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Billet de blog 23 octobre 2024

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La nécessité de renforcer les politiques pour une Europe Sociale

L’Institut ETERON à Athènes, en collaboration avec la Fondation pour les études européennes progressistes (FEPS), ont présenté l'édition grecque du livre de Björn Hacker, «L'Europe sociale: De la vision à la pratique dynamique». Le livre souligne l'importance de l'Europe Sociale et la nécessité constante d'un équilibre entre croissance économique et inclusion sociale.

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© ETERON Institut

L’Europe se trouve à un autre carrefour critique. Les urnes des élections européennes ont montré un mécontentement à l'égard des grandes familles politiques, mais sans mettre en avant des solutions politiques fortes, alternatives et durables. Des solutions qui ne peuvent certainement pas venir des partis ultraconservateurs, des partis eurosceptiques ou des partis d’extrême droite.

Les citoyens, qu'ils aient voté ou qu'ils se soient abstenus, ont envoyé des messages importants aux 27 États-Membres. Ils attendent davantage des dirigeants politiques bruxellois, tout comme ils attendent davantage des partis progressistes. Une partie importante de l’électorat a eu recours à un vote de protestation, soutenant les options régressives. Les crises superposées, dites «polycrise» pour la résumer dans un terme qui domine la littérature contemporaine, de la crise financière de 2008 à la pandémie en passant par le coût du logement et plus largement le coût de la vie, n’ont pas été convaincantes et la société réagit aux impasses de manière imprévisible: parfois en s’abstenant, parfois en désapprouvant, parfois en soutenant des forces politiques extrêmes allant de l’extrême droite au nationalisme et au complot.

Les élections européennes de 2024 ont confirmé la montée des forces d’extrême droite dans l’Union Européenne (UE), une tendance observée depuis 2014 et qui atteint régulièrement son apogée. Si l’espace d’extrême droite était uni, il constituerait la deuxième famille politique la plus puissante électoralement, et c’est une chose qu’on sait à Bruxelles, même si cela est rarement mentionné publiquement. Mais cet espace n'est pas uni, il est fragmenté, il souffre de luttes et de conflits internes, ce qui donne la possibilité (et le temps aussi) aux forces démocratiques européennes, à celles qui revendiquent un modèle économique durable pour l'UE et la zone euro, de ouvrir leur rythme, comprendre pourquoi ils ne sont pas convaincants, changer de stratégie, parvenir à construire des ponts de coopération tant au Parlement Européen qu'au sein des Parlements Nationaux et, bien sûr, faire face au mécontentement et à la pression sociale croissante.

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© ETERON Institut

L'une de ces pressions est d'ordre social, dans son impact sur la dimension sociale de l'UE, sur les politiques mises en œuvre ou non, sur l'efficacité de leur mise en œuvre, sur un ensemble de règles qui traversent la législation européenne et se résument à systèmes juridiques des 27 États-Membres. À l'Institut ETERON, nous accordons une grande importance à la dimension sociale des politiques mises en œuvre, et c'est exactement ce que nous avons fait avec la question des élections européennes et ce qui suivra dans les années à venir par rapport au nouveau mandat de la Commission Européenne et du Parlement Européen, en essayant de mettre en valeur les avantages de l'Europe Sociale. Il s'agit d'un pilier politique avec une application pratique, ainsi que des inconvénients qui se manifestent au cours de la mise en œuvre de la politique sociale, dans le chevauchement à plusieurs reprises de l'intégration économique sur l'intégration sociale qui laisse des questions sans réponse au sein du l'Union, comme les inégalités accrues, l'écart entre les sexes dans un certain nombre de domaines, les différentes dimensions de l'exclusion sociale, les différents développements sociaux qu'elles connaissent, la protection sociale dont bénéficient les sociétés européennes.

Le livre de Björn Hacker, initialement publié en anglais dans le cadre de «Primer Series» de la FEPS et traduit en grec par l'Institut ETERON, constitue une contribution extrêmement critique au débat sur l'Europe Sociale, aux actions lancées à la fin des années 1950 pour que l'Europe sociale devienne une réalité, ainsi qu’aux étapes vers la convergence et l'intégration économique et sociale. Comme le note l'auteur, le chemin est long et les défis sont nombreux, mais il est vécu comme un processus continu qui a ses obstacles et ses fissures, il est remis en question et inversé, mais il n'a jamais été abandonné ou «enterré» sous les diktats d’un modèle économique néolibéral. L'examen historique, mais aussi les traités, les directives, les initiatives, le droit dur et le droit doux de l'UE, montrent que le chemin vers une Europe Sociale est devant nous et est laissé aux forces progressistes, et plus largement à tous les forces démocratiques, les partenaires sociaux et la société civile, à former les associations appropriées pour prendre de nouvelles mesures et surmonter efficacement les obstacles du passé.

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© ETERON Institut

Dans ce contexte, le livre de Björn Hacker, présenté le 18 octobre lors d'un événement à Athènes avec la participation de Christos Papagiannis, directeur de ETERON, László Andor, secrétaire général de FEPS et Christian Salm, chef de cabinet de Maria João Rodríguez (Présidente de la FEPS), couvre un large éventail des domaines de recherche tels que le fonctionnement de l'UE, les questions de genre, la crise climatique, le commerce et le développement économique - ce qui le fait un excellent outil d'apprentissage, un guide recensant les mesures prises, mais aussi une lueur d'espoir pour l'avenir de l'Europe Sociale, telle qu'envisagée par les hommes politiques et intellectuels Européens et telle que recherchée par les jeunes générations.

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© ETERON Institut

Nous nous trouvons à un nouveau tournant critique de l’histoire de l’Europe, et l’un des plus grands dangers qui nous attendent, outre la montée des forces régressives, est celui de l’oubli. Quand le passé n'éclaire plus l'avenir, l'esprit marche dans l'obscurité, disait Alexis de Tocqueville, et ce message reste plus que jamais d'actualité aujourd'hui. Face à un environnement d'insécurité, de peur et de remise en question des étapes cruciales franchies depuis près de 70 ans vers l'intégration sociale de l'UE, nous devons faire face à l'obscurité idéologique et revendiquer un avenir meilleur et plus sûr pour la majorité des citoyens Européens. 

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