Le petit Bonaparte a montré au cercle restreint des oligarches de la planète qu’il sait faire. Il sait écraser la Libye comme les Américains l’Irak. Il sait administrer la Grèce comme les Américains jadis. Il sait parler socialiste [1]. Le “socialiste” Obama l’a admis dans la famille lors de l’entretien acté par Ferrari-Poujadas (la voix de l’occident). La dame de fer est absente. Elle pourrait gâcher la fête. Elle gère l’économie, Sarkozy la politique. Elle prépare la suite.
1. Chez les Grecs
Les alliés du pacte germano-français ont convoqué le “socialiste” grec pour lui signifier la décision au festival (des vainqueurs) de Cannes. Obéissance (aux marchés) ou sortie du paradis européen (de l’oligarchie). Le petit Georges (ainsi les Grecs l’appellent) est rentré humilié et seul. Il croyait que soumettre le projet Sarkozy-Merkel au peuple grec ferait honneur au “moteur franco-allemand” [2]. Mais il n’était pas si bête que ça. La veille de la grande décision il a limogé toute la hiérarchie de l’armée. Il sait, comme tout Grec, qu’un jour ou l’autre le tour de la Grèce viendra. L’armada de l’OTAN est toujours prête. Elle attend le signal politique.
La classe politique grecque, corrompue autant que la française, se dépêche pour exécuter le diktat de Sarkozy [3]. Toutes les combinaisons sont possibles sauf la sortie de la Grèce de l’UE. L’ennui, avec le peuple, c’est qu’il peut céder aux mirages de la justice sociale. Il peut devenir incontrôlable. Il faut le calmer.
La classe ouvrière est bien surveillée (usines de petite taille qui empêchent les grèves, contrats précaires, droits réduits, délocalisations, “chiens de garde”, démolition par le PS de toute protection, …). Elle a fourni le gros bataillon à la résistance (1940-44) et à la guerre civile (1946-49). Depuis, elle bien encadrée et punie. Elle reste plutôt fidèle au PC. Elle est hostile à l’Europe.
La paysannerie a été acquise tôt au PS et à l’Europe. Les paysans (surtout les gros ; comme le prince Albert de Monaco) ont bénéficié des “paquets Delors”. La crise de l’Europe et l’humiliation subie ébranle leur sentiment pro-européen.
La petite bourgeoisie est le problème (universel). La petite bourgeoisie éclairée a été traditionnellement tournée vers la France. Le vent de la révolution française a libéré la Grèce. Les Lumières françaises ont une place de choix dans les manuels scolaires [4]. Après la deuxième guerre mondiale, la culture américaine l’a gagnée comme presque toute l’Europe. Elle se lavait avec du savon vert des grand-mères. L’Amérique lui a fourni le même savon mais parfumé. La dictature américaine des colonels (1967-74) lui a révélé que le savon parfumé sentait le sang humain. Elle est devenue européenne. Galeries Lafayette et Disneyland. Et un compte à la Société Générale, en cas. Les jeunes-cadres-dynamiques européens-niveau-international rêvent de devenir DSK. Sex, argent et pouvoir européen. Le petit caporal français est trop brutal (même Demorand le reconnaît). Il va faire fuir la petite bourgeoisie grecque vers l’Angleterre. Mais elle restera européenne.
La bourgeoisie grecque est plutôt européenne. L’espace homogène facilite les affaires. Mais de plus en plus, Allemands, Anglais et Français laissent peu de place sur le marché intérieur. Notre supermarché Carrefour finira par contrôler tout le marché grec. Le grand capital n’investit que peu en Grèce. L’OTAN a ouvert le marché des Balkans et les financiers grecs s’engouffrent. La consolidation d’une bourgeoisie nationale était l’objectif du père Papandréou. Le fils Papandréou s’est appuyé sur la bourgeoisie compradore. D’où son échec.
2. Chez les Français
La Droite se déchaîne contre les Grecs. On n’en veut plus les peuples qui ne travaillent pas comme nous. Sarkozy finira par renvoyer la moche Vénus du beau Louvre aux incultes Grecs. Pourtant, il n’est pas mécontent de la productivité des esclaves Grecs. Il a trouvé sur son bureau à l'Élysée 130 millions d’euros pour l’année 2010, une partie du butin des intérêts de la dette grecque en tant qu’actionnaire de la Société Générale. Le brutal Sarkozy n’a même pas envoyé un mot de remerciements aux Grecs. Hollande, lui, il est humain, il le fera.
La social-démocratie est divisée. Le “candidat du système” est 50% pour et 50% contre [5] ; l’équilibre. Aucun intérêt. Le “Parti Socialiste de l’intérieur” (Montebourg) et le “Parti Socialiste de l’extérieur” (Melanchon) sont d’accord pour que “le peuple grec s’exprime par référendum ”. Or, aucune force politique grecque, aucune, ne veut un référendum actuellement ! Peut-on accuser ces “nouveaux socialistes” de naïfs ? D’ignorants ? [6]. La social-démocratie officielle critique Sarkozy. Trop brutal [7].
Le peuple grec reste pour l'instant spectateur de son propre drame.
[1] Le nombre de ministres et conseillers socialistes de Sarkozy dépassent le nombre des socialistes d’un gouvernement Rocard.[2] Le malin socialiste croyait d’une part, mouiller ainsi la France et l’Allemagne, qui allaient lâcher un jour la Grèce (comme d’habitude) et d’autre part consolider le pouvoir face à la Droite.
[3] Il parait que la présidence de l’UE est assurée par la Pologne. Le petit Bonaparte représente quoi ? Le président de l’UE ? Le président de la commission ? Pourquoi Malte ne parlerait pas au nom de l’UE ? Ou la Slovaquie ? Ou la Roumanie ? … Ou la Grèce. Le pacte germano-français est-il prévu par les textes ?
[4] J’ai toujours pensé (avec exagération) que si les Français honoraient autant que les Grecs la révolution française de 89, il n’aurait ni Pétain, ni Sarkozy. Les normaliens Robert Brasillach et Bernard-Henri Lévy (entre autres) y sont pour quelque chose.
[5] Thiers (!) pense facilement pouvoir manœuvrer Hollande (« c’est un crétin que l’on mènera »).
[6] Le défilé militaire de la fête nationale du 28 octobre a été annulé par les citoyens en colère qui ont occupé la rue. Le président de la république quitte l’estrade et les manifestants mettent sur son fauteuil un chien ! Ils ont mis Diogène à la place de Platon ! Onfray (supporteur de Montebourg et de Diogène) est aux abonnés absents pour expliquer aux gentils socialistes le sens du symbole. Il s’occupe actuellement de la classe ouvrière et de son pacte germano-soviétique !!).
[7] Le plus beau c’est Demorand. Le normalien Demorand (de Libération, de la banque Rothschild) déplore le traitement inhumain qu’on a infligé aux Grecs. Il fallait le faire avec douceur comme à la SPA. Il verse une larme. On a trop humilié les Grecs. Ah, ce Sarkozy, il nous déshonore … Le pauvre illettré politique ne sait pas que celui qui déshonore le peuple grec est le socialiste Papandréou, président de l’Internationale Socialiste. Celle qui déshonore la France est la vice-présidente de l’Internationale Socialiste (Eh, oui et “si c’était elle ?”). La brutalité de Sarkozy, la douceur de Hollande et vive l’Ecole Normale.