chercher à établir la vérité des faits...