
La lecture des Manifestes est encore hautement réjouissante ! Qui l’eût cru ? C’est toute l’époque (néo-réac à n’en plus pouvoir) qui se replie sur le pathos personnel, se braque contre l’esprit d’utopie, profondément “social” et révolutionnaire, mais il vaudrait mieux dire anarchiste ou même hérétique, véhiculé par le surréalisme. Il y a aussi une dimension révolutionnaire en tant que telle chez les surréalistes : l’humour. Rarement pris suffisamment au sérieux, et pourtant ! Aucun des compagnons ou des enfants du surréalisme n’en ont manqué à commencer par Desnos, les membres du Grand Jeu (Daumal, Gilbert-Lecomte), jusqu’aux mouvements tardifs comme le “Panique” (Topor, Arrabal, Jordorowsky…).
Quant à la psychanalyse… La sorte de quiproquo entre Breton et Freud, ce que l’on sait de leur brève rencontre (“ratée”) est assez intéressante : Breton avait sans doute une vision plus large et plus révolutionnaire de l’idée d’inconscient mais il se trompait probablement sur la nature de cet inconscient (qui est social, ou structural, c’est la même chose, et c’est Lacan qui l’a dit). Lacan qui a été à mon avis beaucoup plus influencé par le surréalisme qu’on ne le dit habituellement. Il suffit de lire ses premiers articles de l’époque de sa Thèse. Quant à son humour absolument ravageur… et créatif, je plains, simplement, ceux qui y sont imperméables…
dm