@DiogenedArc (avatar)

@DiogenedArc

Auteur

Abonné·e de Mediapart

26 Billets

0 Édition

Billet de blog 7 février 2017

@DiogenedArc (avatar)

@DiogenedArc

Auteur

Abonné·e de Mediapart

Brésil: Le décès de l'épouse de Lula a été pour la droite l'occasion de se défouler !

Le décès de l’épouse de Lula à l’âge 66 ans a provoqué une onde de choc dans un Brésil en pleine crise politique et sociétale. Les correspondants français à São Paulo ou à Rio de Janeiro sont restés étonnamment discrets sur cet événement et surtout sur les réactions d’une droite pseudo chrétienne de plus en plus haineuse.

@DiogenedArc (avatar)

@DiogenedArc

Auteur

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Marisa Leticia Rocco avait épousé Lula en 1974. Elle a été la compagne de toutes les luttes jusqu’à l’arrivée au pouvoir de son mari (deux mandats entre 2003 et 2010). Elle a été victime d’un AVC le 24 janvier dernier. Plongée dans un coma artificiel, elle a également eu un arrêt cardiaque. Sa mort cérébrale a été officialisée le jeudi 2 février. Les funérailles ont eu lieu samedi. Dilma Rousseff, qui pour l’occasion a écourté, un voyage en Europe a déclaré : « Marisa Leticia était une femme de combat. Ces derniers mois, le président Lula et elle ont été victimes de persécution et de grandes injustices. J’imagine que la douleur de Lula est insupportable ».

Car oui, de nombreuses voix se sont élevées pour affirmer que la santé de l’ancienne première dame du Brésil s’était considérablement dégradée suite à une perquisition ordonnée et mise en scène par le juge Moro au domicile des époux Da Silva. Une procédure qui d’ailleurs n’a rien donné. Il faut bien avouer que jusqu’à présent les accusations de la justice contre un Lula milliardaire, propriétaire d’un yacht et d’un appartement de luxe n’ont jamais été étayées par la moindre preuve. Mais il y a un autre scandale dont on ne mesure pas encore la dimension. C’est celui du comportement de la droite brésilienne représentée par des parlementaires, des membres du corps médical, de la justice, de la police ou tout simplement de la société civile.

En effet, on a d’abord appris qu’un médecin a dit qu’il cherchait un moyen de tuer la sexagénaire pour que le pays en soit définitivement débarrassée ! Il s’était exprimé sur un réseau social propre aux médecins entre autres de l’hôpital Sírio-Libanês (SP) où était soignée Mme Da Silva ! Depuis, il a été radié. Toutefois ces propos terribles ont été repris un peu partout et pas seulement pour les dénoncer. Et ce médecin n’est pas un cas isolé. D’autres n’ont pas hésité à faire fuiter des résultats d’analyses ou des descriptions sinistres d’actes de soin. Une parenthèse : nombre de leurs confrères n’ont pas supporté que Dilma Rousseff ait fait venir des médecins cubains au Brésil, de plus beaucoup d’entre eux sont issus de familles très aisées.

Au Brésil, la lutte des classes n’est pas du tout folklorique !

Le comportement de ces toubibs a tellement choqué que l’Abrasco (Associação Brasileira de Saúde Coletiva) s’est fendu ce 6 février d’un communiqué disant s’élever contre des « attitudes criminelles contraires à l’éthique des médecins », dont « le partage de tests et de renseignements médicaux confidentiels (...) en plus de commentaires agressifs et cruels, inhumains et dégradants, dirigés contre l’ancienne première dame Marisa Leticia ». D’autre part, sur les réseaux sociaux et parfois dans les médias ou les allées du nouveau pouvoir de droite, les pires bobards ont circulé toute cette dernière semaine quasi surréaliste ! Leonardo Sakamoto, journaliste, blogueur (il est par ailleurs docteur en sciences politiques et conseiller à l’ONU pour la lutte contre les formes modernes d’esclavage) rapportait lundi les pires propos tenus au grand jour sur les réseaux sociaux. On croit rêver (ou plutôt cauchemarder) : « Une [de ces] rumeurs dit que les funérailles auront lieu avec un cercueil fermé parce que... c’est une fausse mort qui doit permettre [à Mme Da Silva] de fuir à l’étranger pour échapper à la justice [brésilienne]. D’autres messages exigeaient que l’armée oblige la conduite de tests ADN sur le cadavre » !

 Alors bien sûr des messages de condoléances venus de tous les bords politiques sont parvenus aux membres de la famille de la défunte et l’ex-président Fernando Henrique Cardoso, président de 1995 à 2003 (il a mené une politique de centre-droit), est venu en personne réconforter Lula, mais oui: le Brésil va mal et même très mal !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.