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Billet de blog 23 septembre 2014

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254 - H comme... Héliotropisme

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 Bienvenue à toutes et à tous

 H comme... Héliotropisme. Héliotropisme est formé du grec Hélios, dieu personnifiant le Soleil, et du latin tropus qui donne trope et tropisme comme tendance à allers vers, ou être attiré. L'héliotropisme est la tendance des individus à se tourner vers le Soleil et à être attiré par lui. Ce qui explique en bonne part, les migrations estivales vers le Sud des vacanciers et celles plus définitives des retraités. Un comportement hautement justifié lorsque les précipitations dans certaine régions situées au Nord de la Loire ne laissent au soleil que la portion congrue.

 On pourrait aisément rapprocher l'héliotropisme de l'héliocentrisme. A strictement parler, l'héliocentrisme est la théorie physique qui place le Soleil au centre de l'Univers. Théorie qui fut développée au XVIème Siècle par Nicolas Copernic au détriment du géocentrisme dominant qui lui plaçait la Terre au centre de l'univers. En un autre sens de la même manière que l'égocentrisme est un culte rendu sans mesure au Dieu Ego, au Moi, l'héliocentrisme est une vénération excessive pour le Soleil.

Cet hommage au Soleil est rendu lors des cérémonies météorologiques pratiquée sur les chaînes de radio et de télévision à intervalles réguliers et répétées plusieurs fois par jour. Les célébrants – dont le grand maître est Joël Collado qui officie sur les chaînes de radio du service public -, les célébrants dis-je y prennent un parti pris éhonté en faveur du soleil contre la pluie, les averses et Jupiter. Il s'agit là d'une idéologie scandaleuse qui forme et déforme les esprits dont les effets est de faire détester les jours de mauvais temps et de provoquer des consciences malheureuses. Les premières victimes sont les habitants des régions où il pleut pratiquement tout le temps. A Reims par exemple, le nombre de jours d'ensoleillement est de 85 sur 365, statistiques de 2013. Ce qui n'est pas sans effet sur le moral de ses habitants. On en conclut qu'ils sont des êtres froids et maussades par nature alors qu'ils ne font que subir les conséquences fâcheuses et funestes d'une théorie vague, nébuleuse et trompeuse, qu'héliocentrisme j'ai appelé.

 Ce qui n'est pas non plus sans effet sur l'urbanisation et en particulier sur l'aménagement des places. Elles sont conçues contre vents et marées comme si la ville était au sud de la France, continuellement sous le Soleil. Bancs, arbres et pavés semblent vouloir conjurer le sort pluvieux en offrant aux passants un lieu exposé aux vents et à la pluie où personne évidemment ne s'arrête ni ne stationne.

 Au contraire, une place réaliste et adaptée, prendrait en compte les presque 300 jours de pluie de l'année et offrirait des aménagements adaptés, des abris, chauffés l'hiver, des lieux de convivialité où chacun pourrait s'asseoir pour lire, fumer, bavarder ou simplement regarder « la pluie faire des claquettes sur le trottoir ».

 Mais de concert avec les idéologues des bulletins météorologiques, politiques, urbanistes, communicants pour nous tromper ne diffusent que les images d'une ville qui ploie sous les rayons du soleil, écrasée par la chaleur. Jamais de pluie, de parapluie, de gris, de nuages sur les publicités. La pluie n'est pas prête de « devenir une distraction » comme disait les Goncourt. Ainsi va le monde !

Didier Martz, 18 septembre (semaine 38)

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