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Billet de blog 7 mars 2022

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Libéralisme ou illibéralisme ? Pour un outil de mesure des démocraties.

Traditionnellement l’éventail politique se présente sous forme d’une ligne allant de l’extrême gauche à l’extrême droite, et qui sous-tend : les extrêmes c’est mal, tandis que le centre, c’est bien. Nous proposons ici la création d'un outil objectif permettant de sortir de ce manichéisme.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Notre Guide Suprême, dont la pensée complexe peine ici à dépasser la première syllabe, a posé en ces termes l’alternative qui s’offre à nous : libéralisme ou illibéralisme, le Bien contre le Mal.

Héhé.

Il s’imagine qu’en offrant un choix binaire, noir ou blanc, par la magie de Son Verbe, toutes les nuances s’évanouissent comme pet de conil. Mais la ficelle le filin le câble est un peu gros. Voyons-y voir d’un peu plus près.

Traditionnellement l’éventail politique se présente sous forme d’une ligne allant de l’extrême gauche à l’extrême droite, et qui sous-tend : les extrêmes c’est mal, tandis que le centre, c’est bien. Pourquoi ? Parce que les extrêmes conduisent immanquablement au chaos et à l’insécurité, tandis que le centre, par nature, préserve des excès et des dangereux extrémistes (vous savez, ceux qui qui prônent la justice sociale et une répartition équitable des richesses – Dieu nous en préserve !). Le centre, par nature, est le camp de la modération. C’est ainsi que l’on peut allègrement éborgner, mutiler, estropier et, en même temps, rester dans le camp des modérés et de la juste mesure. T’as du mal à comprendre ? Normal. C’est ça la pensée complexe.

Certains, certainement plus primaires, ont avancé le concept d’extrême centre ou de démocrature. C’est bien mais, comme disaient mes professeurs : peut mieux faire.

Si l’on y tient absolument, on peut conserver la ligne symbolisant l’orientation idéologique en abscisse, de gauche à droite. Ajoutons-y, en ordonnée, le mode de gouvernance que l’on peut appeler, suivant l’inspiration du moment, échelle de Pinochet, échelle de Staline, ou du nom de n’importe quel autre godillot Gaudillo. Nous pouvons, arbitrairement dans un premier temps, la graduer de 1 à 10, en mettant à 1 la démocratie parfaite et à 10 les dictatures sanglantes. Nous passons subitement du noir et blanc au technicolor cinémascope. Waaaaaah !

Afin de ne point juger au doigt mouillé, qui nous rend dépendant du vent, il est judicieux d’établir des critères objectifs. En vrac et non exhaustif : liberté de pensée et d’expression, avec son corollaire de pluralisme de l’information, respect des oppositions et des minorités, police au service de la population (j’en vois qui rigolent, au fond), institutions reflétant la diversité des opinions, tenue d’élections libres, séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire (bon, si vous continuez à rire, je vous demande de sortir), etc. Cet outil demanderait à être perfectionné par une assemblée compétente et citoyenne, certes, mais l’idée est là.

Si nous considérons la France d’aujourd’hui, qu’est-ce qui nous sépare d’une dictature ? les élections peuvent encore se dérouler, mais sont entachées par une presse de propagande très pesante et des candidats qui n’appliquent pas leur programme ou ne disent pas ce qu’ils vont faire. Les leaders d’opposition ne se font pas assassiner, ou « seulement » symboliquement dans les médias. Par contre, les opposants prennent le risque de voir leur main arrachée lors de manifestations. Enfin l’« auto-saisissement » du procureur de Paris afin de poursuivre le candidat d’extrême gauche Anasse Kazib est stupéfiant. Lequel, du reste, a été presque totalement banni des médias, et son discours écarté de la parole publique. Qui sera le suivant ? Et sous quel prétexte ? A moins qu’il ne suffise de se montrer particulièrement avare en parrainages, et d’en durcir les conditions...

La censure d’état n’existe pas ; enfin, pas encore : les déboires de « Nantes révoltée » sont à suivre de très près. Mais une censure existe déjà dans les médias dominants, et le fameux devoir de réserve des fonctionnaires y ressemble comme deux sœurs jumelles nées sous le signe des Gémeaux.

Bon. Au vu de l’ensemble de ces critères, disons que sur l’échelle d’Hitler (ou de Mao Tsé Dong ou de vas-y Franco c’est bon, bon, bon...), nous estimons être déjà à 7. Paraphrasant Sade, les acolytes de M. déjà s’exclament : Français, encore un effort pour monter à 8 et 9 !

« Tiens ! bien le bonjour Monsieur le Marquis. Est-ce hasard si vous paraissez lors nous devisons possible réélection de M. ? »

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