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Billet de blog 17 déc. 2013

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Ainsi va le monde n° 224 - A comme... Animal

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 A comme... Animal. Depuis longtemps, l'animal a été tenu comme moins que rien, « faire valoir » de l'homme, instrument à son service ou encore sa nourriture. Aristote, le philosophe grec, il y a déjà 2300 ans, considérait les animaux comme des « nains par rapport à l'homme ». De là, il est normal qu'ils soient domestiqués. L'animal domestiqué représente pour Geoffroy de Saint Hilaire  la main de l'homme transformant par une seconde création cet être en esclave.

 Même s'ils sont promus « animaux de compagnie », c'est toujours pour le bon plaisir de l'homme, de l'homme qui s'ennuie, de l'homme lassé par ses congénères et qui préfère des poupées vivantes dont il peut user à l'envie dans des salons de toilettage.

 L'exemple le plus flagrant de discrédit est celui de l'âne. D'abord, symbole d'humilité et de paix dans le Nouveau Testament, l'image de la bêtise va lui être rapidement accolée. Le porc subit à peu près le même sort. Il aurait pu se flatter d'être comparé à l'homme mais c'est pour porter ses caractères les plus négatifs. Le porc renvoie au ventre et au bas-ventre, il est le symbole de la goinfrerie et de la lubricité. Le loup quant à lui se charge de l'agressivité humaine. Il représente la cruauté de l'homme à l'état de nature. Ce qui fit dire à Hobbes, le philosophe anglais, que « l'homme est un loup pour l'homme » (on dit que le loup, vexé, s'en alla la queue basse!).

La liste est longue de la maltraitance animale. Maltraitance philosophique qui prépare les maltraitances physiques. Pour en savoir plus, on pourra se reporter au bon livre de Armelle Le Bras-Chopard, « le zoo des philosophes. »

Pourtant, les temps changent et la réhabilitation de l'animal est en route. Les associations de défense, la déclaration du droit de l'animal, les travaux de Peter Singer sur la souffrance animale débouchent sur la revendication d'un droit à la sensibilité portée par nombre d'intellectuels.

 Un autre signe de cette réhabilitation est apparu dans un domaine où on ne l'attendait pas : la politique. On se disait communiste, socialiste ou gaulliste. Pour atténuer l'effet, on s'est coloré d'abord en rouge, rose, bleu puis maintenant en vert ou bleu marine. Puis, on s'est déclaré indigné, révolté ou atterré. Aujourd'hui, la métaphore animale, positivée, vient exprimer les revendications des intérêts de groupes divers. On a ainsi les appellations protestataires suivantes : « Sauver les abeilles » pour les assureurs ; les « dindons » pour l'emploi à domicile ; les « vaches à lait » pour les contribuables ; les « pigeons » pour les entrepreneurs et les investisseurs.

 Il est dommage que dans cette liste ne figure pas le « mouton » dont on connaît la spécificité depuis le Panurge de Rabelais : celle de suivre et la capacité à être tondu. Il représente pourtant la plus grande partie de la population. Ainsi va le monde !

 Didier Martz, le 12 décembre 2013

Écouter la chronique hebdomadaire « Ainsi va le monde » sur : RCF Reims Ardennes le jeudi à 18 h 24, le vendredi à 11 h 56 ou la réécouter sur : www.rcf reims-ardennes/Emission/ainsi va le monde ou bien sur Radio Primitive 92.4 en FM le mardi à 14h, vendredi à 9h et samedi à 7h30 ou en podcast

Retrouver toutes les chroniques sur : www.cyberphilo.org

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