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Billet de blog 13 septembre 2014

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Ainsi va le monde n°253 - A comme... ABCD

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Bienvenue à toutes et à tous

 A comme... ABCD. Comme les premières lettres de l'alphabet ; comme l'ABCD de l'égalité, plan dont on dit qu'il a été abandonné, mais pas vraiment, mais qu'on reprend, mais sous un autre nom, mais sans en changer la substance... laquelle substance est la lutte contre les préjugés sexistes, laquelle lutte est au programme de l'Ecole depuis des décennies sans beaucoup de succès. Ceci étant, comme disait Albert Camus,ce n'est pas parce qu'un combat est vain qu'il ne faut pas le mener !

 Plutôt que ABCD, dont on ne sait si c'est un acronyme, on aurait pu appeler ce plan B-A, BA puisqu'il est au principe de toute éducation élémentaire qu'on ne contrarie pas un gaucher, pas plus qu'on ne contrarie une petite fille qui veut jouer au foot ou un garçon qui veut jouer à la poupée s'ils en ont envie. Mais les préjugés, dont la nature est de juger a priori des gens et des choses en fonction de critères personnels ou d'apparences, ont la vie dure. Ces opinions hâtives et préconçues sont souvent imposée par le milieu, l'époque, l'éducation. Elles se forgent selon un mécanisme bien rôdé qui consiste à généraliser à partir d'une expérience personnelle ou d'un cas particulier. Ainsi le train qui n'arrive pas à l'heure, justement celui que je dois prendre, deviendra le symbole des dysfonctionnements généralisés de la SNCF. Ainsi, ce chômeur indolent est représentatif de tous les chômeurs magiquement devenus tous des paresseux surtout si ils sont arabes puisque, c'est bien connu, les habitants des pays chauds sont eux aussi indolents et cossards. Et en plus, ils profitent du système !

 Le préjugé a une forte tendance à la démesure, à l'hubris grecque. Il généralise, extrapole, se propage et se répand beaucoup plus aisément que le bon sens. Sentant le danger de cette passion, les sociétés se sont doté d'un lieu où les enfants apprennent – ou devrait apprendre – à se prémunir contre les jugements hâtifs aux effets pernicieux qui ruinent le « vivre-ensemble ». Ce lieu, c'est l'école, la scholé grecque, l'école où le jeune enfant apprend à maîtriser ses passions et notamment celle de dire tout et n'importe quoi sur tout et n'importe quoi.

 C'est le lieu où, dès lors qu'il entre a l'école, l'enfant devient l'élève, celui qui s'élève ou qui va s'élever, c'est-à-dire se détacher de l'emportement, de l'ardeur voire de la violence propre son âge. Ainsi l'école est un établissement, un établissement scolaire. Si l'on veut bien s'attarder une minute sur ce mot qu'on utilise à la va-vite et dont on oublie le sens fondamental, on verra que « l'établissement » c'est l'action d'installer de manière stable et durable des individus dans une situation qui leur permettra d'exercer une activité, ici pour les enfants, apprendre, apprendre notamment à se prémunir de préjugés sexistes, raciaux, xénophobes. A quand l'école tout au long de la vie ?

Ainsi va le monde !

 Didier Martz, 11 septembre 2014

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