Dimitri Latsis

Abonné·e de Mediapart

147 Billets

0 Édition

Billet de blog 15 octobre 2012

Dimitri Latsis

Abonné·e de Mediapart

Le douloureux problème des émigrés

Dimitri Latsis

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

[PENELOPPE m'a interpellé : « Si tu étais ministre de l'intérieur, tu ferais quoi ? ». Citer Saint Paul de ma part n'était pas suffisant. Voilà le résumé d'un texte ancien que je lui soumet. Suis-je si islamogauchiste ? Je reviendrai avec d'autres propositions.]

Il y a un problème français de l'émigration. De celle que nous recevons chez nous, le lecteur l'aura tout de suite entendu. 11 n'est, grâce au ciel, nullement question pour les Français de fuir leur sol natal, encore que des plumes malveillantes de l'étranger, dans une transparente intention, s'acharnent à représenter la France sous les traits d'un pays livré aux convulsions révolutionnaires et dans lequel il devient dangereux de vivre.

Nous avons voulu dire que les véritables migrations humaines auxquelles donnent lieu certains régimes politiques et sur lesquelles la Conférence de l'Europe a de nouveau appelé l'attention, que l'ampleur de l'exode en direction de la France, en particulier, placent notre pays devant un problème personnel. Les éléments de la réponse sont complexes, Ils devront être cherchés dans nos propres conditions démographiques (exiguïté numérique de notre population, pauvreté de notre natalité) et dans la qualité de l'importation humaine (que l'on veuille bien excuser l'affreux matérialisme des mots). Nous ne devrons, enfin, pas négliger l'aspect moral de la question devoir d'humanité et aussi de fidélité à une réputation proverbiale d'hospitalité.

A cette tradition de la France, « terre de refuge des proscrits », il est très clair qu'il y a un revers. Il ne faut pas que l'honneur devienne péril. Le problème comporte deux aspects un aspect arithmétique et un aspect moral.

Il est trop clair que, quand le volume d'importation étrangère atteint un certain degré, quand la « cote du danger» est atteinte, il n'est pas de considération d'hospitalité, ni de tradition, ni même d'humanité qui puisse intervenir.

Il est très clair aussi que beaucoup d'éléments toxiques se sont glissés en France depuis la guerre à la faveur des transformations politiques dans les Etats totalitaires. Notre pays a souvent été étrangement mal payé d'avoir si largement ouvert ses frontières.

La proportion des étrangers dans le chiffre des arrestations est là pour en témoigner. Les Etats totalitaires nous ont généreusement fait cadeau de leurs bacilles.

Il faut que les étrangers, qui parfois s'étonnent de certaines résistances et de certaines incompréhensions, voient bien cela. Il est nécessaire qu'ils voient clairement que c'est le perfide travail de certains éléments qui est responsable de la fermeture de beaucoup de portes et de cœurs, que c'est la mauvaise émigration qui a nui à la bonne, que l'agitateur a souvent fait tort au réfugié.

Tout cela précisé, il faut dire bien haut qu'il y a des détresses auxquelles nous ne pouvons nous refuser. C'est l'honneur de notre pays que, à l'heure même où tant de tâches pressantes le sollicitent au dedans, il ne sache point fermer son cœur au spectacle de la détresse d'autrui. L'expulsion impitoyable et immédiate de l'agitateur, l'accueil au malheureux ce devrait être la devise d'une charité qui ne connaît pas de frontières. Je crois qu'il suffirait à tout Français d'avoir vu certains « arrivages » de proscrits, dénués de tout, ayant à la lettre tout perdu, argent, pays, famille, pitoyables épaves morales et matérielles, gardant dans le regard l'expression peureuse et instable de l'animal traqué, je crois qu'il suffirait à tout Français d'avoir eu sous les yeux cette mélancolique écume de la vague de l'exil, pour oublier d'un coup les résolutions de « fermeté » à l'égard de l'immigration.

Sans doute des précautions, des interrogatoires, des discriminations, sont indispensables. La pitié aveugle est une mauvaise pitié. La phrase : « Qu'ils aillent se faire pendre ailleurs » devient impossible dés l'instant que nous devons qu'elle n'est pas une image.

Mais nous avons le devoir de rester justes et de demeurer humains. On nous dira : les nôtres d'abord ! et c'est une juste parole, à la condition qu'on l'applique. Sans doute, il existe pour nos œuvres a nous un droit d'antériorité naturel et légitime, cependant le mot « d'abord » comporte en stricte logique une suite et un complément. La formule : les nôtres d'abord implique « les autres ensuite ».

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.