C'est avec quelque temps de retard que la presse et les médias allemands découvrent le candidat du front de gauche, et, pour tout dire, découvrent l'existence d'un front de gauche.
Visiblement les journalistes allemands ont la fâcheuse tendance, partagée avec les français, de s'orienter sur les médias, toujours les mêmes, qui sont sensés faire opinion et autorité en France.
Si pour le Monde ou le Figaro, seuls trois candidats existent: Sarkosy, Hollande et Lepen, alors la presse Allemande ne mentionne que ces trois là. Pour être honnête ils mentionnent de temps en temps Bayrou, un peu perçu là-bas, comme leur Westerwelle, ce qu'il n'est pas. De plus, après les raclées électorales récentes, les Libéraux ne sont plus très porteurs pour l'audimat, si ce n'est comme souffre-douleurs de journalistes d'émissions de variétés.
Hors, tout bascule cette semaine!
Après avoir boudé la bastille, les sondages semblent avoir eu raison de l'autisme rhénan.
En l'espace de trois jours j'ai noté (mais il y en a sans doute plus) pas moins de deux émissions d'une heure à la radio sur des émetteurs de larges audience (WDR en Nordrhein-Westfalen et Bayerischer Rundfunk) et à des heures de grande écoute consacrées à la montée du front de gauche et sur son candidat.
De même la chaîne télévisée ARD diffuse ce jour à midi une interview exclusive en Allemagne de Jean-Luc Mélenchon.
Non pas en reste, mais précurseurs, la presse hebdomadaire consacre cette semaine leur couverture au (je traduis) « Degaulle assymétrique », pour d'autre au « Jean d'Arc de gauche »,alors que d'autres décerne l'OSCAR à « l'Artiste » du socialisme « à la Française ».
Le Zeit *,même s'il n'échappe pas à la personnalisation à outrance,présidentielle oblige, consacre en page trois:ICI *, une étude intéressante sur les nouveaux rapports de force et l'effritement du front national,
tandis que le Spiegel **,, également, mais, comme à son habitude avec une couverture qui tape, consacre quatre pages à l'analyse des conséquences d'une victoire du front de gauche à la présidentielle et des hypothèses, et sur les législatives qui suivront, et sur l'assemblée constituante qui pourrait être appelée par le nouveau président.
Notons également l'intérêt porté par la presse régionale sur le même sujet.
Pour la petite histoire,le Aachener Zeitung (Aix La Chapelle), s'attarde lui à l'amitié qui existerait entre Madame Merkel et Jean-Luc Mélenchon, et publie une photo prise dans un Kneipe (les pubs allemands) de Cologne, sans préciser les circonstances et la date.
"La politique commande Sarko, mais mon coeur est à Jean-Luc" Angella Merkel.
* L'article du Zeit ICI
** L'article du Spiegel ICI