Papandréou à Harvard
La prestigieuse université de Harvard vient de recruter comme professeur le citoyen américain Georges Papandréou. Il commencera le lundi premier octobre à 16h, salle 166 (pour les intéressés) [1]. Son cours s’intitule « (re)designing Europe ». Il expliquera comment il a sauvé la Grèce et les perspectives pour une Europe socialiste dans la paix universelle.
Dans son groupe de travail on trouve le professeur Richard Parker, Senior Fellow Shorenstein Center, conseiller économique de 2009 à 2011 de … Georges Papandréou.
Le premier cours du 24 septembre était assuré au pied levé par son ex ministre de la culture, le socialiste Geroulanos, pur produit américain de premier plan.
Speakers Associates est « un bureau d’intervenants hors de l’ordinaire ». M. Papandréou en fait partie. Si vous souhaitez l’inviter pour une conférence ou un discours de clôture de dîner vous pouvez le louer pour 30.000 dollars la soirée, sauf si vous préférez Joseph E Stiglitz (socialiste et prix Nobel) ou Jacques Attali (Advisor to President Sarkozy).
Si votre pays a un problème de dette vous pouvez faire confiance à Papandréou et son réseau (son fidèle ami Josef Ackermann ex de la Deutsche Bank, le fils d’Olof Palme, l’ex boss du FMI Strauss-Kahn, l’ex ministre suédois Leif Pagrotsky et autres experts de premier plan). Il fera appel aux meilleurs équipes de sauvetage du monde (Michèle Lamarche et Daniel Cohen de la Banque Lazard, ou les économistes hors classe de Goldman Sachs). Tout ce monde est certifié authentique par le renommé club Bilderberg et par l’Internationale Socialiste.
Grâce à son dynamisme et ses résultats brillants l’ex premier ministre du protectorat grec a été reconduit à l’unanimité à la présidence de l’Internationale Socialiste. Mme Royal a été réélue également vice-présidente à ses côtés. Le Socialisme a de l’avenir.
Le socialisme en action
En novembre 2009, Georges Papandréou élabore le plan de sauvetage de la Grèce. Il appelle ses amis de la Goldman Sachs qui proposent de maquiller les comptes (et vendre une partie de la dette aux Chinois) comme ils ont fait en 2001 avec Simitis, socialiste historique. Le premier ministre grec refuse (trop risqué) et fait appel (décembre 2009) à son ami socialiste Strauss-Kahn lequel conseille Lazard-France comme solution de remplacement (février 2010).
Goldman Sachs se venge en déclenchant des représailles. Les deux agences de notation Fitch et Standard and Poors liées à Goldman Sachs par BlackRock commencent à mal noter la Grèce et font ainsi envoler les spreads.
Lazard-France, concurrent de Goldman Sachs, contre attaque par son journal Le Monde. Il faut lire les articles du journal sur la « pieuvre » à partir du début 2010 ; on dirait qu’ils ont été écrits par Fr. Lordon ! « Goldman Sachs gouverne l'Europe ». Les naïfs croient toujours aux convictions démocratiques du journal de Pigasse [2]. Ce beau travail a été couronné par l’entrée de son directeur Érik Izraelewicz dans le club prestigieux Bilderberg le 31 mai 2012.
On peut se poser la question qui de Lazard ou de Goldman Sachs est plus performant. Difficile de trancher. En tout cas, Lazard avec son équipe peut s'enorgueillir de sa stratégie des dilemmes savamment distillés tout le long de la crise : faillite ou mémorandum, mesures d'austérité ou non versement de salaires, dans l'euro ou catastrophe nationale, dans l'Europe ou disparition de la Grèce, alliance PS-Droite ou aventure communiste, ... Le contrôle de l'opinion publique semble être plus performant par les Français que par les Americains. [3]. En somme, la finesse française face à la brutalité anglo-saxonne.
Pour sauver la Grèce, il a fallu d’innombrables déjeuners. Ce qui me frappe c’est la différence entre les libéraux de Goldman Sachs et les socialistes de Lazard-France. Pour les premiers le restaurant standard haut de gamme, classe affaires pour jeunes cadres dynamiques de niveau international, au Roof Garden Restaurant du luxueux hôtel Grande Bretagne face au Parlement.
Pour l’équipe Lazard (Mathieu Pigasse, Michèle Lamarche, Daniel Cohen - qui ne sort de l’Ecole Normale que le mercredi), l’Abreuvoir, restaurant français (!) paradisiaque pour chercheurs, ministres, créateurs, aux pieds de l’Acropole. On sert du vrai Bordeaux à la place du Coca.
Néanmoins, il reste l’incompréhension et l’ingratitude des Grecs. Il importe d’envoyer une équipe, de préférence européenne, pour éduquer le peuple grec qui n’a rien compris et manifeste en permanence, comme les barbares, contre ses « médecins » (l’expression est de l’excellent DSK [4]).
Notes
[1] Le cours devait commencer le lundi 24 septembre, mais l’ex premier ministre grec se baladait avec Mme Royal dans les couloirs de l’ONU pour une réunion de l’Internationale Socialiste. Mme Royal a provoqué un incident diplomatique avec « le père de ses enfants ».
[2] Je rappelle aux jeunes socialistes qui croient que « la démocratie c'est quand les gens votent » que l'achat du Monde était le cadeau de Mathieu Pigasse à Strauss-Kahn pour sa campagne électorale, bien avant son « comportement inapproprié » du 14 mai 2011, malgré l'opposition de Sarkozy.
[3] Le lendemain de l'arrestation de M. Strauss-Kahn à New-York un sondage en France montrait que 57% des Français (dont 70% de sympathisants socialistes) pensaient que DSK était victime d'un complot ! (sondage CSA, 17 mai 2011). Ils sont très forts.
[4] Il y a trois jours, M. Strauss-Kahn se reposait à Athènes à l'hôtel Electra de la rue Hermou, la rue des magasins pour femmes. Il a dîné au Rich à Glyfada, sur la côte d’Apollon, restaurant select à la mode. Le socialisme français est multiforme.