Eh, mec, eh nana, oui, toi qui es abonné à Médiapart, réponds-moi : as-tu, comme moi, l’insigne malheur de vivre entouré de gens apolitiques, plus concernés par leurs jeux de sous et leur haine de l’étranger au deuxième pastis que par le sort du vivant ? Cours-tu désespérément, comme moi, après la reconnaissance, après l’amour, après les amitiés fortes ? Trembles-tu, comme moi, de ne plus pouvoir t’exprimer, percer les abcès de rancœur, dire ?
Es-tu parfois amer, amère, comme moi, de ne savoir pas quoi faire de tes talents que tu travailles avec acharnement, et de savoir cependant pertinemment d’où vient ce blocage ? Songes-tu, comme moi, à tes cheveux qui blanchissent, à ton enfant, qui est loin, à ta retraite, que tu ne verras pas ? Et penses-tu occasionnellement à la chance que tu as d’avoir tout le matériel nécessaire à la réalisation d’un projet ?
Alors, qu’attends-tu pour me répondre, ami, amie ? Je n’ai pas envie de péricliter dans la solitude de ma banlieue-dortoir de droite.