Quand, lors des jeux olympiques, un coureur arrive premier, on dit qu’il a gagné même s’il n’a battu aucun record. Ce même constat peut être fait lors d’élections : les gagnants sont ceux qui arrivent premiers, même s’ils n’ont pas la majorité absolue. Macron et la presse de propagande nient cela, comme cela a maintes fois été remarqué. Mais ce n’est pas tout : ils nient aussi deux évidences. La première est que la politique menée depuis sept ans a massivement été rejetée. La deuxième est que le RN a également été massivement rejeté, comme en témoigne la mobilisation citoyenne du deuxième tour. Or le président envisage de gouverner, et de continuer à mener sa politique sous la surveillance du RN. Les Français seront donc pris en otage et maltraités par les deux grands perdants du scrutin. Ils vont être gouvernés par les deux grandes forces politiques qui ont été rejetées. Ceci est d’un grande violence, moins spectaculaire que des feux de poubelles, certes, mais aussi beaucoup plus grave. Bien évidemment, les images de cette violence anti-démocratique ne vont pas tourner en boucle sur BFMTV.
Cette violence va immanquablement générer une violence écologique et sociale qui va s’ajouter à celle que nous subissons déjà. Cette violence sociale ne prend pas seulement une forme économique : violence des conditions de travail, violence du « management », violence de la non reconnaissance, violence des conditions de vie, violence de la privation du droit à la parole... La violence sociale signifie concrètement une vie de privations, de souffrances et d’humiliations pour nombre d’entre nous. C’est-à-dire la dégradation de la seule chose que nous possédions vraiment et qui ne reviendra jamais : l’existence. Bien évidemment, les images de cette violence sociale ne vont pas tourner en boucle sur BFMTV.
Cela signifie vivre opprimé. Cette oppression peut déboucher sur la soumission ou la non acceptation de cette vie dégradée, c’est-à-dire sur la révolte. Les gilets jaunes en sont un excellent exemple. Quand tous les intermédiaires sont supprimés (syndicats, associations, et aujourd’hui élections), c’est-à-dire tous les moyens d’expression pacifiques, que reste-t-il pour faire entendre sa souffrance ?
Et au moment où cette souffrance débordera et s’exprimera en violence parce que tous les autres canaux, y compris les élections, auront été méprisés, d’une part le pouvoir enverra la police la plus violente d’Europe écraser la contestation, et d’autre part on entendra, sur fond d’images de feux de poubelles en boucle, les éditocrates demander au personnel politique de gauche : condamnez-vous ces violences ?