L'oeuvre philosophique de monsieur BHL s'enrichit de jour en jour. Après la défense royale de Polanski, voilà la défense impériale de DSK. Je me permet de commenter rapidement le paragraphe de sa conclusion, inspirée de R. Badinter, sénateur socialiste.
« Je maintiens qu’en donnant de Dominique Strauss-Kahn cette image avilie [1], puis en insistant lourdement [2] sur son enfermement dans le quartier de la prison de Rikers Island [3] réservé aux détenus porteurs de maladies transmissibles [4] et en assortissant sa remise en liberté [5], enfin, de conditions dignes d’un chef de la mafia [6] et, là encore, inutilement blessantes [7], on a fait comme s’il était déjà coupable [8] et on a donc porté atteinte au principe, pilier de toute justice [9], de la présomption d’innocence [10]. »
[1] « image avilie ». Il s'agit effectivement surtout de la presse Murdoch, cette presse de droite trash grâce à laquelle DSK est devenu « populaire » dans le monde. « Personnalité considérable » dira de DSK le professeur Badinter de chez Publicis. Personnalité considérable, d'accord ; mais en quoi ? Les experts en économie vous diront que la seule fois où Walt Street Journal l’a cité c’était lors de son aventure avec une de ses chefs de service au FMI. Connaissez-vous un chercheur en économie qu’il a cité dans ses travaux (sauf références croisées) ? Les Grecs l'ont déjà immortalisé : « Il est plus facile de sauter un peuple entier qui ne résiste pas qu’une femme de chambre qui résiste. »
[2] « insistant lourdement sur son enfermement ». Il s'agit principalement du journal Libération, propriété du groupe Rothschild et de BHL et du journal Le Monde, propriété du groupe Bergé-Niel-Pigasse et BHL dans son conseil de surveillance. La discrétion du Figaro, de Serge Dassault n'étonne pas le couple BHL-Badinter ?
[3] « prison de Rikers Island ». Effectivement, ce n'est pas l'hôtel particulier de la place des Vosges, ni l'hôtel Raphaël. Aux States il n'y a pas de prisons cinq étoiles, car elles ont été faites pour la racaille de la banlieue universelle.
[4] « réservé aux détenus porteurs de maladies transmissibles ». L'inquiétude de BHL est infondée. Il est peu probable que DSK saute sur la première détenue qui a le Sida dans la cour de la prison. Par contre, la femme de chambre de la suite 2806, habitant le quartier réservé aux malades du Sida, si comme les avocats l'admettent, a eu une relation avec Domi, il faut que ce dernier parle à sa femme, victime universelle.
[5] « sa remise en liberté ». Effectivement, quelques jours après la vive protestation de M. Badinter, le juge américain a obéi et a libéré le non présumé coupable. Il a même humilié cette personnalité hors pair en réclamant une caution de cinq millions de dollars contre dix millions à Madoff qui n'a violé personne.
[6] « la mafia ». Hallucination de la part de ce membre éminent du Conseil de surveillance du Monde. Il s'agissait évidemment de l'avocat de DSK, Benjamin Brafman, avocat bien connu de la mafia américaine.
[7] « inutilement blessantes ». Le Prix Nobel de la paix Elie Wiesel, ami de BHL, a qualifié le génie de la Finance Bernard Madoff, de « psychopathe qui devrait être placé à l'isolement ». L'hystérie inutile d'une partie de la communauté juive américaine contre cette personnalité considérable du monde de la finance avant le procès du présumé innocent avait été remarquée en 2009.
[8] « pilier de toute justice ». Faut-il en conclure que Ben Laden est à jamais présumé innocent, surtout qu'il n'a jamais revendiqué les faits reprochés ?
[9] « comme s’il était déjà coupable». De qui il parle le normalien ? Les médias de l'oligarchie groupe Rothschild, groupe Bergé-Niel-Pigasse, groupe Dassault, Europe 1 (Lagardere - Olivennes ), BFM-TV (Olivier Mazerolle : « Et s'il a sauté une femme de chambre, on s'en fout ! ») ont été d'une complicité exemplaire, s'alignant sur le mot d'ordre Badinter-Daniel-BHL. Qui, parmi les journalistes et hommes politiques en France, a dit que DSK était coupable ?
[10] « la présomption d’innocence ». C'est une astuce de la classe supérieure qui n'aime pas être humiliée le laps de temps jusqu'au non lieu. Un jeune de la banlieue francophone n’est jamais présumé innocent. Il est coupable même s’il n’a rien fait. Le président Sarkozy a même inventé le « présumé coupable ». Un voyou de la haute classe « civilisée », ce n’est pas pareil. « Un peu de retenue, s’il vous plaît, il est présumé innocent ! » dira le sénateur Badinter. La plupart des fois le non lieu clos la discussion.
Le principe de présomption d'innocence est à géométrie variable chez BHL. Le 28 janvier 2009, au tribunal de Lyon, lorsque l'avocat le questionne : « Que faites-vous de la présomption d'innocence ? » il répondra « Quand la victime est morte, à peine pleurée par les siens et qu'on connaît le coupable, j'avoue que j'ai peut-être tendance à oublier cette présomption d'innocence ». (voir la vidéo sur la toile). Imaginer BHL défendre la présomption d’innocence de Ratko Mladic.
La véritable présomption d'innocence, à laquelle j'adhère, est affirmée par l'article 9 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 : « tout homme étant présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable ... ». Il mettait fin, au moins en principe, au troussage de domestiques et au droit de cuissage, principes du droit naturel de la classe dominante.