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Billet de blog 22 mars 2011

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FUKUSHIMA : c'était prévisible

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Alerte Plutonium Fukushima 3 : MOX et INTOX

17 mars 2011

La Tokyo Electric Power Co (TEPCO) est la compagnie d’électricité japonaise qui exploite les sites des centrales

nucléaires de Fukushima Dai Ichi où se sont produites les explosions et le site de Fukushima Daini distant d’une douzaine

de kilomètres, l’ensemble totalisant dix réacteurs qui alimentent en électricité Tokyo et sa région.

Ces réacteurs sont à eau bouillante, celle-ci chauffée par la fission des atomes du combustible qui se transforme en vapeur est

dirigée directement par un circuit primaire radioactif vers un générateur d’électricité, cette configuration est totalement différente

des Réacteurs dits à Eau Pressurisée (REP) exploités en France qui comportent un circuit secondaire non radioactif avec un

échangeur qui alimente la turbine du générateur.

Face à la succession d’évènements catastrophiques d’ordres naturels qui se sont produits au Japon suite aux tremblements de terre

et au-delà des drames humains il est fondamental d’aller à l’essentiel, c’est à dire à ce qui pourrait hypothéquer durablement le

devenir du vivant sur une zone plus ou moins vaste, voire à l’échelle du Japon et des pays satellites ou pire, un scénario de

catastrophe environnementale planétaire jamais égalé.

Malheureusement dans le cas du site nucléaire de Fukushima, la « hiérarchie catastrophe » peut atteindre un paroxysme avec le

réacteur 3 de 34 ans d’âge qui a été chargé pour la première fois en combustible mox fourni par AREVA en août 2010.

Dans le quotidien JAPAN TODAY du dimanche 22 août 2010 i l était écrit en titre :« La compagnie électrique de Tokyo a

chargé en combustible MOX le vieux réacteur de Fukushima »

« La Tokyo Electric Power Co (TEPCO) a chargé du combustible oxyde mixte de plutonium-uranium (MOX) ce samedi dans un

réacteur de sa centrale nucléaire de la région de Fukushima en vue de la plus grande production d’électricité de réaction

nucléaire réalisée au plutonium au Japon. « Le réacteur du numéro 3 de la centrale N°1 de Fukushima sera le troisième au

Japon à passer à la génération dite Pluthermal (Plutonium-Thermique), mais le seul parmi des trois à avoir été soumis à un

traitement anti-vieillissement depuis son activation, car il est âgé de 34 ans »

Sous l’article deux commentaires explicites :

« … l’incompétence au Japon est élevée au niveau maximum, de cette façon elle fait courir un grand danger pour l’humanité« .

Le deuxième commentaire était prémonitoire :

« Peut être qu’ils devraient dire comment ils ont déterminé qu’il n’y aurait jamais de tremblement de terre. Dire que se sont des

idiots est correct. Il y aura probablement des douleurs sur le long terme pour des gains sur le court terme »

Dans un autre article du JAPAN TODAY daté du 18 septembre 2010, ayant pour titre : « La production d’électricité

Pluthermal (Plutonium-Thermique) commence à la centrale de Fukushima 1 »

« Lors de l’activation la compagnie a indiqué qu’elle a eu des difficultés à démarrer le réacteur n ° 3 de la centrale située àFukushima et a reporté l’activation initialement prévue pour vendredi soir. » « La compagnie a déclaré que le voyant d’alarme

indiquant des conditions anormales de la vanne de commande des tuyaux pour le système de refroidissement d’urgence ne

fonctionnait pas correctement. »

En mars 2011, aux vues des événements, cette information prend une toute autre dimension

FUKUSHIMA ALERTE PLUTONIUM

Le MOX, pour « Mixed Oxydes » est un combustible hautement toxique et dangereux composé d’environ 6 à 7 % de dioxyde de

plutonium récupéré en « retraitant » du combustible nucléaire usé qui est mélangé à du dioxyde d’uranium neuf appauvri. Le

MOX entre plus facilement en fusion que les combustibles classiques, il est utilisé dans 20 des réacteurs du parc nucléaire

français. Le problème majeur est que le plutonium du MOX est très toxique à court et à long terme. En voix aériennes, on estime

qu’une quantité de l’ordre d’une dizaine de milligrammes provoque le décès d’une personne ayant inhalé en une seule fois des

oxydes de plutonium. La relation dose-effet mise en évidence comporte un seuil d’apparition des tumeurs au poumon pour une

dose millésimale, de plus une part importante inhalée passe des poumons au sang qui le diffuse vers d’autres organes (ganglions

lymphatiques, foie, etc …), plus ou moins vite selon la taille des particules, pour aboutir aux cancers

Selon sa composition isotropique il est capable de contaminer des masses considérables d’eau de mer pour plus d’un siècle qui

correspond au mieux, à sa demi-durée de vie et au pire, pour 240 siècles !

Le plutonium qui est produit par le coeur des réacteurs nucléaires sous l’effet du flux de neutrons, fait non seulement partie des

éléments présentant une radiotoxicité très élevée, mais tous les isotopes et autres composés issus du plutonium sont aussi classés

très toxiques et radioactifs (voir Wikipedia). Ce qui rend particulièrement dangereux le plutonium est entre autre, la forte énergie

de ses émissions de particules alpha d’une valeur de 5 MeV à comparer au 0,02 MeV du tritium.

D’après les informations de dernières minutes, le vieux réacteur 3 de Fukushima Dai Ichi est entré partiellement en fusion, un

risque de désintégration est une hypothèse qui n’est non pas à exclure, mais dans le domaine du probable. Cela aurait pour

conséquence un rejet massif dans l’environnement et dans l’atmosphère de particules hautement radiotoxiques.

Le pire étant que le réacteur 3 avec 784 MW est 1,5 fois plus puissant que le réacteur 1 de 460 MW chargé avec de l’uranium

enrichi, ce qui signifie que son chargement en combustible, donc en plutonium, est beaucoup plus conséquent, avec en parallèle

une chaleur dégagée à l’arrêt nettement plus importante à gérer.

Mais il y a pire que pire dans un des scénarios possibles avec le réacteur 3 de Fukushima : Le combustible MOX qui est un

mélange, a un point de fusion nettement plus bas que les autres combustibles dits classiques, en conséquence, dans une

configuration accidentelle comme actuellement le risque dit de criticité, c’est à dire l’enclenchement d’une réaction

nucléaire en chaîne incontrôlable est beaucoup plus important. D’autres problèmes collatéraux aggravent encore la situation

pour « les pompiers de services » qui se sacrifient pour éviter que la cuve ne fonde pas, en effet l’eau mélangée au bore qui sert à

atténuer les effets d’échauffement de la radioactivité (absorbe les neutrons) est d’une efficacité moindre avec le MOX.

Côté chiffres, ils sont effrayants, la masse de plutonium présente dans le réacteur 3 du site nucléaire de Fukushima Dai Ichi est

considérable, elle se chiffre à plusieurs centaines de kilogrammes, une catastrophe planétaire inégalée, créée par l’homme, est

donc possible pour la première fois dans l’histoire de l’humanité.

Pendant ce temps, même en zappant pas moyen d’y échapper, sur les plateaux de télévision un tandem composé d’un monsieur

qui « sait tout » appelé Eric Besson, accompagné par l’inoxydable NKM qui ne sait rien, mais qui parle beaucoup pour ne rien

dire, n’évoquent évidemment pas le MOX, mais sont les rois de l’INTOX. Avec le MOX Français d’AREVA au Japon, mieuxvaut actuellement adopter un profil bas ! Ce tandem irréel veut rassurer et ils ressassent à qui veut l’entendre que ce n’est pas

la partie nucléaire qui a failli sur les réacteurs de la centrale de Fukushima Dai Ichi, mais les tuyaux, c’est-à-dire les systèmes de

refroidissement et de secours inclus à cause du tsunami, cela est hautement inenvisageable en France, etc … Certaines

problématiques des risques issues des catastrophes naturelles majeures sont par essence ingérables, en conséquence gérer une

centrale atomique avec un risque zéro est donc impossible : sur ce postulat et actualité oblige, les personnes en charge de

responsabilités devraient en tirer les conclusions qui s’imposent.

Andréas Heumann, chercheur au CNRS a déclaré : « Le problème avec le nucléaire, c’est que cette technologie n’est pas

maîtrisable, on peut arriver à garder le contrôle dans des conditions normales. Mais il y a tellement de situations anormales qui

peuvent survenir ».

Source : Next-up.org

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