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Billet de blog 20 mars 2015

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sous un pseudo peu crédible...

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Nouvelle lettre transmise cette fois par une copine. elle est signée "Myrtho, comtesse Balkis de Nerval". J'ai vérifié : ce pseudo est un peu trop littéraire pour être crédible. Par contre, ce que cette lettre balance à François Hollande, c'est autre chose :

Le 15 mars 2015

Monsieur François Hollande

Président de la République

Palais de l’Elysée

55, rue du Faubourg Saint Honoré

75 008 Paris

Monsieur le Président,

Ce n’est certes pas la perfection dont vous faites généreusement preuve dans l’art de mentir qui peut inciter à vous écrire. Depuis les siècles que « les 36 stratagèmes » ont été publiés, on sait que le mensonge est chose nécessaire, ordinaire dans les hauteurs gouvernementales auxquelles vous avez accédé. Demeurés en dessous, nous serions naïfs de nous en émouvoir. Au pied du palmier où vous êtes grimpé, le spectacle qui nous est donné en levant les yeux vers vous, et les gens de cabinet qui vous entourent, est toujours une vision grandiose de culs palmés de gloire. De quoi inspirer le sens de la réalité plutôt que le goût de l’illusion.

C’est donc à partir d’un entendement basique qu’il convient de s’interroger à votre propos. A bien y réfléchir, vos choix, vos décisions, votre comportement, tout cela semble constituer un ensemble manquant fondamentalement (adverbe convenant bien à tout séant) de réalisme. Vous êtes au-dessus du réel, « en l’air », non de façon accessoire, mais plutôt vertigineusement. Vous agissez comme si rien, sous vous, n’était réel. Comme si nous, en bas autour du palmier, n’existions pas réellement. Nous : non seulement en France, mais hors de France. A quelques exceptions : vous tenez visiblement pour réelles certaines catégories de personnes. Très peu nombreuses. On peut en citer trois : vos « alter-égos » en position olympienne, les gens de la Finance, et une toute petite catégorie de femmes, comme nous, à baiser.

- D’abord, vos « alter-egos », les autres dirigeants du monde,  ces « happy-few » avec qui vous prenez plaisir à vous réunir, vous contempler les uns et les autres, déjeuner et diner ensemble, et vous laisser prendre en photo. Au vu de ces admirables rencontres, nous tous, en bas, devons présumer que vous participez à la direction du monde. Mais nous devons en même temps reconnaître, puisque vous le faites maintenant entendre et proclamer, que nous sommes dans un système où ce sont désormais « les marchés » qui décident de tout. Dés lors, il nous vient l’idée selon laquelle, en dehors de jouissances privées, toutes ces rencontres de chefs d’Etat ne servent pas à grand-chose de bien. Un simulacre, peut-être ?

- Ensuite, c’est le milieu de la Finance. Depuis le jour de votre grimpette, votre regard sur ces gens-là semble avoir changé. De martial, il est devenu, disons-le avec délicatesse, plus féminin. C’est celui d’une douce Chimène contemplant l’auteur de son orphelinage : « Qu’il est joli garçon, l’assassin de Papa ! » Je ne cite pas ce vers de Georges Fourest sur Rodrigue en référence au séduisant et jeune ministre que vous avez cueilli dans ce milieu autorisé, tel un calice au délicat mais vigoureux pistil générant déjà, en votre gouvernement, de vastes bouquets de mesures pour la croissance. Non, je pense également à votre attitude vis à vis d’un autre gouvernement, celui de la Grèce, cherchant de façon vraiment exceptionnelle, il faut bien l’avouer, à respecter le mandat donné par ses électeurs. Loin d’aider ce ministère loyal envers son peuple, vous affichez une jouissance prolongée à provoquer, en bonne compagnie, son étouffement financier. Au sein de l’Eurogroupe, les rondeurs de votre séant témoignent à cet effet d’une efficacité redoutable : il s’assoit pour l’asphyxier sur le principe même de la démocratie. Si le gouvernement et le peuple grecs manquent d’air pour vivre, vous leur montrez obligeamment que vous, vous n’en manquez pas.

- Enfin, cerises sur le gâteau, il y a les éclats de votre vie privée forcément rendue publique par des affres de pur hasard, n’est-ce pas ? Ne doit-on pas alors craindre que vos compagnes, du moins celles ainsi portées à notre connaissance, sont destinées à s’accumuler comme tout bon capital soumis à quelque érosion ? Mais on se rassure aussi : ces dames semblent toujours correspondre au même modèle semblant emporter vos plus intimes suffrages. Modèle de Célimène en quelque sorte par la naissance, l’allure, l’arrogance quasi naturelle. Elles montrent même posture altière mais aisément condescendante, oscillant logiquement, selon une formatation assumée dés la prime enfance, entre agressivité fluide de chatte mondaine et soupçon de froideur tactique, sinon tactile, quant aux stratégies du plaisir. Difficile, en effet, de ne devoir ouvrir l’entrejambe que dans un entre-gens de « winners » d’une durabilité improbable en compétition de convenances. Bref, des domaines officiels aux refuges plus intimes, le genre de public féminin le plus apte à la complicité de classe la plus crasse pour s’esclaffer à l’écoute de vos « vannes » sur les « sans dents ». Et douter, assez rapidement d’ailleurs, du reste en vous le faisant finalement savoir.

Serez-vous donc vraiment surpris si, sans doute plus tôt que vous ne le souhaitez, il nous arrive aussi de vouloir vous dire : « Merci pour ce moment » ?

Veuillez agréer, Monsieur le président, l’expression de ma plus respectueuse considération.

                                                                                                Myrtho, comtesse Balkis de Nerval

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