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Billet de blog 2 octobre 2025

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Algérie, agriculture un renouveau qui a du mal à émerger

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Algérie, agriculture un renouveau qui a du mal à émerger

Djamel BELAID 30 septembre 2025

Yacine Mahdi Oualid, le ministre de 32 ans aujourd'hui à la tête du secteur agricole fait ses premiers pas. Il prône la nouveauté, mais en matière de céréales, il semble qu'il peine à innover. Simple question de temps ou la prégnance des idées anciennes ?

Cette nomination intervient dans un contexte de "brouille" entre les deux pays, alors que l'Algérie aurait besoin de l'expérience française d'autant plus que de grands groupes de l'agro-alimentaires sont déjà présents en Algérie.

Dans le quotidien étatique El Moudjahid, Mohamed Mendaci a rendu compte le 26-09-2025 d'une réunion tenue par le ministre et donne un aperçu du ton nouveau en écrivant « Face aux défis climatiques, démographiques et géopolitiques, le ministère de l'Agriculture a tenu, aujourd'hui, une réunion nationale stratégique, pour préparer la campagne labours-semailles ».

Cette rencontre nationale s'est tenue en présence des directeurs des services agricoles de wilaya, des responsables de Coopératives de céréales et des légumes secs (CCLS) et de représentants professionnels.

Le ministre a indiqué que « l’heure est à la modernisation impérative du secteur agricole » en martelant : «Notre principal défi, aujourd'hui, est celui de la modernisation».

Un discours nouveau

Yacine El- Mahdi Oualid a indiqué que l'agriculture est confrontée à « la raréfaction des ressources hydriques, à une pression démographique croissante et aux incertitudes du contexte international. »

Le discours est nouveau,  la question de « la raréfaction des ressources hydriques » n'a jamais été évoquée jusqu'à présent. Décideurs et opinion publique vivent avec le mythe de « l'Algérie grenier de Rome » et d'un pays riche en ressources naturelles.

Comme l'ancien ministre, il a assuré les agriculteurs de produits largement subventionnés : « Une attention particulière sera portée à la fourniture des semences, des engrais, des produits phytosanitaires et du matériel, dont l'accès sera facilité via le réseau des CCLS » rapporte El Moudjahid.

« L'irrigation d'appoint, seule voie possible »

Le ministre a indiqué que les rendements en céréales sont en dessous de ce qui est attendu. Aussi a-t-il insisté sur « l'importance cruciale du respect des itinéraires techniques et de l'adoption du goutte-à-goutte et de l'irrigation d'appoint, seule voie possible pour sécuriser et augmenter la production. »

Cette déclaration concernant les « itinéraires techniques » et « l'irrigation d'appoint » mérite de s'y arrêter. En effet, de quels itinéraires s'agit-il ? Quant à l'irrigation d'appoint comment y arriver au niveau de 7 millions d'hectares alors que quand il ne pleut pas, les barrages et les nappes d'eau souterraines sont vides ? Aussi, en matière de céréales, les propositions du ministre de modernisation de l'agriculture sont surprenantes.

Il a récemment lancé la campagne « We are hirring » de recrutement de jeunes talents. Il est à espérer que soient recrutés des experts en modernisation du dry-farming.

En la matière, les réserves de productivité sont grandes. Les semis sont souvent réalisés en retard du fait de l'arrivée tardive des pluies et les sols sont pauvres en matière organique. L'alternative telle l'agriculture de conservation des sols reste la solution mais reste ignorée par le ministère de l'agriculture et méconnue d'un ministre détenteur d'un diplôme de médecin.

La gouvernance, un thème nouveau

Pour la première fois le ministre a abordé la question de « la gouvernance ». C'est là une révolution. Il a ainsi insisté sur « la nécessité d'une approche participative, appelant ses directeurs à se rapprocher des agriculteurs et des éleveurs, à écouter leurs préoccupations et à travailler en synergie avec les chambres d'agriculture et les conseils interprofessionnels » note El Moudjahid.

De façon indéniable, un nouveau vent souffle sur l'agriculture en Algérie. Pour le ministre, une période d'adaptation sera nécessaire afin de cerner l'ensemble des questions agricoles en s'entourant d'un staff technique compétent.

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