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Billet de blog 20 octobre 2011

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La tragédie grecque

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En Grèce, depuis deux jours la n-ième grève générale contre les mesures d'austérité qui n’en finissent pas depuis deux ans. Les mesures dites Papandréou-Merkel-Sarkozy au nom de l’Europe.

Les Grecs ne sont pas si bêtes. Ils savent qui a organisé ce gigantesque hold-up : l’oligarchie grecque commanditée par la France et l’Allemagne. Les Grecs entre eux parlent de la troïka (BCE-FMI-UE).

* * *

Quelques témoignages des gens dans la rue, parus aujourd’hui dans le journal TA NEA (centre-PS).

Je vis avec la fille de 15 ans. Je gagnais 2170 euros net par mois. Cette année, j’ai 1000 euro, 60% de moins que l’an dernier. Je paye 800 euros à la banque pour le remboursement du prêt sur 21 ans de mon appartement.


J’ai deux enfants de 21 et 22 ans au chômage. Ma paye a été diminuée de 25%. On ne peut pas vivre à quatre avec 1200 euros.


Je suis diplômée de l’Ecole de tourisme. Les agences de placement ferment les unes après les autres. Je ne sais pas si je trouverai un travail.


J’ai deux enfants de 2 et 5 ans. Je gagne 400 euros de moins que l’an dernier et je paye 400 euros à la banque pour le prêt. Si je savais ...


Après 32 ans de travail je gagne 600 euros de moins que l’an dernier. Ma femme à la retraite. J’ai 800 euros de prêt à rembourser. Mon fils est étudiant et ma fille au chômage.

* * *

La situation

La Grèce avait un déficit de 300 milliards (la France 1.690 et les Etats-Unis 14.000 milliards). Ce déficit est dû à la politique libérale (baisses d'impôts directs, privilèges, impôt sur les sociétés très bas, cadeaux aux banques, cadeaux au patronat, corruption). En Grèce, les impôts directs représentent 17% des recettes contre 17% de la TVA. La fraude fiscale des classes supérieures est un sport national. Les armateurs grecs (première flotte mondiale) contribuent moins que la totalité des étrangers en Grèce. Les pauvres payent plus que les riches !

L'Europe (aujourd'hui l'axe franco-allemand) oblige les pays de l'UE à emprunter aux banques privées. La dette grecque est possédée essentiellement par les banques françaises et allemandes. Aucun gouvernement de droite ne pouvait pas imposer de telles mesures monstrueuses sous peine de déstabilisation complète du régime voire une insurrection. La social-démocratie grecque (imaginer chez-nous les gentils DSK-Rocard-Delors-Aubry-Hollande) a été appelée au pouvoir pour garantir le remboursement des banques, grecques et étrangères, en imposant une austérité jamais vue dans le pays et en éliminant toute trace de conquêtes ouvrières par la démolition du Code du Travail.

Les mesures d’austérité depuis deux ans sont méthodiques, graduelles et planifiées. Elles dépassent et de loin les mesures de Mme Thatcher et de M. Cameron.


Scénario « catastrophe »

Supposons qu'un gouvernement démocratique arrive au pouvoir en Grèce. La première chose qu'il fera c'est annulation de la dette odieuse (ce que réclament les forces de Gauche non européïstes et les « indignés » dans tout pays). La France impériale (Sarkozy-Aubry-Hollande) fera quoi ? Envoyer la flotte pour bloquer le port du Pirée comme elle a fait en 1843 pour la même raison ? Ce sera tragi-comique. Le port est déjà vendu aux Chinois ! Ca pourrait provoquer une guerre mondiale !!

Mais le plus important n'est pas là. Les trois banques françaises les plus exposées (ayant prêté plus qu'elles en possèdent) feront faillite comme Lehman Brothers. Et les Français seront obligés de vendre Versailles (à qui ?), comme le Figaro et Bild proposent aux Grecs de vendre l'Acropole.

Le problème n'est pas grec mais franco-allemand. On notera que les autres pays de l'UE n'ont pas droit au chapitre. On comprend pourquoi Merkel-Sarkozy soutiennent à fond, le premier ministre socialiste et président de l'internationale socialiste (!), contre leurs représentants locaux libéraux purs. La droite officielle (son président à fait Harvard) veut réexaminer les conditions de la dette avec les banques françaises et allemandes ! Il a été convoqué d'urgence à Bruxelles et humilié par Merkel. Le Figaro ignore l'existence de la droite grecque …

Si l’Allemagne, pour des raisons historiques, n’a jamais eu bonne presse en Grèce, par contre, la France a perdu la sympathie qu’elle jouissait traditionnellement.

(mise à jour de notre billet de juin)

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