Concernant le participatif, j’ai progressivement déchanté. Une masse de commentaires noyautés par une cinquantaine de trolls et/ou militants qui pour l’essentiel ne parlent pas de l’article et crachent surtout de la haine. On revient aux vipères lubriques et aux socio traitres d’un autre âge. Pour le reste quelques blogs dont une partie tenue par des semi professionnels comme partout. Et sur les 6 ou 7 commentaires que j’ai adressés à des journalistes sur le fond de l’article, faut-il le préciser, j’ai eu une seule réponse. Mais, je comprends les auteurs ils ont du renoncer depuis longtemps à plonger dans ce fleuve de fadaises (« Merci Monsieur Plenel pour votre article ») ou de conneries souvent injurieuses ou haineuses ; et quant au mail que j’ai adressé à Rachida El azouzi suite à un de ses articles . Aucune réponse. Dans le titre de ce journal il y a « media » et « part » mais au sens de « à part », le « icipatif » est resté dans les limbes.
Mais venons en au fond. S’il y a bien de l’investigation, il faut dire, qu’hormis Fabrice Arfi, il n’y pas eu grand chose de sérieux. (Au fait je n’ai jamais su pourquoi Fabrice Lhomme – autre grand investigateur- a quitté Mediapart. La transparence tant prônée ailleurs n’est guère au rendez vous ici).
Mais le plus grave ou le plus affligeant c’est cette inexorable dérive vers un journal militant avec une ligne éditoriale qui se résume à une moraline pimentée d’indignations digne des plus « belles » heures du XX° siècle qui se veut héritière du CNR (pour faire vite l’union nationale en quelque sorte entre un parti stalinien, des chrétiens démocrates, des gaullistes et des socialistes dans un empire colonial non contesté) + une dose de tiers mondisme version mouvement de la paix années 60 + deux doigts de tribunal Russel + un zeste de quakerisme + un soupçon de mao spontex. Le tout nappé d’écologie protéiforme pour le modernisme. Avec pour colonne vertébrale : si ça va pas c’est la faute à ceux d’en haut.
Quant à l’exigence journalistique dont se fait le héraut et le héros E Plenel, parlons en.
Une titraille souvent déconnectée du fond de l’article et qui joue du trahison et reniement. Un rubricage censé distinguer faits et opinion. Apparaissent les « parti pris » qui ne sont pas des « analyses », « enquêtes »… les intitulés se sont d’ailleurs multipliés et dans les faits la confusion s’est accentuée. Pas besoin d’aller loin pour le vérifier. Le 24/11 vers 17H en tête du journal. Sur 3 colonnes, Salmon « analyse », Cantaloube « analyse », Plenel prend « parti ». Pas besoin de dépasser les 15 premières lignes d’analyse pour apprendre que l’approche gouvernementale est « ubuesque » chez l’un et chez l’autre le pouvoir « non seulement alimente la peur mais prend le chemin de son instrumentalisation ». Rien à voir avec un parti pris ou un édito ! Suivait le renvoi à un article ancien de L Bredoux : Hollande dans le « bain néo conservateur » - classé ici enquête. (à noter l’astuce récurrente du guillemet. On cite, c’est factuel, qui ? bof, un anonyme). Première phrase de l’article : Hollande aime faire la guerre. Là, pas de guillemet. De l’enquète bille en tête, de la vraie !
L’insupportable journalisme éditorial - oxymore – prolifère avec ses avis péremptoires, sont coté donneur de leçons. Je ne pensais pas que l’ « Aphatisme » gangrènerait ce journal. Un temps j’ai cru qu’il n’y aurait que les homélies du père fondateur. Vite, Laurent Mauduit, maître dans l’art de mêler faits et opinions et de pratiquer l’insinuation perfide a donné toute sa mesure. Mais il se concentrait sur ses quelques têtes de turc. Bientôt, chacun a voulu son point de vue quel que soit le rubricage. Moi aussi je peux dénoncer, et moi plus que toi. Et puis ont été recruté des Salmon ou Huertas, ces journalistes d’investigation tant attendus…
Avec un acte de foi commun : nous sommes les seuls vrais remparts de la démocratie, avant garde porteuse de vérité face à un pouvoir aveugle et/ou manipulateur, point barre. Et le pouvoir tout puissant, y compris dans son impuissance, c’est le pouvoir politique français et plus spécifiquement le président et le gouvernement, le reste n’est que détail. Au passage cette approche s’inscrit dans une représentation du politique qui ne fait que renforcer les travers dénoncés.
Quant à l’international, il est essentiellement traité comme une annexe de la politique intérieure. Exemple rapide sur la syrie. Entre janvier 12 et juillet 13 soit 19 mois, 13 articles, moins d’un par mois. Aout-sept 13 (gazage par Assad et menace de bombardements americains et Français, Obama renonce) soit 2 mois, 24 articles – quelques titres pour donner le ton des articles : silences et mensonges, faute, fiasco. Les 3 mois suivants : 5 articles… dormez en paix braves syriens. Il vaut mieux lire le Guardian, le NY Times voire parfois le Figaro si on veut de l’info sur international.
Enfin, pas une seule fois, une prise de recul critique sur votre propre pratique. Vous oscillez entre la posture victimaire et le justicier.
Voilà pourquoi, Je me désabonne, non sans une certaine tristesse. Mais les promesses non tenues ne sont pas l’apanage des politiques.
Didier Stéphany
Ps (ça veut dire post scriptum) : signe des temps quand j’ai voulu enregistrer ce billet , j’ai eu droit à un : « ooops » .503. le bug quoi . ça ne passe pas.