Alors que les températures de 40°C deviennent communes au nord de l'Algérie et que nourrir 45 millions d'habitants devient de plus en plus difficile, les relations avec le partenaire économique français restent incertaines. En cause, l'affaire Sansal. Il est à espérer que la grâce présidentielle permette que cet écrivain sorte de prison et qu'une page soit tournée.
Agriculture, des signes inquiétants
Dans le secteur agricole, certaines productions sont actuellement excédentaires et le ministère de l'agriculture s'attend à une récolte exceptionnelle de céréales. Vues de plus près, ces informations ne sont pas convaincantes.
Les surproductions concernent la culture de la pastèque, or il s'agit d'une culture de rente qui assure une belle marge bénéficiaire aux agriculteurs. Revers de la médaille, elle est gourmande en eau.
La production locale d'oeufs est supérieure aux besoins locaux. En absences de casseries industrielles d'oeufs, la seule mesure prise par les autorités locales pour éviter la faillitte de nombreux élevage est l'exportation. Problème, celle-ci ne s'improvise pas et quels en sont les coûts sachant que l'alimentation des poules est assurée par des aliments importés tels que le maïs et le tourteau de soja.
Certes, le grand sud devrait produire en moyenne 3 millions de quintaux de céréales, mais cela se fait au dépends d'une utilisation effrénée d'énergie et d'eau au Sahara. Entre temps, l'opinion publique se berce d'illusions quant à une possible autosuffisance en blé. Or celle-ci ne concerne que le blé dur et pas le blé tendre qui constitue la matière première du pain consommé en Algérie. Mais surtout, la priorité donnée aux 150 000 hectares irrigués au sud laisse de côté les 7 millions d'hectares de terres céréalières. Or, les exploitants agricoles ont un besoin urgent d'une aide pour adapter le dry-farming aux manifestations du réchauffement climatique.
Le défi actuel est de mobiliser les moyens pour permettre l'infiltration des eaux de pluie et ainsi contribuer à la recharge des nappes d'eau souterraine. Or, les agriculteurs et les nouveaux investisseurs dans le secteur agricole ne sont pas invités à recourir aux technique de "rain water harvesting". Ils restent dans une position attentiste identique à celles des hittistes, ces jeunes sans emploi.
Lors de la dernière fête de l'Aïd, afin de contenter les consommateurs, les pouvoirs publics ont lancé une opération visant à importer un million de moutons.
L'expertise agricole française
Face à ces nombreux défis le secteur agricole français dispose de nombreux atouts pour développer des partenariats avec les agriculteurs algériens.
Depuis plusieurs années, dans le domaine laitier Danone Djurdjura possède l'expérience du travail avec les éleveurs algériens.
Les exemples de coopération avec la France en matière de production de céréales et d'oléagineux sont immenses tant le niveau technique de nombreuses exploitations en Algérie est faible. Des productions déclarées comme stratégiques par les pouvoirs publics. Nous aurons l'occasion d'y revenir .
Une grâce présidentielle indispensable
La place d'un écrivain n'est pas en prison. La situation actuelle mérite d'évoluer dans le bon sens pour des raisons morales et économiques. En France, la campagne médiatique contre l'Algérie atteint des proportions rarement vues. Cette situation ne concerne pas seulement des chaînes telles C News ou Europe 1, mais le paysage audio-visuel français.
Les analyses sur la nature du "régime algérien" sont variées et elles s'accompagne d'une stratégie proche de la déshumanisation semblable à celle qui a visé les Palestiniens ou les Iraniens avant le déclenchement d'actes militaires contre les civils de ces pays.
Dans le cas algérien, nous ne sommes pas là, cependant le processus est lancé. Y participent notamment des nostalgiques de l'Algérie françaises, des aigris du soutien algérien à la cause palestinienne. Il serait intéressant qu'une analyse détaillée soit réalisée à l'image de celles produites par Acrimed.
De son côté l'opinion publique algérienne serait "chauffée à blanc" selon certains analystes. Quant aux pouvoirs publics algériens, ils semblent incapables de faire face à la campagne médiatique qui se déroule en France, notamment dans les cas où s'exprime une volonté évidente de nuire aux relations entre les deux pays. A ce titre, on peut se demander si la diplomatie algérienne avait anticipé les effets résultants de l'incarcération d'un écrivain pour des propos polémiques. Nous laissons aux spécialistes de ces questions le soin d'analyser l'enchainement des faits qui ont conduit à la situation actuelle.
Pour notre part, nous notons le côté grave de la situation actuelle et la façon dont elle semble échapper aux dirigeants des deux pays. Il devient urgent d'y mettre fin et de revenir à une politique de bon voisinage et de partenariats économiques tels que définis par l'Accord d'association qui unit les deux pays dans le cadre de l'UE.