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Billet de blog 25 mai 2014

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246 - S comme... Solitude

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Bienvenue à toutes et à tous

Scomme... Solitude. Solitude vient de solus, seul. Elle désigne un état d'abandon dont sont atteints nombre de nos concitoyens surtout lorsqu'ils sont gagnés par l'âge. Ils forment d'ailleurs une sorte de désert social soigneusement contenu et limité dans des appartements conçus pour la solitude individuelle ou des établissements spécialisés et dédiés à la solitude collective, où l'on est seul ensemble, alone together. Même si les deux noms ont la même racine, on ne confondra pas la solitude avec le fait d'être solitaire. Certes, solitaire se dit d'une personne seule mais qui a choisi cet état. Contrairement à la personne dont l'isolement lui est imposé.

Néanmoins, solitude et solitaire peuvent coïncider dans leur signification lorsque l'on dit d'un lieu qu'il est solitaire. Il est alors situé en pleine solitude ou à l'écart. Ces lieux les plus hauts et les plus solitaires dont Cocteau notait « qu'ils se jonchent vite de boîtes de conserve et de papier gras ».

 Cent ans de solitude est le titre du célèbre roman, publié en 1967, de Gabriel Garcia Marquez dont la mort est passée presque inaperçue en avril dernier. Il n'empêche. Classé en 2002 parmi les 100 meiIleurs livres de tous les temps, il sera encore dans la carrière alors que les Sarkozy, Hollande, Poutine, Amélie Nothomb, Marc Lévy et le Bertrand-Henry du même nom n'y seront plus.

 Cent ans de solitude est l'histoire de la fondation, de la grandeur et de la décadence d'une famille et d'un village, le village de Macondo, perdu quelque part dans une jungle de Colombie. L'histoire de la famille Buendia s'étend sur six générations. Le village est fondé par plusieurs familles, conduites par José Arcadio Buendia et Ursula Iguarán. Tous deux sont cousins et se marièrent, pleins d'appréhension et de craintes dues à leur parenté et au mythe existant dans la région, qui disait que leur descendance pourrait naître avec une queue de cochon.

 Durant cent ans, la solitude marquera au fer rouge tous les personnages du roman. Le colonel qui la symbolise par un cercle de trois mètres de diamètre tracé autour de lui pour éviter qu'on l'approche; le fondateur du village qui meurt seul accroché à son arbre ; ce couple qui va habiter au loin, esseulé. Le célibat, l'attente, le suicide touchent des personnages du roman comme autant de manifestations de la solitude et de l'abandon.

William Kennedy disait de ce roman qu'il était « la première œuvre depuis la Genèse dont la lecture est indispensable à toute l'Humanité ». Gabriel Garcia Marquez avait le chic des entrées en matière. « Chronique d'une mort annoncée », un autre de ses grands romans, débute ainsi : « Le jour où il allait être abattu, Santiago Nasar s'était levé à cinq heures et demie du matin pour attendre le bateau sur lequel l'évêque arrivait ». Cent ans de solitude s'ouvre par cette phrase qui figurera dans les annales des incipit de la littérature : « Bien des années plus tard, face au peloton d'exécution, le colonel Aureliano Buendía devait se rappeler ce lointain après-midi au cours duquel son père l'emmena faire connaissance avec la glace. » A lire ou à relire. Ainsi va le monde !

 Didier Martz, philosophe pratiquant

jeudi 15 mai 14.

 A écouter ou réécouter sur RCF Reims Ardenne

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