Un gouvernement socialiste moderne composé de meilleurs éléments des universités de Harvard, MIT, LSE [1] n’a pas réussi le moindre progrès en matière économique. Le chômage de l’ère du “professeur Papandréou” est passé de 9% à 18,4%. Il n’existe plus un seul service public qui fonctionne correctement. Les Grecs sont plus pauvres que sous la dictature des colonels (1967-74). La contestation sociale s’est amplifiée de jour en jour jusqu’au point de non retour.
Les socialistes n’ont pas réussi à imposer la grande austérité durable réclamée par l’Europe (marchés, banques, oligarchie). Pire encore, ils n’ont pas réussi à maîtriser le peuple. Le Parti communiste, les radicaux (SYRIZA) (moins de 15% du corps électoral) et les indignés, joints par des patriotes et des humanistes menaçaient la pérennité du système bipolaire et surtout mettaient en cause les banques et le système mafieux européen. Il fallait arrêter ce mouvement de contestation qui pourrait faire tache d’huile dans toute l’Eurore.
Pour arrêter un mouvement social important, si la classe supérieure nationale est défaillante, la superstructure européenne s’en charge. C’est le but du pacte germano-français, dont Sarkozy et Merkel (politiciens nationaux médiocres et autoritaires) sont appelés à maintenir la “pax romana” par tout moyen y compris l’OTAN [2].
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Le petit Georges (Harvard, LSE) ne faisait plus l’affaire. Merkel et Sarkozy (Merkozy chez les Grecs) ont réussi à imposer un de leur, Lucas Papadémos [3], du noyau central du personnel politique de la bourgeoisie internationale, banquier de première classe (MIT, BCE), membre de la Commission Trilatérale depuis 1998 et “ami de l’Amérique”. Imaginer le banquier Jean-Claude Trichet premier ministre de la France, réclamé par Hollande-Sarkozy-Le Pen ! M. Papadémos [4] est un des artisans du maquillage de la comptabilité grecque avec Goldman Sacks et un farouche ennemi de la restructuration de la dette grecque. Dans ce sens, il est “crédible”, comme Le Figaro le signale avec soulagement. Le Medef grec est satisfait : “ la dernière chance pour le pays”. Les Bourses remontent, Bloomberg, CNN, Fox News, BBC, France 24 saluent le sauveur. Paris et Berlin appellent à la “coopération”. L’église et les armateurs sont aux anges. Tous satisfaits sauf le peuple [5]. La seule et unique fonction du gouvernement Papadémos est la signature de l’accord Merkozy-Papandréou du 26 octobre, qui condamne les Grecs à l’austérité jusqu’à 2021 avec des mesures plus sauvages. Pour ce faire une seule solution : Les pleins pouvoirs à un homme fort qui jouit le soutien de Merkozy [6]. Le Parti Socialiste avait préparé les esprits dès Juin : L’union nationale pour sauver la Grèce ! [7] Le Parti Socialiste, la Droite et l'extrême Droite, la main dans la main, pour sauver la patrie ! [8]. Imaginer Le PS, l’UMP et le FN ensemble pour sauver la France !!!
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Un gouvernement d’union nationale vient souvent avant la guerre. La guerre (en Europe pour l’instant) ne se fait pas par des généraux mais par les élites des “meilleurs” universités. Il ne faut jamais laisser aux socialistes faire ce que les libéraux purs savent faire le mieux. Le peuple grec ne réclame pas de l’argent. Il réclame sa souveraineté nationale, sa dignité, sa liberté. "Pain, éducation, liberté".
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Les gouverneurs du pacte germano-français essaient de rendre la situation en Grèce irréversible. Dans les « extraits d’un carnet noir » (p. 129) de son roman La Conspiration, le philosophe Paul Nizan précise la tâche de l’homme : « L’homme n’a jamais rien produit qui témoignât en sa faveur que des actes de colère : son rêve le plus singulier est sa principale grandeur, renverser l’irréversible ». Renverser l’irréversible. Ce travail herculéen que les Grecs sont appelés à réaliser pour eux et pour nous.
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L’intimidation est bien sûr une vieille tradition des Etats-Unis. Quand il s’est adressé à l’ambassadeur de Grèce en 1965, le président Lyndon Johnson lui a déclaré : « Votre parlement et votre constitution, vous pouvez vous les foutre au… Les Etats-Unis sont un éléphant. Chypre est une puce et la Grèce est aussi une puce. Si ces deux continuent à gratter l’éléphant, ils pourraient bien recevoir un grand coup de trompe, une belle rossée. » Il pensait ce qu’il disait. Peu de temps après, les colonels ont pris le pouvoir en Grèce, avec l’aide des Etats-Unis, et le peuple grec a passé sept ans en enfer [9].
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Mes concitoyens Français, souhaitez-vous payer la dette sous Hollande sans émeutes ou sous Sarkozy avec émeutes ? Sauf si vous préférez la solution Holande-Sarkozy avec Trichet à la tête (exactement comme on a choisi pour les Grecs). Le grand-père de Papandréou, centriste, appelé par les socialistes grecs “le vieux de la démocratie”, disait : “nous n’avons pas à choisir parmi les tyrans. Nous refusons absolument la tyrannie”.
[1] Les historiens nous diront que la composition de l’équipe dirigeante grecque de point de vue universitaire est une des meilleures du monde.[2] Le pauvre Papandréou a limogé tous les généraux de l’armée la veille de l’accord avec Merkel et Sarkozy. Et son pathétique cri au Parlement “il y a le G20, mais avant tout il y a le peuple” n’a pas réussi a soudé même ses députés.
[3] Les missi dominici (Papadémos à Athènes et Monti à Rome) étaient envoyés par Charlemagne pour contrôler les comtés de Grèce et d’Italie. Ils avaient comme mission de “dresser la liste des rebelles et désobéissants, si grands soient-ils” (manuel d’histoire de CM1).
[4] Papadémos pour Le Monde, Papademos pour le reste de la Presse française, Papadimos pour le reste de la planète. Démocratie et Papadémos ne riment pas ! Si “démocratie” signifie “pouvoir du peuple”, “papadémos” veut dire “Père du Peuple” comme Louis XII qui avait diminué l’impôt des roturiers. Un vieux journaliste PS commentait à chaud la première déclaration de Papadémos : “ il parle correctement le grec ! ” Il pensait à Papandréou (“l’américain”) ... qu’il a soutenu.
[5] Il n’y a pas un Grec qui pense que la situation va s’améliorer dans les années à venir.
[6] Le consensus cher aux “socialistes” Guy Mollet, Rocard, Hollande, ... Consensus en novlangue signifie faire payer le peuple.
[7] Le 10 juillet 40 Pétain a obtenu la confiance de 87,7% des élus (Parti Socialiste (sauf les courageux), Droite, extrême Droite). Dans quelques jours, Papadémos aura le soutien de 86,33% des députés du Parlement (160 PS (sauf 7 courageux) + 91 Droite + 15 extrême Droite ; 259 sur 300 députés). Après la tragédie française la farce grecque. Le nouveau gouvernement Papadémos est composé de 48 membres dont 3 femmes (39 PS, 6 droite et 4 extrême droite). La grande bouffe !
[8] Le leader de l'extrême Droite a qualifié sa participation au gouvernement d’union national de “rêve d’une vie”. Il y a eu “osmose” a-t-il dit. La Droite est retissante. Elle risque “de payer les conneries des socialistes” !
[9] Ce passage est un extrait de l’intervention de Harold Pinter devant la Chambre des Communes contre le “socialiste” Antony Blair.