Au siècle dernier, dans les années 70, avec les travaux de Robert Lafont, Yves Person, Denis de Rougemont, Alexandre Marc, Guy Heraud, Morvan Lebesque, et tant d'autres, on avait pu le croire en voie d'éradication. En mai 1981, la victoire de François Mitterand, dont le discours de Lorient avait marqué les esprits, laissait prévoir son enterrement prochain. Hélas, après la disparition d' Yves Person qui avait l'oreille du nouveau président, on a assisté au retour insidieux du jacobinisme qui est devenu de plus en plus virulent au fil des années. L'actualité récente nous en a fourni un exemple frappant. Il a suffi que Gilles Simeoni, nouveau président élu de l'exécutif corse inclue quelques phrases en langue corse dans son discours d'investiture, pour qu'une vague d'hystérie soulève la classe politique hexagonale. Sacrée union qui va de de Florian Philippot à Marie Noelle Linemann en passant par Fillon, Juppé et Manuel Valls. Ce dernier a notamment affirmé son opposition à une co-officialité des langues corse et française: en Mêmerie, il ne saurait y avoir qu'une seule langue: celle du pouvoir!
En 2009, le dessinateur alsacien Tomi Ungerer célèbre dans le monde entier a publié un manifeste pour la langue alsacienne dans lequel il déclarait: " La liberté, c'est avant tout le droit de l'individu à sa propre identité. L'égalité c'est l'harmonie entre les différences qui se complèrent. La fraternité se crée dans le respect de l'identité des autres." C'est cet humanisme que nos jacobins rejettent en bloc. Ces pithécanthropes sont incapables de comprendre que des individus que l'école, le service militaire autrefois, et les médias dispensateurs de la pensée unique, ont formatés au rejet de leurs propres différences sont incapables d'accepter celle des autres. Le rejet de Soi Même entraine le rejet de l' Autre. Le jacobinisme poussé au bout de sa logique méne au totalitarisme. Les événements récents qui ont vu une certaine "gauche" se jeter dans le tout sécuritaire en récupérant les vieux mythes éculés de la "grandeur" de la France, de sa prétendue "mission émancipatrice" tout en s'abreuvant du "sang impur" de sa Marseillaise, et en se drapant d' oripaux tricolores ( blanc pour la monarchie, bleu et rouge pour Paris: où est la France la dedans ?) en sont la triste illustration.
Dans son livre "la théocratie républicaine" Alem Surre-Garcia résume le jacobinisme par ce qu'il appelle "l'équation suprême": "Un seul Etat égale une seule Nation, égale un seul Peuple, égale une seule Patrie,, égale une seule Histoire, égale une seule Langue, égale une seule Culture, le tout sous l'égide d'une République une et indivisible au service d'un pays doté d'une âme et d'une mission universelle: la France". Adolf Hitler disait sensiblement la même chose dans une formule plus ramassée:" Ein Reich, ein Volk, ein Fuhrer!"...
Il est remarquable que ce retour d'un jacobinisme de plus en plus pernicieux s'est effectué parallèlement à la montée du FN (Front Néandertalien?), ce qui tendrait à prouver que les idées (?) nauséabondes de l'extrême droite sont bien les fruits pourris de cette idéologie ...