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Billet de blog 20 avril 2017

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Guyane Clap de fin ? Ou pas ?

Nous entrons dans une phase très déplaisante du mouvement qui, pendant plus de quatre semaines, a paralysé la Guyane. On peut même dire que ça pue, et pas qu’un peu. Dernières mises à jour à la fin de l'article & oui clap de fin le 21 avril au soir

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Sur le plan purement factuel, il semble qu’un retour à la normale soit prévu pour le début de la semaine prochaine, même si les plus « radicalisés » entendent mener ici ou là quelques barouds d’honneur qui, malheureusement, marqueront en fait l’échec de cette révolte très loin, faute de stratèges, d'être une révolution. Surtout ces soubresauts ridicules ajoutés à des ratés monumentaux risquent de remettre en cause toute action revendicative dans le futur.

Échec parce que les mesures obtenues ne sont que du saupoudrage et, finalement, correspondent peu ou prou au contrat d’avenir qui aurait dû être signé depuis longtemps. Échec aussi, car les collectifs n’ont pas su se confédérer. On vient de le voir ces dernières 72 heures.

Avenir revendicatif compromis ? Oui, car justement nous découvrons de façon précise ce que nous dénoncions depuis toujours. Des leaders incompétents, des syndicalistes hors-sol, des voyous, des tontons macoutes, des élus dépassés, etc. Tout cela va, au fur et à mesure des révélations, ternir ce qui fut un formidable événement illustré par une grande et digne marche dans les rues de Cayenne.

Les journalistes français et européens étaient enthousiastes. Les articles dithyrambiques se sont succédé sur ces Guyanais joyeusement déterminés, pacifiques et accueillants. La réalité risque de mettre rapidement entre parenthèses ces portraits idylliques.

Histoire(s) de pognon et de pouvoir

Aujourd’hui, on parle de malversations, on remet en cause clairement les grévistes non grévistes sans parler de ceux qui viennent de passer plusieurs semaines sur les plages du Brésil ou de Thaïlande. On évoque aussi l’aller-retour particulièrement ridicule à Paris, le week-end de Pâques, de Goudet et de ses potes (on s’interroge sur le financement et qu’ont-ils réellement fait dans la capitale sachant que tous les ministères et les administrations étaient fermés…)

On parle donc de façon insistante de questions financières (*). Des rumeurs commencent à circuler. On accuse des leaders (lesquels?) d’avoir reçu de l’argent [de qui ? pour quoi ?]. On s’interroge sur le financement des 500 frères, on veut savoir qui a payé le déplacement en hélicoptère du maire de Kourou pour survoler les barrages, afin de se rendre à une réunion à Cayenne, on se demande qui a bien pu saboter des installations d’EDF [l'entreprise a porté plainte]. On n'est pas au bout de révélations qui, à n’en pas douter, vont débouler dans les jours, voire les heures à venir. Cela va créer des rancœurs, des haines recuites, des ressentiments rabâchés.

Les Amérindiens trahis ?

Il n’y a pas que cela. Il y aussi les dissensions au sein du principal collectif « Pou Lagwuyann Dekol ». Il suffit de lire, par exemple, la déclaration du collectif des peuples autochtones publiée, entre autres, sur les réseaux sociaux : « Le 16 avril, le Collectif “Pou la Gwiyann Dekole” a pris la décision d’envoyer un document officiel intitulé Projet d’accord de la Guyane au gouvernement. Ce projet d’accord a été élaboré par les techniciens [sic !] du Collectif sans aucune expertise de nos droits fondamentaux. Nous dénonçons, à cet égard, la légalité du processus décisionnel imposé par le Collectif qui réduit le “pôle autochtone” à de la figuration, et ne correspond en rien au processus décisionnel libre et éclairé de nos peuples ». On peut également lire plus loin dans ce communiqué de presse une sérieuse remise en cause d’une revendication qui fait couler beaucoup d’encre : la rétrocession totale du foncier [naturellement au bénéfice des seuls orpailleurs et spéculateurs guyanais]. Le collectif des Amérindiens s’insurge : « Nous dénonçons […] la tentative de récupération d’une revendication ancestrale qui est celle de la restitution de nos terres. Nous demandons au gouvernement de surseoir à la demande du Collectif Pou la Gwiyann Dekole concernant la rétrocession totale des terres du domaine de l’État à la Collectivité de Guyane. Cette légitimité revient aux seuls peuples amérindiens de Guyane au sens de la Convention n° 169 de l’OIT ». On ne peut être plus clair.

Xénophobie et racisme

Ce communiqué de presse illustre parfaitement l’impréparation du mouvement. L’incurie d’une poignée de pseudo insurgés agissant avant tout pour leur propre compte. Les uns pour jouer les durs, les syndicalistes intransigeants; les autres pour faire oublier leurs turpitudes judiciaires et essayer de rafler une mise qu’ils croyaient à leur portée ! Lamentable.

Il est à craindre que plusieurs acteurs de certains collectifs finissent de nouveau dans la rubrique des faits-divers. Comme par exemple les crétins qui viennent de déposer  des poissons pourris devant le consulat du Brésil ! D'ailleurs les actes xénophobes et les insultes racistes ont choqué plus d'un citoyen de toutes les communautés !

Le club déconnecté des radicaux

Dans le même temps, sur le terrain, les barrages perdurent (ce 20 avril). Des participants à des concours sont empêchés, même des journalistes sont bloqués.

En attendant, le site Guyaweb nous apprend que : « Le collectif kouroucien les Toukans a lancé mercredi 19 avril une pétition en vue d'un dépôt de plainte pour manquement aux obligations de santé, de sécurité, d'éducation et du désenclavement de la Guyane Française ». Le comble du ridicule au moment où, d'un autre côté, on se réjouit de négocier un accord ! Le Collectif aurait par ailleurs un nouveau porte-parole en la personne du syndicaliste Davy Rimane. Ça promet  tant le discours de cet agitateur de comptoir planqué à l'UTG est totalement déconnecté des réalités... Attention, les opinions bougent. D’une admiration bienveillante envers le mouvement, l’opinion publique peut très vite se retourner contre des barragistes en pleine déconfiture, mais s’accrochant comme des gamins à leurs jouets, leurs panoplies de flics ou de gabelous. Avec des nez de Pinocchio en plein milieu de leurs visages de plus en plus antipathiques aux yeux d'une population désormais exténuée et agacée quand beaucoup ne sont pas exaspérés. On s'organise ici et là pour porter plainte, on veut maintenant que les barragistes jusqu’au-boutistes rendent des comptes. Et quoi de plus légitime ? Rappelons le bilan : des élèves hors les classes (quatre semaines !), des entreprises au bord de la faillite, des dégradations et des sabotages ; des travailleurs, des précaires, des malades renvoyés à leurs malheurs sans ménagement...

Il faut que tout cela s’arrête et que les esprits se calment pour le bien de tous et surtout pour que ce mouvement garde au moins son honneur.

Photos, captures d'écran, réseaux sociaux sur : diogenedarc.com

(*) En soirée (20/04), Olivier Goudet affirmait publiquement, micro en main, avoir reçu des propositions financières. Il parlait de 500 à 600 000 €. Il ne dit pas précisément de la part de qui et ne donne aucun moyen de vérifier ses dires.

Le jeudi 20 avril 2017, mise à jour à 20:32 (Cayenne), 01:32 (Paris) : 

- Des points de désaccords subsistent entre le préfet et le Collectif désormais représenté par Davy Rimane

- Accusés de comportements douteux, les 500 frères tentent de se défendre en... expliquant qu'ils n'ont fait qu'obéir aux ordres du Collectif !

- Incitation à la haine, une possible plainte contre @RadioPeyi, la radio du mouvement, selon @GuyaneActu 

Suivez le direct sur Twitter avec @GuyaneActu 

                                                           Sont également impliqués dans ce suivi: @WeKnow973, @jerstaa@DiogenedArc

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