Le 18 novembre, Martine Orange a écrit un excellent article (comme d’habitude) intitulé « Et à la fin ce sont toujours les banques qui gagnent. Parmi les commentaires, il y a une réaction sévère sur Henri Emmanuelli.
Bon, je vais jouer le tonton emmerdeur et rappeler que Emmanuelli a été nommé, l'an dernier, président de la Commission de Surveillance de la Caisse des dépôts par Hollande. Piège parfait, qui met notre Emmanuel de Gauche sous la coupe du Moscovici de Droite, du ministères des finances et des banques privées. Pourquoi ? L'admirable gouvernement précédent a fait en sorte que, si ce qui reste de créances à l'actif chez Dexia n'est pas remboursé (autrement dit, si les pertes de Dexia augmentent encore) ce sont les contribuables mais aussi la Caisse des dépôts qui vont trinquer.
La Caisse a été requise afin de limiter le choc sur les contribuables. Pourquoi ? Dexia, à l'origine, c'était le Crédit Local de France, qui lui-même succédait à la CAECL, laquelle provenait de la Direction des prêts de la Caisse des dépôts. Dexia, c'est l'exemple parfait de la privatisation qui a totalement "merdé". Maintenant, on demande à la Grand-mère Caisse des dépôts d'assumer en grosse partie le reste des dégâts provoqués par la jeune et jolie Dexia envoyée par Tonton Balladur jouer les débutantes dans les bals de la haute finance en levant tout l'argent qu'elle voulait auprès des maîtres-danseurs.
De fait, appeler la Caisse des dépôts au secours n'est pas con : elle fut un fantastique outil de financement, c'est elle qui a financé tout l'équipement public de la France pendant les trente glorieuses et qui finance encore - pour l'essentiel le logement social. Mais, elle est désormais très affaiblie par ses successifs démantèlements au nom de la privatisation. Et elle ne cesse pas de servir de vache à lait pour réparer toutes les conneries des gouvernements UMP ou PS. Vieille de deux cents ans, elle a résisté à tout, mais maintenant, elle peut "sauter". Ce dont rêve la Direction du Trésor depuis des décennies. Emmanuelli a donc la trouille, il veut sauver la Caisse et c'est pourquoi il veut obliger les communes à payer les conneries de Dexia.
A mon avis, il n'a pas tout à fait tort. Les communes qui ont souscrit des emprunts Dexia ne l'ont pas fait à l'insu de leur plein gré. Elles avaient recruté pleins de jeunes financiers dynamiques issus des Grandes Ecoles. Des merveilles. Ces petits cons qui savaient tout sur la Finance ont rapidement convaincu les maires de prendre des prêts "structurés" qui paraissaient moins chers que les offres "ringardes" de la Caisse et de quelques autres banques. Les prêts structurés, à taux révisables fixés au départ très bas, c'était "vendeur" face à l'opinion publique, çà faisait moderne, c'était tout beau. Les Conseils municipaux, où personne n'y comprenait rien, ont applaudi en votant. On a sorti le Champagne. La presse locale a entonné des hymnes aux bons "gestionnaires". Mais personne n'avait lu les contrats, et donc vu que les taux dépendaient d'un "adossement" à des ressources d'un exotisme et d'une imprévisibilité ravissantes ( à tous les sens du mot) Et maintenant, la presse locale hurle au scandale, et çà pleure à chaudes larmes dans les cabinets des Elus : le taux de ces prêts dépasse celui de l'usure.
Quel gâchis ! L'épisode Dexia a poussé au surendettement et risque de détruire définitivement un outil de finances publiques que le monde entier nous envie ( mais avec discrétion, bien sur : les choses solides et qui marchent bien, mieux vaut en pas trop en parler : çà énerve)
La France, dit-on, est un pays où l'on ne manque pas de gens intelligents. Vous en êtes surs ?