En France, il existe un organisme de contrôle des molécules mises sur le marché. Après s’être appelé AFSSAPS, on dit aujourd’hui ANSM (agence nationale de sécurité du médicament). Voilà qui devrait nous rassurer.
En réalité, si j’en crois certaines études réalisées par des spécialistes (comme celle des professeurs Even et Debré en 2012 (à partir de la compilation de 20 000 études), eux-mêmes condamnés depuis pour manque de confraternité !), malgré ce supposé contrôle, non seulement la France gaspillerait plus de 10 milliards d’euros par an (au travers de l'assurance maladie) avec des médicaments inutiles, mais une bonne partie d’entre eux (entre 5 et 20%) seraient même très dangereux.
Nous avons tous en mémoire les dégâts du Médiator ou du Gardasil (contestés par les laboratoires), ou encore du Sibutral, du Vioxx, du Buflomedil ou du Roaccutane, du Sifrol, du Tramadol, du Protelos , des génériques du Levothyrox (m.a.j 2017), Androcur et tout récemment de la Dépakine, mais nous connaissons moins ceux, très nombreux, qui n’ont pas eu l’honneur des grands titres des journaux. Les traitements pour diabétiques par exemple : ceux des années 1960 marchaient très bien et sans risques. Mais les laboratoires ne gagnaient plus rien avec eux. Alors ils ont créé de nouvelles molécules, jusqu’à 60 fois plus chères... et inutiles puisque sans avantage probant sur les anciennes mais comportant effectivement des risques plus importants ! La loi du profit avant tout ? rien de nouveau sous le soleil noir de nos sociétés bienveillantes. Même histoire avec les pilules contraceptives (celles des troisième et quatrième générations présentent plus de complications que les précédentes, mais restent sur le marché et remboursées par la sécurité sociale). Il faut parler aussi de la terrible omerta sur les psychotropes, les anxiolytiques et les antidépresseurs qui provoquent des dépendances que la majeure partie des généralistes, par ignorance, ou plus simplement dépassés, gèrent en augmentant les doses plutôt qu’en établissant des protocoles de sevrage raisonnés. Sans parler de leurs effets secondaires terribles, mais constamment minimisés, comme ceux qui conduisent au suicide voire à l’homicide (affaire de ce médecin de Vendée en 2010 qui a tué tous les membres de sa famille avant de se suicider suite à une consommation de Sertraline ou encore le cas du Zoloft désigné par une cour australienne comme cause d’un assassinat en 2001). Certains médicaments contre le cholestérol (à base de statines) sont montrés du doigt de la même façon (voir l’étude menée par le Cochrane Collaboration). Le débat autour de la théorie controversée du mauvais cholestérol est d’ailleurs assez édifiant quant aux tenants et aboutissants de ces situations sanitaires catastrophiques. Les médicaments contre Alzheimer ne serviraient à rien non plus (la Haute Autorité de Santé leur accordait « un intérêt faible », euphémisme commun de la part de ce genre d'institutions). On découvrait récemment les effets toxiques du parabène contenu dans une multitude de produits (dont 400 médicaments !). On peut évoquer aussi la chimiothérapie administrée massivement mais inutilement pour des cancers du sein (certainement pour bien d'autres (des cancers de la thyroïde qui n'en sont pas ?). Le professeur Georges Mathé, une des plus grandes autorités en la matière, s'opposait ouvertement à l'usage actuel de la chimiothérapie) ainsi que les procès et controverses autour de la vaccination obligatoire et de ses faux-pas. Et au moment même où je rédige cet article, 60 millions de consommateurs publie son étude sur les médicaments sans ordonnance pour les maux bénins comme le rhume, la toux, l'indigestion et les juge, pour la plus grande partie, inefficaces, dans le meilleur des cas (28 d'entre eux sont carrément "à proscrire") !
Quantité d’affirmations "officielles" en matière de santé sont tout simplement fausses (il suffit de lire les « dernières études médicales » qui fleurissent quotidiennement sur google news dans la section « santé » ou dans les articles de vulgarisation extrême : un jour Les traitements hormonaux substitutifs réduiraient les risques de maladie cardiaque chez les femmes ménopausées, le lendemain, une étude majeure affirme le contraire, ajoutant même un risque de cancer du sein ! Il y a quelques temps, un petit-déjeuner copieux avait la faculté de restreindre la dose quotidienne de calories, jusqu’à ce qu’une autre étude dise le contraire. Il y a peu, je lisais qu’une grasse matinée augmentait... le taux de graisse (logique !). Surenchère de titres affolants, souvent ridicules et systématiquement contredits en flux tendu dans les médias.
Le Dr John P.A. Ioannidis Lutte depuis des années contre ces affirmations pseudo-scientifiques médiatisées en déclarant que des gens sont blessés et meurent du fait de fausses affirmations en matière de santé, d’erreurs dans les études. Une telle déclaration ne devrait-elle pas provoquer des changements urgents et majeurs dans notre système ?
Les pratiques de recherches sont de toute façon jugées trop souvent discutables selon une étude publiée dans la prestigieuse revue « Nature » concluant « Notre enquête révèle que les scientifiques américains sont partie prenante dans un échantillon de comportements déviants » et pas des moindres puisqu'il est question, en tête de tous, de "cacher les informations qui contredisent leur propre recherche", de "céder à la pression des sponsors", de négliger l'interprétation erronée ou tendancieuse des recherches par des confrères etc. (voir, au-delà des américains, l’affaire exemplaire de cette étude totalement frauduleuse du scientifique Hwang Woo-suk).
Selon une statistique (sciences et avenir en 2006), les médicaments tueraient en France deux fois plus (voire quatre fois selon l'estimation du Monde) que les accidents de la route. Ces derniers sont pourtant beaucoup plus médiatisés et objets de mesures préventives régulières (et sans doute profitables, elles aussi). Des « listes noires » de médicaments potentiellement dangereux ont été publiées (68 ici, 77 là) et certains prônent évidemment un recours à une médecine plus naturelle qui comporterait moins, voire pas du tout, d’effets secondaires pour des bénéfices jugés réels. Dans tous les cas - faut-il le rappeler ou est-ce trop de naïveté ? -, l'objectif prioritaire d'une démarche de soin est de guérir les malades et non de faire du profit.
Même en imaginant qu'il puisse y avoir des exagérations ou erreurs dans certaines de ces critiques et en reconnaissant que bon nombre d'autres médicaments ont été bénéfiques, il est difficile de ne pas être en colère contre des organes de régulations dépassés, inexistants ou sommaires, contre la loi du profit qui prévaut encore sur toute autre considération humaniste, contre un système planétaire globalement empêtré dans des contraintes absurdes qui empêchent une véritable amélioration. Le "scandale du médicament" et de la distribution ininterrompue de molécules destructrices par les cabinets médicaux, malgré les dangers sus-cités, est un phénomène à l'image de notre époque : tout le monde sait qu'il existe un grave problème mais rien ne se passe. L'impuissance des citoyens lambda est totale et l'immobilisme de la politique dans ce domaine est complet.
Mais je crois que sortir de l'ignorance est déjà une étape salutaire.