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Billet de blog 16 avril 2022

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Pourquoi il est déraisonnable de voter au 2ème tour

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les médias et les milieux qui se prétendent constitutifs des "Elites" nous bassinent depuis quelques jours qu'il ne serait pas raisonnable de ne pas aller voter au 2ème tour. La Raison serait du côté de Macron. Et la faiblesse des passions du côté de la populace populiste. Ce discours ne prend pas et cela n'a rien d'étonnant. C'est une imposture. Cela se démonte en quelques lignes utilisant véritablement la Raison. Démonstration :

En toute recherche de cause

1/ Les sciences « cognitives » montrent que nous avons constamment du mal à démêler causes et conséquences : nous prenons souvent les unes pour les autres, et la recherche de la « cause première », si elle existe, est toujours problématique.

Face au 2ème tour de cette présidentielle 2022, il faut se demander si le « populisme d’extrême-droite » n’est pas la conséquence, le résidu, la « merde » (osons le dire) produite par le « libéralisme » (on devrait dire : laxisme en faveur du fric) des agissements de la présidence Macron que nous pouvons qualifier de cyniques, mensongers et destructeurs. Selon cette interrogation, voter une nouvelle fois Macron ne serait donc pas, logiquement et dans les faits, s’opposer à la montée du « populisme d’extrême droite », mais reviendrait au contraire objectivement, une nouvelle fois, à le nourrir et le « booster». A preuve, en 2017, il y avait au premier tour face à Macron, seulement Marine Le Pen à l’extrême droite. En 2022, après cinq ans de Macron, il y a eu Le Pen et Zemmour, et une droitisation inquiétante, autoritariste, des Républicains : c’est presque « la totale ».

Les faits comme les chiffres sont parlants, et Macron au bout de son quinquennat peut raisonnablement être qualifié de pompier pyromane. Il joue avec le feu  au point qu’on peut s’interroger sur son état psychologique, l’hypothèse d’une « perversité narcissique » ne pouvant être écartée, tant ont été nombreuses les manifestations médiatiques d’une haine mal contrôlée et du mépris des autres : des pauvres, des « petites gens », et même (symptôme classique) de ceux et celles qu’il a voulu utiliser à son profit : les participants à la « Convention Citoyenne pour le Climat » en ont su quelque chose. Ils ne sont pas les seuls.

Macon se montre pyromane avec sa politique fiscale favorisant les plus riches et l’évasion fiscale, laissant, par exemple, Pfizer empocher de monstrueux bénéfices sans le moindre impôt supplémentaire ; il provoque légitimement la stupeur et la colère par ses agressions sans raisons sérieuses contre les populations en situation difficile et précaire (APL, indemnités pour pertes d’emploi, RSA, etc) ; par la poursuite du démantèlement insensé ( en pleine pandémie !) du Service public hospitalier ;  par l’étranglement budgétaire des administrations et institutions sociales ou éducatives, et même par la suppression des moyens d’études au niveau de l’Etat et des Collectivités locales.

« En même temps », c’est le recours extrêmement coûteux dans des conditions opaques et malsaines à des Cabinets de Conseil liés à des intérêts étrangers (Mac Kinsey, etc.) Et toujours « en même temps », c’est le refus de sanctionner et même de laisser révéler au grand public, au nom du « secret des Affaires » les agissements ignobles à l’égard des personnes âgées et dépendantes, par pure cupidité, de puissants groupes privés comme ORPEA.

Des plus jeunes aux plus vieux, le bilan Macron ne mérite qu’un seul mot : Dehors !

Le piège du 2ème tour

2/ Si la « montée du populisme » est la conséquence logique des agissements de Macron, nous voyons aussitôt en quoi consiste le piège insupportable du 2ème tour : le choix proposé - Le Pen ou Macron – est un choix en boucle, qui « revient au même », inéluctablement, avec juste décalage dans le temps : d’un côté, la conséquence ; de l’autre la cause. Jamais un scrutin n’a mieux illustré «  Election, piège à cons »  que ce 2éme tour des présidentielles 2022. Le seul vote authentiquement « anti Le Pen » aurait été – qui ne voit maintenant ? – le vote Mélenchon. Il n’a manqué que peu de voix à celui-ci pour être au 2ème tour. Et un 2ème tour Macron-Mélenchon, aurait été un 2ème tour démocratiquement bien plus sain et loyal que celui qu’on nous impose aujourd’hui. Les milieux politiciens bien vicieux ( Faut-il redire les noms ?) qui ont soutenu les candidatures Roussel et Hidalgo (quel beau couple !) auront à répondre de la nouvelle preuve historique de leur indigence et de leur ignominie.

Avec le piège du 2ème tour, le « populisme d’extrême-droite » ne peut que prendre le pouvoir, soit immédiatement, soit progressivement. Déjà, au premier tour, on ne trouvait pratiquement pas de différence entre les propositions « républicaines » de Valérie Pécresse et celles de Marine Le Pen ou d’Eric Zemour. Et le programme de Macron ne se distingue sur les questions économiques et sociales essentielles de celui du « populisme d’extrême-droite » que d’une manière très marginale. Conclusion : pour choisir entre Le Pen et Macron, il n’y a que le « narcissisme des différences sans importance » qui permet de trancher.

Une réponse raisonnable

3/ Il y a cependant un ultime espoir : puisque, dans les circonstances inacceptables du 2ème tour 2022, voter Le Pen ou Macron va conduire à « pire retour du même » , il faut décrédibiliser ce 2ème tour. Et c’est possible, car reste le 3ème tour : les législatives. Il est d’autant opportun de décrédibiliser le 2ème tour qu’à la suite de l’idiote inversion du calendrier électoral mise en place niaisement par les pieds nickelés Chirac et Jospin en 2002, l’élection présidentielle a réellement renvoyé la France à un régime monarchique : c’est vraiment un roi que nous élisons pour cinq ans. Le président de la République française se comporte désormais comme un petit roi à la con, régnant depuis l’Elysée, nommant comme il veut ministres et même juges (ô l’indépendance de la Justice !) et il est assuré d’avoir au Parlement l’armée de courtisans virtuoses de la courbette au plus bas (n’est-ce pas Bayrou ?) qui lui passeront tous ses caprices en échange de ses faveurs. Nous sommes en réalité revenus au temps de Louis XIV et de Louis XV. Pour qui en douterait, les grouillements serviles et lobbyistes autour de Macron et de Kohler, à l’Elysée, le montrent suffisamment.

Il faut vraiment que la France revienne à une Constitution plus équilibrée, et la première étape est donc d’affaiblir par une élection médiocre la prétention « jupiterienne » (quel aveu, que cet adjectif !) de la présidence. L’idéal serait un taux d’abstention d’environ 50% au 2ème tour. Et c’est possible. Peu importe alors le gagnant ou la gagnante : d’être élu(e) par moins de la moitié du corps électoral lui mettra du plomb dans le pantalon, d’où, espérons-le, une moindre envie de faire le mariole.

Il y a évidemment ensuite les législatives. Ouf ! On retrouvera là, et seulement là, la démocratie. L’objectif est l’élection d’une assemblée d’opposition au président ou à la présidente. Doit-on craindre cette nouvelle « cohabitation » ? Au contraire, c’est la seule chance que la France demeure une démocratie, et que s’enclenche enfin un vrai débat sur les bouleversements et changements à opérer : débat totalement escamoté par le freluquet présidentiel qui joue au divin marquis en se croyant Jupiter.

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