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Billet de blog 16 octobre 2025

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Entre Maroc et Polisario, la guerre de la tomate

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Entre Maroc et Polisario, la guerre de la tomate

Djamel BELAID 16 octobre 2025

Entre Maroc et Polisario, la guerre de la tomate est déclarée. Les hostilités ne prennent pas la forme d'actions armées comme cela a pu être le cas auparavant. Elles se déroulent dans le cadre feutrée des instances de l'Union européenne à Bruxelles.

Début octobre le Front Polisario a condamné le récent projet1 d'accord commercial entre l’Union européenne (UE) et le Maroc. Un projet qui prévoit d'accorder aux fruits et légumes agricoles produits au Sahara occidental les mêmes avantages douaniers dont bénéficient ceux produits au Maroc.

Des droits très avantageux qui vont jusqu'à menacer la production de tomates cerise en France. Ce qui explique que la Confédération paysanne appelle « le Parlement européen à refuser et à agir contre la proposition de la Commission européenne qui veut imposer de manière anti-démocratique ce nouvel accord UE-Maroc, délétère pour les paysan·nes européen·nes, marocain·nes et du Sahara Occidental. »

Dans son communiqué le mouvement indépendantiste sahraoui indique que « En tant que représentant légitime et unique du peuple sahraoui, le Front Polisario rejette catégoriquement cet accord, car il constitue une violation flagrante du droit international et une violation directe des décisions de justice ».

Il est ainsi rappelé que la Cour de justice de l’UE (CJUE) a donné raison au Polisario en 2016 en déclarant que le Sahara occidental est un territoire séparé et distinct du Maroc. Elément décisif, la cour indique que par conséquent le consentement du peuple sahraoui est nécessaire pour tout accord le concernant.

Aussi le Polisario s'insurge contre ce projet et déclare « son intention de recourir à tous les moyens légaux pour garantir le respect des droits souverains du peuple sahraoui ». Il ajoute que « l’illégalité du nouvel accord est évidente et claire ».

Reprenant les termes de la décision du 4 octobre 2024 de la CJUE qui donnait une durée d'une année aux parties concernées, le Polisarion révèle que l’accord « a été négocié en seulement cinq jours, dans le dos du peuple sahraoui » avant l'expiration de ce délai.

Par ailleurs, le communiqué sahraoui fait part du stratagème utilisé dans la mesure où cet accord a été « ratifié à la hâte par une procédure écrite afin de contraindre les États membres à le respecter, tandis que son application provisoire a été utilisée comme moyen de paralyser le Parlement européen et de le mettre devant le fait accompli ».

Replâtrage de l’accord précédent

Et le Polisario d'accuse : « En substance, il a été décidé de modifier la législation de l’Union européenne afin de l’adapter à l’occupation illégale du Sahara occidental par le Royaume du Maroc ». Pour cela, il explique qu’un nouveau concept appelé « région d’origine » a été créé dans le but de remplacer celui de « pays d’origine » avec la seule intention de contourner la loi.

Selon le site Euractiv2, « Bruxelles envisage d’introduire la notion de « région d’origine » sur les étiquettes. Une innovation juridique qui ne figure ni dans le droit commercial européen ni dans les normes internationales. »

Euractiv ajoute : « Il semble que la Commission soit prête à supprimer le code douanier du Sahara occidental et à le remplacer par ce terme vague », déplore une source proche du dossier qui a souhaité garder l’anonymat.

Et de termine par : « En réalité, il s’agit d’un simple replâtrage de l’accord précédent, avec une formulation affaiblie pour satisfaire Rabat » en ajoutant : « Cela ne tiendra pas devant les tribunaux, et la Commission le sait. Elle cherche juste à gagner du temps. »

La guerre de la tomate est déclarée, au Parlement de se positionner.

1Nous utilisons le terme de « projet » dans la mesure où, d'après ce que nous avons compris, le Palrement européen doit donner son accord.

2https://euractiv.fr/news/lue-tente-de-sauver-son-accord-commercial-avec-le-maroc-via-une-clause-controversee-sur-le-sahara-occidental/

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